426Vues 2commentaires
Critique : Martha Marcy May Marlene
Pour son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste, Sean Durkin a choisi d’évoquer les sectes, ou pour être plus précis, une victime de secte qui se remet doucement ce qu’elle a vécu.
Qui tente de s’en remettre.
Il y met en scène des acteurs connus comme Hugh Dancy (Oh my God) ou encore John Hawkes, vu dans Winter’s Bone l’année dernière. Martha Marcy May Marlene sort le 29 février prochain sous la bannière de Fox Searchlight.
Et ça pourrait bien être un des meilleurs films de ce début d’année.

Martha Marcy May Marlene – Sortie le 29 février 2012
Réalisé par Sean Durkin
Avec Elizabeth Olsen, Christopher Abbott, Brady Corbet
Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale. Elle cherche de l’aide auprès de sa sœur aînée, Lucy, et de son beau-frère avec qui elle n’avait plus de contacts, mais elle est incapable de leur avouer la vérité sur sa longue disparition. Martha est persuadée que son ancienne secte la pourchasse toujours. Les souvenirs qui la hantent se transforment alors en effrayante paranoïa et la frontière entre réalité et illusion se brouille peu à peu…
A la fin des années 90, la toute jeune Elizabeth Olsen (alors créditée sous le nom de Lizzie) faisait des apparitions dans les téléfilms idiots de ses deux soeurs jumelles. Si elles ont disparu des écrans pour ne plus apparaitre que dans les tabloïds, la benjamine, elle, a fait doucement son chemin.
Elle a tourné le remake de la Casa Muda (The Silent House) qui sortira en main prochain puis a enchainé avec le fameux Martha Marcy May Marlene dont je vais vous parler et qui sera donc son tout premier long-métrage.
Si je commence par évoquer cette jeune fille, ses grands yeux clairs et sa fraicheur naturelle, c’est bien parce qu’elle porte l’intégralité du film sur ses épaules et qu’elle le fait avec un talent tout juste incroyable pour une « débutante ». En 2011, l’actualité des sorties cinéma nous on fait parler d’acteurs masculins (Ryan Gosling ou Michael Fassbender), il est fort probable que 2012 soit féminin.
Actrice bluffante donc, dont tout le film tourne autour de son personnage à quatre prénoms, si bien que les autres ne semblent que secondaires…

Martha est une jeune fille sans parents qu’on découvre s’enfuyant de … quelque chose : une secte, une communauté, le début du film n’est pas très clair puisque l’intérêt principal, c’est qu’elle en parte. Elle va rapidement trouver refuge chez sa soeur, chaleur et réconfort. Celle-ci, mariée, habitant une belle maison au bord d’un lac va lui offrir le foyer dont elle a besoin sans poser de questions, juste pour qu’elle se repose et se remette de ses émotions. Au fur et à mesure qu’elle s’installe dans le confort de cette famille, des souvenirs de ce qui s’est passé vont lui revenir en mémoire, chronologiquement.
Ses images, le spectateur va les voir mêlées à la réalité. Grâce à la magie du montage et des transitions, on va découvrir petit à petit que Martha vit le présent comme elle vivait le passé et que les choses sont très confuses dans sa tête. Le réalisateur a veillé à filmer des plans identiques en flashback et dans la réalité, rendant le passage d’une période à l’autre complétement fluide (ça surprend juste la première fois), permettant au spectateur de plonger dans l’histoire mais aussi de se rendre compte que c’est bien dans la tête de Martha qu’il se trouve et que c’est de son point de vue que tout est raconté.

C’est d’abord avec douceur que Sean Durkin va nous plonger dans son histoire. Après avoir filmé très logiquement la fuite à la caméra portée, il veillera à offrir des plans fixes, un peu décalés, très rapprochés de la belle lumière naturelle et une ambiance relax à base de maisons à la campagne, de lacs et de baignades.
Et petit à petit, le trouble va s’installer.
Le trouble de Martha d’abord, parce que ses pensées et ses souvenirs vont être de plus en plus envahissants et celui du spectateur qui va commencer à s’interroger sur la véracité des propos, au fur et à mesure que le personnage s’enfonce dans la parano et les troubles comportementaux. Et tout cela, alors qu’on découvre en même temps la secte dans laquelle Marcy May -telle qu’elle est appelée là-bas- a vécu et ce qu’elle a dû y endurer.
Troublé, le spectateur l’est tout autant que Marcy May surtout quand arrive la fin très abrupte du film. Et il sort de la salle en se posant tout un tas de questions, de vraies questions que suscitent un bon film. Et si ? Et si tout ça s’était passé différemment ? Et si Martha n’en avait pas rêvé ? Et si Marlene… ? Et si… Ce sera à vous de trouver des réponses lors de la sortie en salles.
Mais notez bien, et surlignez plusieurs fois la date du 29 février prochain dans votre agenda. Vous pourrez découvrir un film passionnant, un personnage attachant et une brillante actrice.
2 Comments
par Deadwing
Tout à fait d’accord avec toi. A noter aussi que la musique est très très peu présente, mais extrêmement bien choisie. L’addition de cette musique et du jeu très juste des comédiens fait qu’on se sent parfois autant oppressé que Marcy May.
Tout le reste est fort bien dit au dessus !