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Critique : Mort sur le Nil

En 2017, la 20th Century Fox confiait à Kenneth Branagh la lourde tâche d’adapter une nouvelle fois les aventures d’Hercule Poirot, à travers le prisme des blockbusters récents. Il en résultait un film bancal, voir raté sur certains aspects, dans lequel le célèbre détective belge passait plus pour un bouffon que pour le héros sorti des pages d’Agatha Christie. Cinq ans plus tard, un rachat par Disney et une pandémie plus tard, Poirot revient pour enquêter sur le Nil. Pour un film une nouvelle fois imparfait.

A la fin de « l’Orient Express », Poirot partait en urgence pour l’Egypte, teasant la suite. Ce teaser, vous pouvez l’oublier. Le film s’ouvre sur un flashback se déroulant en Belgique pendant la Bataille de l’Yser pour mieux ensuite présenter les personnages bien avant leur départ pour l’Afrique. On va donc suivre une riche héritière (Gal Gadot) qui épouse le fiancé de sa meilleure amie et décide d’aller fêter cela en Egypte. Elle va, naturellement, se faire assassiner en pleine croisière et la meilleure amie devenue harceleuse est sans doute le coupable idéal. Sauf qu’elle a un alibi en béton, quand les autres passagers ont tous des raisons d’en vouloir à la victime.

Beaucoup trop long dans son introduction, Mort sur le Nil se veut néanmoins plus « Agatha Christien » que ne l’était son prédécesseur. Branagh a largement calmé son jeu pour se contenter de jouer ce que l’autrice avait prévu : un immense détective aussi doué que vaniteux. Certes, l’accent faussement francophone est toujours aussi raté (et il le perd lors de longs monologues) mais le personnage est plus réussi. Les autres personnages sont étonnamment gérés, comme s’il était compliqué de jongler avec un tel casting. Russell Brand ou Rose Leslie ne servent à pas grand chose tant que l’intrigue n’a pas besoin d’aide. Et puis, les choix de casting sont étonnamment. Pourquoi avoir confié à Leslie un rôle francophone quand Emma Mackey, qui parle parfaitement les deux langues, n’a à s’exprimer que dans la langue de Shakespeare ? Antivax convaincue, Letitia Wright voit son rôle réduit, ce qui est moins facile avec Armie Hammer puisqu’il est un des personnages principaux.

Visuellement, la mise en scène de Branagh est réussie. Ses mouvements de caméra à travers le bateau, dont la géographie est parfaitement maitrisée, fonctionnent bien et les jolis plans naturels de l’Egypte font le boulot. Dommage néanmoins que des CGI viennent gâcher le tableau, notamment en cherchant à forcer les couleurs.

Il en ressort un film bizarrement rythmé, prenant trop de temps pour poser ses personnages (le -pourtant chouette- numéro de danse en introduction était-il nécessaire ?), comme si le réalisateur cherche absolument à dynamiser Agatha Christie. Mais l’autrice anglo-saxonne a écrit des bouquins plan-plan et la production a bien du mal à l’assumer (alors que Mort sur le Nil version papier, c’est du plan-plan cool, de l’enquête à l’anglaise bien tranquille). Le résultat est donc bancal mais sauvé par ses 45 dernières minutes qui sont du pur Poirot comme on n’espérait plus en voir.

Mort sur le Nil est un divertissement honorable mais il a suffisamment de défauts pour qu’on s’interroge sur son maintien en salles, et ses nombreux reports à cause de la pandémie de Covid. Pourquoi ne pas l’avoir sorti sur Disney+ où il aurait tout à fait sa place quand les Pixar y sont relégués sans aucune raison ? A défaut d’avoir la réponse, vous aurez la possibilité de voir la moustache d’Hercule Poirot (et son origine !) sur le plus grand écran possible.

Mort sur le Nil, de Kenneth Branagh – Sortie en salles le 9 février 2022

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