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Critique : Play
Et si on commençait l’année 2020 par une chouette petite comédie française ? C’est la promesse de Play, réalisé par Anthony Marciano, avec Max Boublib et Alice Isaaz.
LA CRITIQUE
Après la bonne surprise Les Gamins, Anthony Marciano et Max Boublil se sont chauffés un peu trop vite pour offrir la belle gamelle Robin des Bois, la véritable histoire, rejoignant sans mal les sombres limbes de la comédie populaire débile qu’on fuit de toute part.
Les revoir avec un projet plus personnel fait forcement plaisir à voir, surtout que Play tire facilement son épingle du jeu dans l’hexagone, en proposant de revivre 25 ans de la vie d’un homme, de son adolescente à l’âge adulte, via les cassettes qu’il a filmé.
Du found footage qui rencontre donc la comédie, et plus particulièrement la comédie romantique avec la relation étalée sur le temps et pas évidente que le héros possède avec son amie Emma jouée par Alice Isaaz.
La bonne chose de Play, c’est qu’il verrouille plutôt bien son concept en mettant en scène un garçon qui adore filmer tout ce qui lui arrive, au point que son entourage lui reproche souvent, tout en assumant le montage qu’il a lui-même fait et qu’il revoit avant d’y apporter une conclusion.
Ainsi, Anthony Marciano peut se permettre de la mise en scène dans un dispositif censé être libre, et structure majoritairement son film comme une succession de souvenirs, de petits moments intimes, de blagues d’adolescents et d’anecdotes marrantes, présentées avec spontanéité par de jeunes comédiens attachants, et une sincérité de chaque instant.
Oui, Play est un film nostalgique, qui recrée les années 90 et s’y éclate en reconstituant des dates clés, comme la victoire de la France à la coupe du monde de Foot en 98, ou le passage au nouveau millénaire avec la peur du bug de l’an 2000, sachant pertinemment que ses moments ont étés partagés par les gens issus de cette génération, qui s’y retrouveront non sans mal.
Pour le reste, le scénario recoupe avec là encore des évidences auxquels on s’identifie facilement, comme le passage du permis, les galères avec le sexe opposé, les délires entre amis et j’en passe, tirant d’ailleurs un parallèle plutôt intéressant avec la surabondance d’images aujourd’hui, où tout le monde poste sa vie en stories sur les réseaux sociaux, ce qui permettra sans doute à un public plus jeune de rentrer dans le film même s’ils n’auront pas forcément toutes les références culturelles.
Bref, Marciano et Boublil fantasment leur adolescence l’espace d’une heure, et retranscrivent fidèlement une certaine candeur et l’époque qui l’entourait, à grands coups de tubes musicaux et de clins d’œil bien sentis. Le film s’embourbe malheureusement dans son 3ème acte, où l’on doit déjà gober que Max Boublil a 24 ans, ce qui n’est pas facile pour un type qui commence à bien faire ses 40 !
Surtout, le bougre n’a jamais été un grand acteur, ce qui n’aide pas les détours narratifs inhérents à la comédie romantique, posés en évidence. Le film arrive alors sur des rails visibles qui font perdre de l’énergie à l’ensemble, et pas mal de fluidité dans l’évolution des relations entre les personnages, d’autant que le charme de la reconstitution s’estompe évidemment au fur et à mesure, même si Marciano n’oublie pas l’évolution du format vidéo pour garder une crédibilité d’ensemble.
Malgré ses pépins en fin de parcours, cela n’empêche pas Play de posséder un véritable capital sympathie et d’être une friandise mélancolique sans être morose, pour mieux revivre la folie douce des jeunes années. Si vous avez été gamin ou ado à l’aube du 21ème siècle, il y a fort à parier que ça vous rappellera des souvenirs plutôt agréables.
Play, d’Anthony Marciano – Sortie le 1er janvier 2020