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Critique : Margin Call
Parmi tous les films sortant ce mercredi, il en manquait un : Margin Call.
Le premier film de J.C Chandor s’offre un casting monstrueux : Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zach Quinto, Simon Baker (The Mentalist), Demi Moore, Mary McDonnell (Battlestar Galactica) et plonge dans l’univers de la finance en pleine période de crise.
Et si la critique manquait, le film lui est à ne pas rater…
Margin Call – Sortie le 2 mai 2012
Réalisé par J. C. Chandor
Avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons
Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…
En pleine période des présidentielles, difficile de ne pas entendre parler de bilan économique et d’en retourner à la crise financière majeure qui a fait des ravages depuis 2008 en ébranlant les marchés du monde entier et dévoilant les failles de Wall Street. De l’encre a coulé sous les ponts depuis et même si les subprimes et autres termes en tout genre ont fait le bonheur de l’information, on est en droit de se demander comment a-t-on pu en finir là et ne pas voir le mur dans lequel les banques fonçaient ? Avec Margin Call, le jeune J.C Chandor décide de vous plonger en immersion dans les 24 heures qui auront vu la crise exploser, aux côtés de ceux qui ont assistés impuissants à la chute de leur empire : les banquiers.

Inutile de s’insurger en lisant le mot diabolique représentant un être peu apprécié pour beaucoup et qui, à sa manière, représente une certaine limite aux envies et libertés de chacun. Un vrai boulot de chien pourrait-on dire, mais qui s’avère ici élevé à un statut tout autre puisque le film prend place dans les hautes stratosphères d’une banque américaine. On suit le parcours d’un jeune analyste qui, suite au dernier conseil de l’un de ses chefs gracieusement remercié lors d’une vague express de licenciements, va se retrouver face à une estimation parfaitement viable et réaliser le cataclysme financier se trouvant aux portes du monde. Lâchant immédiatement l’info auprès de l’un de ses supérieurs, celle-ci va alors remonter toute la hiérarchie et sortir les plus hauts placés de leur torpeur, essayant tant bien que mal de trouver comment encaisser la situation et sauver leur peau alors même que tout va se jouer en une journée pour eux.
Là où le film étonne réellement dès le début et s’avère ludique, c’est dans la peinture qu’il fait des pontes de Wall Street et de leur univers. Bien loin des immenses salles dont tous les murs sont couverts d’écrans devant lesquels des milliers de téléphones sonnent, Margin Call casse le fantasme qu’on a du monde boursier et des traders pour se transformer en sorte de huit clos glacial.
Car avant même d’être des monstres carnivores bien décidés à foutre le monde en l’air, les responsables de cette crise sont avant tout des hommes.
Et quels hommes. Avec son casting 4 étoiles dans lequel se croisent Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons ou encore Zachary Quinto, le premier film de J.C Chandor a fière allure. Il sait surtout que pour donner l’humanité nécessaire à ses personnages, il fallait de bons interprètes, capables de refléter le sentiment d’alerte de ses personnages, et leur détresse contenue dans un environnement qui n’accepte aucun affaiblissement alors même que ses habitants sont tous terrorisés par les évènements. Avec son ambiance glaciale, Margin Call parvient à rendre perceptible l’importance du moment et surtout à la rendre crédible. Tout est question de survie, de sauver sa peau malheureusement avant celle des autres tout en étant sûr que les décisions à venir ne vont pas trop empiéter sur la conscience et en essayant de ne pas trop penser à ce qu’il adviendra par la suite. La fatalité de l’instant est palpable, et c’est grâce à l’intelligence d’un script capable de garder l’intrigue à la portée de tous sans pour autant s’avérer réducteur. Un peu à la manière d’un Vol 93, on connait la fin et on est malgré tout happés par le déroulement des choses, notre curiosité demandant autant à voir les coulisses de la crise que le destin d’une poignée d’êtres humains dont les actes ont eu des conséquences aussi démentes. La démarche a aussi des allures de crise pour les nuls, et on est en droit d’en questionner la pertinence quand on sait que nous avons là à faire à une fiction inspirée de la réalité mais n’en reprenant pas exactement les acteurs et institutions. Il en naît une distance étrange, qui altère notre croyance dans le film et essai de rapprocher les faits de la réalité, notamment de la banque Lehman Brothers dont les similitudes sont évidentes. Peut être que sur une histoire aussi récent et véritable, la fiction trouve ici ses limites a trop vouloir en dire sur le monde d’aujourd’hui, mais la démonstration n’en reste pas moins efficace et bien faite.

Si on a du mal à se faire à l’anonymat général des personnages et de leur société dans un contexte un peu flou par rapport aux faits qu’il relate, Margin Call a le mérite d’offrir une immersion assez détaillée et forte au cœur de l’ouragan qui a ébranlé le monde entier. Face à un sujet aussi complexe, on ne peut qu’apprécier la lisibilité de la mise en scène et de l’écriture d’un J.C Chandor qui parvient malgré tout à être crédible tout du long, et rien que pour ça et son casting, son premier film se pose comme le reflet intransigeant d’une sphère usagée et bien trop réelle.