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Critique : Mystère à Venise

Kenneth Branagh persiste et signe. Après avoir enquêté en Egypte, Hercule Poirot revient pour une (dernière ?) aventure, changeant une nouvelle fois de décor. Avec cette fois une différence radicale par rapport aux écrits d’Agatha Christie. En effet, Mystère à Venise est l’adaptation d’une petite histoire appelée mignonnement en français « La Fête du Potiron » se déroulant pour sa version de papier dans un manoir de la campagne anglaise. On n’a donc aucun mal à imaginer qu’après le luxe de l’Orient Express et les décors somptueux (et numériques) de l’Egypte, la production n’a pas voulu se contenter du Sussex ou du verdoyant Kent. Venise donc. Pour un résultat peut-être un peu plus intéressant encore que les précédents.

C’est non loin du fameux Grand Canal que le célèbre détective belge coule une retraite paisible, cultivant son jardin plutôt que les enquêtes réussies. Il se fait néanmoins sortir de ses activités botaniques par Ariadne Oliver (merveilleuse Tina Fey), bien connue des lecteurs de Christine et autrice reconnue pour l’aider dans une histoire qui frôle le mystique.
Dans un palazzi vénitien, Hercule Poirot assiste à une séance de mysticisme censé faire parler la défunte fille de la propriétaire. S’il déjoue rapidement la supercherie, il va se retrouver assailli de doutes et devra retrouver son goût pour les enquêtes suite au meurtre de la diseuse de bonne aventure.

Bien que très éloigné du roman d’origine, le reste est du Christie pur jus, un whodunit aussi solide que classique. Comme dans Mort sur le Nil, l’histoire prend le temps de se mettre en place et l’enquête de Poirot ne démarre qu’à la moitié du long métrage. Toute la première partie tourne autour de la séance de spiritisme, ce qui permet néanmoins au Belge de résoudre un premier mystère en guise de mise en bouche. C’est sympathique mais le rythme est un peu bancal, avec une impression de survoler certains personnages.

Heureusement, Branagh mise beaucoup sur sa mise en scène, soignant d’ingénieux mouvements de caméras et lorgnant vers le thriller fantastique, voir le film d’horreur dont il en reprend les codes, notamment via quelques (efficacesà jumpscares. Le tout est tourné dans un véritable décor conçu en dur et certaines séquences ont vraiment été filmées en Italie, exit donc les fonds verts.
Lui-même dans le rôle principal est encore plus raisonnable dans son interprétation qu’auparavant comme s’il comprenait de film en film les défauts de ces précédentes réalisations.

Ici, nous sommes partis du principe qu’il ne peut pas y avoir de fantastique dans une aventure d’Hercule Poirot, que le héros va forcément trouver une explication rationnelle à tout cela. Pourtant, au fur et à mesure du récit et malgré nos certitudes, Branagh installe le doute dans notre esprit. L’histoire étant différente du roman, et s’il osait ? On en dira pas d’avantage mais il y a quelque chose d’efficace dans cette envie d’orienter le récit vers un genre légèrement différent.

Le résultat est peut-être le meilleur volet de la trilogie. Grâce à son intrigue resserrée, Mystère à Venise partage des défauts avec Mort sur le Nil mais ceux-ci paraissent estompés, comme si chacun avait bien compris et corrigeait ses erreurs. C’est d’autant mieux pour les amateurs du genre qui se feront prendre au jeu jusqu’à une superbe, une nouvelle fois, résolution finale. L’efficacité belge.

Mystère à Venise, de Kenneth Branagh – Sortie en salles le 13 septembre 2023

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