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Critique : Or Noir
4 ans après son conte fantastique Sa Majesté Minor, Jean-Jacques Annaud, réalisateur de grands films comme Le Nom de la Rose ou l’Ours, revient avec une grande fresque : Or Noir.
Pour filmer la rivalité de deux princes dans le désert arabe pendant les années 30, le réalisateur de La Guerre du Feu a fait appel à un beau casting international : Tahar Rahim et deux acteurs habitués des rôles d’arabes alors qu’ils ne le sont pas, Mark Strong (Mensonges d’Etat) et Antonio Banderas (Le 13e Guerrier).
Et il est inévitable de comparer le film à Lawrence d’Arabie. Est-ce mérité ?
Or Noir – Sortie le 23 novembre
Réalisé par Jean-Jacques Annaud
Avec Tahar Rahim, Mark Strong, Antonio Banderas
Cette grande fresque épique située dans les années 30 au moment de la découverte du pétrole, raconte la rivalité entre deux émirs d’Arabie et l’ascension d’un jeune Prince dynamique qui va unir les tribus du royaume du désert.
Or noir est un titre évocateur. On pense bien sûr à l’OPEP, au Moyen Orient moderne (et à Tintin). Et ce faisant, le film d’Annaud marque d’emblée sa différence avec le roman d’Hans Ruesch écrit en 1957 qui lui a servi de base. Car le livre en question, aux titres multiples, ne fait jamais directement référence au pétrole. Intitulé consécutivement South of the Heart: A Novel of Modern Arabia / The Great Thirst / The Arab et dans sa traduction française La soif noire (et son sous-titre des plus romantiques : Mille et une nuits d’amour et de combats dans une Arabie déchirée), le roman n’insiste pas tant sur le pétrole que sur la soif qu’il suscite. En réalité, ce qui n’était qu’un McGuffin dans la version papier devient un élément bien plus central dans le film, sans doute dans un souci de modernisation et de coller au plus près à une actualité porteuse.
Reprenant grosso modo la trame originelle (un jeune prince oisif déchiré entre son père naturel et son père adoptif qui finit par prendre les armes et se forger le destin d’un grand chef), Annaud propose une relecture plus lissée qui semblait inévitable. Passent ainsi à la trappe les passages les plus sulfureux et ambivalents (les viols ont disparu) de même que le style ampoulé du héros/narrateur Auda et l’omniprésence de l’Islam. Les motivations du jeune prince sont plus consensuelles, là où son alter ego de papier se battait pour l’honneur à un point qui confinait l’absurde (ce qui ajoutait beaucoup au romantisme suranné de ce roman résolument orientaliste).

La fin suit donc ce chemin consensuel et c’est peut-être la seule réelle pointe de déception notable dans l’entreprise filmique d’Annaud. Trop facile, trop simpliste, elle ne convainc pas vraiment.
Que reste-t-il alors de cette transposition à l’écran ? Une bien belle aventure, traversée de moments exaltants, comme cet affrontement entre bédouins et automitrailleuses dans les dunes. Quel plaisir de voir des scènes d’action à l’échelle épique filmées correctement. Les comparaisons avec Lawrence d’Arabie vont pleuvoir, et bien que les deux films soient différents, on retrouve de l’ADN du film de David Lean dans celui d’Annaud. Ainsi, certaines charges de cavalerie sèment le doute : y a-t-il eu recours ou non au numérique pour ajouter quelques cavaliers ? Tout semble authentique (à part évidemment les plans éloignés de la ville d’Hubeika), tourné « à l’ancienne », comme lors de la mythique charge vers Aquaba. Ce qui s’avère finalement dépaysant pour un film d’aventure actuel, même si on entend déjà arriver les réacs rappliquer avec leurs gros sabots et leur discours anti-numérique.

Polémiques mises à part (car nul doute qu’on va également subir les lourdingues couplets sur le fait que le héros soit arabe et que le film parle de guerre de territoire autour du pétrole) difficile de bouder son plaisir devant ce spectacle qui n’oublie jamais de raconter cette histoire universelle d’un jeune homme qui affronte la figure paternelle. Tahar Rahim est absolument parfait en jeune intellectuel qui se transforme progressivement en redoutable chef de guerre et c’est un plaisir que de suivre son parcours. Mark Strong, qui a peu de présence à l’écran, semble véritablement habité par son rôle tandis qu’hélas, Banderas est un peu à côté de la plaque pour ce qui est de jouer le sultan d’Hubeika. Un point bien mineur car le reste du casting assure et rien ne vient gâcher ses 117 minutes d’aventures dans le désert. Annaud s’offre donc un retour en fanfare avec un film qui vaut largement le coup d’œil.
2 Comments
par Freida Pinto qui ne sert à rien
Waouh ! Malgré quelques lenteurs à se mettre en place, Black Gold s’illustre comme une épopée bien épique (pour éviter d’être redondant)… Il s’illustre surtout par sa qualité de soulever plusieurs thèmes en même temps (relation père-enfants, interprétation du Coran, rôle de la femme, le soucis d’exploiter ou non les richesses naturelles d’un pays…) tout en suivant le voyage initiatique du jeune Auda, jeté dans les querelles de famille comme un poil de chameau dans la soupe ! Les quelques lenteurs et autres petites maladresses du scénario vus dans la première heure sont rattrapés par les personnages secondaires de la deuxième partie (le demi-frère surprise, le prisonnier mastos, ou la belle esclave…), mais surtout par cette chevauchée magistrale à travers les champs de pétrole… Une belle histoire pour les amateurs de paysages désertiques, et de parcours initiatique…
par Arnold38Cinema
Un bon petit film d’aventure à aller voir sans se prendre la tête pour passé un bon moment, pas un grand film mais très divertissant avec quelques scènes épique et des acteurs comme Mark Strong et Antonio Banderas très en forme
Mon avis : http://www.youtube.com/watch?v=IXusiClK4j4