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Critique : MI-5 Infiltration
La série télé MI5 (ou « Spooks » en Angleterre) a été diffusée de 2002 à 2011 sur la BBC puis exportée sur différentes chaines en France, de Canal+ à France2 en passant par Paris Première. 86 épisodes repartis en dix saisons dans lesquelles sont apparus Richard Armitage, David Oyelowo ou Matthew Macfadyen ont fait les bonnes heures de la télévision anglaise.
La série télé est désormais déclinée en un long-métrage qui arrive chez nous directement en vidéo à la demande le 18 septembre prochain, parce que sans doute trop peu connue pour avoir les honneurs du grand écran.
LA CRITIQUE
Après le choc qu’ont été les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis s’étaient réfugiés dans les bras d’un certain Jack Bauer, dont l’activité au service de la fictive cellule anti-terroriste avait fait les beaux jours de la Fox et les mauvais des ennemis de l’Amérique en tout genre. De leur côté, dans un registre plus subtil qui leur est propre, les britanniques, qui n’avaient pas encore été attaqués de la sorte sur leur sol, avaient laissé au MI-5 le soin de les protéger à travers une série qui comptera dix saisons sur la BBC. Une longévité qui s’explique par l’intelligence de son écriture et la qualité de celle de leurs personnages. La série MI-5 (Spooks en version originale) se présentait presque comme l’antithèse de 24 Heures Chrono. Arrêtée depuis l’automne 2011, elle renaît quatre ans plus tard sous la forme d’un long-métrage (qui ne sort pourtant chez nous qu’en e-cinema).
Qu’en est-il alors des liens entre ce film et la série d’origine ? Si Kit “Jon Snow” Harrington occupe toute l’affiche, son personnage est tout neuf et n’existait pas dans la série. Il remplace Peter Firth qui tenait le rôle majeur dans la série en tant qu’héros de MI-5 : Infiltration ou Spooks : The Greater Good, ancien agent de terrain qui reprend officieusement du service pour débusquer un traitre dans l’institution de contre-espionnage. En changeant de medium, David Wolstencroft, créateur de la série, a compris qu’un simple prolongement de son programme ne serait pas suffisant et propose à son public des choses nouvelles, permettant également de drainer un autre profane. Cela dit, c’est un peu feignant de sa part d’aller chercher Kit Harrington, actuellement au sommet de sa ridicule carrière, afin d’en faire un personnage plus héroïque encore que les protagonistes initiaux pour cette nouvelle aventure. De plus, un passé fictif les relie, constitué entre la fin de la série et le début du film.
Le film s’ouvre sur une scène qui ne paie pas de mine, démarrant sur les chapeaux de roue avec une scène d’évasion en plein Londres. Consciente de son budget restreint, la production de MI-5 : Infiltration n’essaie pas de faire dans l’esbroufe et la surenchère et se contente de ce qu’elle sait faire le mieux. On opte pour le raisonnable en évitant la fusillade gratuite et spectaculaire au milieu de la circulation dense et on laisse la tension monter d’elle-même. Le long-métrage s’est attaché les services de Sam Vincent et Jonathan Brackley, coscénaristes de quelques-uns des derniers épisodes télévisés. Même si sa non connaissance du matériau original est avéré, le public pourra se créer facilement de l’empathie envers les personnages cultes de la série. Peter Firth donc, mais aussi Tim McInnerny, Lara Pulver, Hugh Simon et Geoffrey Streatfeild retrouvent leurs rôles respectifs, associés à de nouveaux venus à l’instar de Jennifer Ehle. MI-5 : Infiltration peut aussi bien s’apprécier en tant que nouvel épisode prestige de la série que comme un énième film d’espions.
Et c’est cependant là que le bas blesse. Le film n’arrive jamais a abandonner les codes télévisuels pour ceux du grand écran. Cela s’en ressent surtout dans les choix de cadres, champ-contre-champs erratiques découpés dans un montage multicaméra inutile et bordélique. La mise en scène orchestrée par Bharat Nalluri est assez catastrophique de ce point de vue en particulier. Sans doute est-ce du fait son passé de réalisateur pour la télévision pour des séries comme Life on Mars, Emily Owens et éventuellement MI-5. Son travail pas à la cheville de la concurrence, et celui du talentueux Paul Greengrass vient inévitablement nous hanter lorsque son film se risque à s’égarer sur la Berlin Alexanderplatz, décor d’une scène majeure de La Mort dans la peau. Jusqu’à la dernière seconde, le spectre de la série colle au film alors que ce dernier aurait dut s’en émanciper totalement. Malgré tout, la photographie classique peut néanmoins se targuer d’accumuler parmi les plus beaux plans aériens de la capitale britannique jamais filmés. Il serait malhonnête de comparer ce petit long-métrage aux rouleaux compresseurs de cette année que sont Mission: Impossible – Rogue Nation ou le prochain James Bond dans le même genre.
Royaume-Uni, États-Unis, Russie, Allemagne… Le modeste MI-5 : Infiltration a des airs de Guerre froide pas déplaisants, mais pèche dans sa rigueur pour porter sur le grand écran un scénario étonnamment efficace et abandonner ses vieux réflexes télévisuels liés à la série d’origine.
MI-5 Infiltration – Sortie le 18 septembre en VOD
Réalisé par Bharat Nalluri
Avec Peter Firth, Kit Harington, Jennifer Ehle
Quand le dangereux terroriste Adem Qasim échappe à la garde des services secrets du MI-5 lors d’un banal transfert, le célèbre agent Harry Pearce, à la tête de l’unité antiterroriste, est accusé. Un scandale jamais vu dans l’histoire du MI-5. Alors que la suspicion grandit et que l’on recherche d’éventuelles complicités au plus haut sommet du pouvoir, l’espion déchu Will Holloway est la seule personne à pouvoir reconstituer le puzzle. La traque commence…