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Critique : Quartier Lointain
Quartier Lointain est d’abord un manga de Jirō Taniguchi primé notamment au Festival d’Angoulême en 2003 publié en France chez Casterman.
Pour l’adapter au cinéma, le réalisateur belge Sam Garbarski a choisi de transposer l’histoire en France. Elle se déroule donc désormais à Nantua, petite ville de l’Ain se trouvant au bord du lac du même nom. Le héros, Hiroshi dans la BD, hérite donc du prénom de Thomas mais mise à part la transposition, le pitch est rigoureusement le même.
Le film sort en salles mercredi 24 novembre.
Quartier Lointain – Sortie le 24 novembre 2010
Réalisé par Sam Garbarski
Avec Pascal Greggory, Jonathan Zaccaï, Alexandra Maria Lara
Thomas, la cinquantaine, père de famille, arrive par hasard dans la ville de son enfance. Pris d’un malaise, il se réveille quarante ans plus tôt, dans son corps d’adolescent. Projeté dans le passé, il va non seulement revivre son premier amour, mais aussi chercher à comprendre les raisons du mystérieux départ de son père.
Mais peut-on modifier son passé en le revivant ?
« Je ne me doutais pas de l’étrange aventure qui m’attendait… »
Telle est la première réplique de Quartier Lointain, adaptation ciné d’un manga célèbre de Jirô Taniguchi dans lequel un homme qui retourne par hasard dans son village d’enfance va faire face à un phénomène pour le moins étrange : il va s’évanouir pour se réveiller dans le corps de celui qu’il était à 14 ans. Une période fatidique de sa vie puisqu’il se retrouve donc quelques jours avant l’un des drames de sa vie, le jour où son père quitta la famille et disparu sans rien dire.
L’occasion pour lui d’en découvrir plus sur les circonstances de cette histoire et pour essayer de la modifier…
Réalisé par Sam Garbaski (Le Tango des Rashevski, Irina Palm) qui a participé à l’adaptation de l’œuvre originale et soutenu par Jirô Taniguchi, cette production germano/franco/belgo/luxembourgeoise se révèle plutôt discrète pour sa sortie vis-à-vis de la réputation du manga, publié chez nous par Casterman. Et pourtant, il y a là un pitch plutôt intéressant et dans un genre plutôt rare en France, d’autant que ce type d’histoire est souvent relayé à un genre purement comique.
Ce n’est pas du tout le cas ici comme le montre le film dès son introduction dans laquelle on suit Thomas, dans son quotidien qui semble ne pas vraiment l’épanouir et dont ce retour en enfance va lui ouvrir de nouvelles perspectives sur sa vie.
Il est plutôt agréable dès le début du film de constater un soin particulier apporté autant à la reconstitution de l’époque qui s’avère fidèle qu’à la facture technique générale, le long métrage étant assez joli visuellement et offrant une réalisation très honnête.
C’est important de le signaler, car cela contribue fortement à l’atmosphère du film assez enlevée, le réalisateur apportant un regard mélancolique sur la vie de ce personnage et rappelant forcément au spectateur certains passages de sa jeunesse. C’est bien là l’un des points les plus intéressants, c’est que le public participe pleinement avec le héros à la redécouverte de son passé, aux joies de l’école, des après midi entre copains, des premiers sentiments et éternel premier baiser et autres…
Quartier Lointain se révèle assez juste de ce point de vue là sans en faire des tonnes ou tomber dans la guimauve, d’autant que le tout est porté par un charme certain, la bande son composée par le groupe Air terminant de donner à cette bulle une ambiance réconfortante et fort agréable.
Le bât blesse sur l’histoire elle-même, étant donné qu’une bonne partie du long métrage consiste à suivre cette redécouverte de l’enfance, poussée par le seul principe de devoir revivre cette époque sans avoir derrière un véritable enjeu, le recentrement de l’intrigue sur le père arrivant assez tard.
Certains trouveront ça plutôt justifié puisqu’on prend plaisir à replonger à cette époque là mais il faut bien admettre que cette absence d’objectif ou de but pourra dérouter d’autant qu’elle se fait ressentir sur le rythme même du film.
Il faut ajouter à cela que les scénaristes semblent avoir eu quelques soucis sur le personnage principal et sa caractérisation, puisque ce dernier a pour ainsi dire le cul entre deux chaises, celles de son caractère de jadis et celui de l’homme de 50 ans. Etant donné que la conscience du personnage est clairement celle qu’il a aujourd’hui puisque le récit se suit en voix off, que Thomas connaît son histoire, ce qui s’est passé et va par moment altérer les évènements avant qu’ils ne devaient se produire, pourquoi le même personnage a-t-il par moment des réactions et une attitude étant celle d’un jeune homme de 14 ans ?
Sans pouvoir comparer le film et le manga d’aucune manière et donc juger du travail sur papier notamment à ce niveau là, la manière d’agir du personnage à de quoi perturber à plusieurs reprises tant on aura tendance à reprocher des facilités scénaristiques touchant quelque peu à la cohérence du tout, d’autant que le constat de départ est assez clair du ce point là.
Des maladresses qui seront pardonnés par une conclusion intéressante à plus d’un titre et qui se révèle aussi logique qu’intelligente, poussant même le spectateur à se poser quelques questions sur la fin. Il faut cependant dire que le tout manque de force émotionnelle pour être vraiment inoubliable, car l’équipe a décidé de vous faire voyager sur un nuage tout du long au risque de ne pas trop chambouler son public. C’est dommage car le propos aurait pu trouver plus de résonnance.
Ce Quartier Lointain est un travail somme toute honorable, un joli petit film caractérisé par sa douceur et sa nostalgie jamais dégoulinante. Une parenthèse nébuleuse et plutôt agréable donc, qui manque juste de cran tant le tout se révèle quelque peu inoffensif, même si on ne peut que saluer la démarche et l’identité singulière de l’ensemble.
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