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Critique : Moi, Daniel Blake
Ken Loach fait partie de ses cinéastes considérés comme des habitués du Festival de Cannes. 18 de ces films ont été présentés soit en compétition officielle soit dans des sélections parallèles. Outre la Palme pour Le Vent se Lève, il est également reparti avec deux Prix du Jury.
Il était naturel qu’il soit encore cette année sur la Croisette pour proposer son Moi, Daniel Blake.
LA CRITIQUE
Après sa Palme d’or méritée pour Le Vent se lève il y a déjà une décennie, Ken Loach revient en sélection officielle cette année avec son Moi, Daniel, qui a déjà ému une bonne partie de la Croisette. Après cinq apparitions consécutives infructueuses en compétition, le cinéaste britannique poursuit son cinéma avec cette petite histoire du grand drame social de notre époque, celle d’un vieil homme mis en incapacité de travailler par son médecin et devant se battre pour toucher les indemnités qui lui sont dues.
Chômage, vieillesse, pauvreté, dépression, misère… Des mots qui reviennent en boucle dans la filmographie de Ken Loach et qui reviennent encore, inlassablement. Malgré cette répétition intempestive, de ces thématiques qu’il a revu en long en large et en travers, le cinéaste parvient à chaque fois à attirer notre attention sur ces héros du quotidien.
Dave Johns incarne donc le personnage éponyme. Vieux voisin un peu ronchon sur les bord, mais sans mauvais fond et toujours le cœur sur la main, prêt à aider son prochain. Désormais sans emploi, depuis un accident sur un chantier où il était charpentier, Daniel Blake doit obtenir les certifications requises pour recevoir l’aide financière qui compensera un minimum la perte de son travail. Le long-métrage de Ken Loach va alors se concentrer sur ce chemin de croix que beaucoup sont forcés d’emprunter de nos jours. Ayant encore l’esprit vif malgré son âge avancé, Daniel Blake se confronte à la nouvelle bureaucratie qui se met en place actuellement.
S’il ne dénonce pas directement la situation misérable de bon nombre de ses concitoyens, Loach s’attaque au délitement du système social, rongé par la privatisation. Les services que l’État est censé procuré aux britanniques est remplacé par des organismes sous-traitants et marchands (liés à des corporations américaines), dont la communication régie par des règlements et des protocoles absurdes donnent lieu automatiquement à des dialogues de sourds. L’exemple d’Internet comme le mal le plus significatif de cette destruction généralisée des relations humaines, le cinéaste y saute à pieds joints. Loach manque de subtilité en poussant son héros dans la dépression à l’usage d’une souris qu’il pose sur l’écran. La démocratisation d’Internet ayant eu lieu il y a maintenant vingt ans.
Veuf au chômage, mère célibatante obligée d’aller à la soupe populaire, jeunes qui font leur petit trafic illégal pour arrondir leur fin de mois, tout y passe. les modèles sont éculés mais les bons protagonistes de Moi, Daniel Blake les rendent moins mécaniques et fonctionnels. Étrangement, il faudra attendre le dernier acte pour une tentative de révolution de leur part contre cette administration autiste. Chacun subit, à sa façon, sa situation que cette dernière leur impose. Situations révoltantes, forcément, mais le combat que chacun mène, les décisions que chacun prend, se feront dans le sens du système et non pas en s’opposant à lui, jusqu’à un final que l’on voit arriver au tournant.
À croire que Ken Loach a déjà baissé les bras, mais on ne pourra se défaire de cette sensation désagréable de déjà vu chez le cinéaste britannique qui a fini par rendre indifférent au néanmoins pertinent Moi, Daniel Blake.
Moi Daniel Blake, de Ken Loach – En salles prochainement
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