Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Nebraska

Le film de la semaine ne contient ni super héros ni robot géants.

Le film de la semaine est en noir&blanc et est porté par Bruce Dern, un comédien de 77 ans. Mis en scène par Alexander Payne, dont vous aviez probablement vu le sympathique The Descendants, le film est une plongée dans une certaine américaine.
Présenté à Cannes, et déjà évoqué lors du passage de Jean-Victor sur la Croisette, il a remporté le prix d’interprétation masculine.

Bienvenue dans le Nebraska.

 

Depuis Citizen Ruth sorti en 1996, Alexander Payne continue son petit bonhomme de chemin, le menant tranquillement vers les sommets. Récompensé d’un Oscar pour The Descendants dans lequel il nous a fait découvrir Shailene Woodley, il est désormais un candidat potentiel à l’Oscar du meilleur film, tout simplement, avec Nebraska.

Nebraska, c’est l’histoire d’un vieil homme qui reçoit un genre de prospectus lui disant qu’il a gagné le gros lot, un million à aller retirer à l’autre bout du pays. Il ne lit pas les petites lignes qui expliquent qu’en réalité c’est un tirage au sort. Un peu comme ces spams qu’on reçoit et qui nous promettent monts et meveilles alors qu’il n’y a rien derrière. Il décide donc de partir de chez lui, à pieds, pour aller chercher la somme d’argent.
Son fils l’apprenant, il décide d’emmener son vieux père à destination non sans avoir fait un crochet par sa ville natale, histoire de revoir la famille et de vieux amis. Après tout, pourquoi pas puisque c’est sur le chemin.

Tourné en noir et blanc, en long plans fixes à la limite du contemplatif, Nebraska n’a pourtant rien d’un drame. Certes, il évoque des sujets pas forcément évident mais il le fait toujours avec humour et dérision à travers des personnages parfois très américains mais surtout très drôles. Bruce Dern est absolument épatant dans le rôle du vieux père un peu sénile mais attentionné et on espère sincèrement que June Squibb, qui incarne une mère vulgaire et sans limite, soit récompensée de l’Oscar auquel elle pourrait bien avoir droit. Tous les comédiens sont confondants de naturel et très très vite attachants.

Evidemment, se cachent de nombreux thèmes dans cette comédie, qu’Alexander Payne choisit d’évoquer avec beaucoup de pudeur. Nebraska, c’est avant tout une histoire de gens. Ceux d’une petite ville de l’Amérique profonde marquée par la crise, désertée par la population jeune partie plus loin trouver du travail et où il n’y a de fait pas grand chose d’autre à faire que de s’installer sous les porches pour regarder passer les voitures.
C’est aussi une histoire de famille, celle du personnage de Bruce Dern et de son fils incarné par Will Forte en particulier, quand ceux-ci sentent que la fin est proche et que l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter, une dernière fois, à l’image de la très belle dernière scène du film. La mort n’est pas loin et Woody a bien du mal à évoquer ses sentiments après toutes ses années alors il se lance dans l’action.

Cette Amérique profonde n’est pas sans rappeler celle décrite par les grands chanteurs fols de Woodie Guthrie à Pete Seeger en passant par Bruce Springsteen (qui a d’ailleurs signé un album portant par hasard le même titre). Difficile de ne pas penser à leurs textes (« This Land is Your Land », « My Father House ») au vue de ces images.
Et la mise en scène en noir et blanc, assez dépouillée de technologies, permet d’en faire une histoire qui est intemporelle.

Au milieu de tout un tas de drames indés estampillés Sundance et ayant tendance à tous se ressembler, Nebraska se démarque par son caractère universel et son humour omniprésent. Un très beau film méritant largement toutes les éloges qui lui sont faites.

 

Nebraska – Sortie le 2 avril 2014
Réalisé par Alexander Payne
Avec Bruce Dern, Will Forte, June Squibb
Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu’il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville perdue du Nebraska qui s’avère être le lieu où le père a grandi. C’est ici que tout dérape. Rassurez-vous, c’est une comédie !

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire