Touche à tout, Sylvain Chomet sort pour la première fois un long métrage parlant après notamment Les Triplettes de Belleville ou L’Illusioniste. Ancien auteur de BD, réalisateur d’un « couch gag » pour les Simpsons et de la séquence d’introduction de Joker Folie à Deux, Chomet s’attaque désormais à un biopic consacré à rien de moins que Marcel Pagnol.

A la fin de sa vie, et alors qu’il n’a plus le succès d’antan, Marcel Pagnol se voit commander par une journaliste du magazine Elle quelques pages consacrées à sa vie. Lui qui n’avait écrit que sur sa jeunesse va reprendre la plume et trouver de l’inspiration grâce à l’apparition fantomatique du jeune Marcel, venu lui rappeler ses souvenirs.

Soigné techniquement, mêlant animation 2D comme Chomet nous y a habitué et discrète utilisation de la 3D, Marcel et Monsieur Pagnol est un joli film aux couleurs chatoyantes comme le soleil du sud. L’animation est aussi chouette que les personnages ne lorgnent pas trop vers la caricature physique. Le réalisateur a eu accès a beaucoup d’archives pour soigner son travail, ce qui nous permet au passage de nous rendre compte que les films d’Yves Robert étaient d’une fidélité remarquables. Impossible de ne pas penser à Julien Ciamaca levant son trophée vers le ciel au vu du début de l’histoire.

« Et dans mes petits poings sanglants d’où pendaient quatre ailes dorées, je haussais vers le ciel la gloire de mon père en face du soleil couchant.« 

Pourtant, Sylvain Chomet cherche à éviter la comparaison avec le diptyque signé Yves Robert, commençant ses flashbacks à Paris où le jeune prof d’anglais cherche à devenir auteur de théâtre. Malgré sa construction, le film ne peut s’empêcher de finir par ressembler à une page Wikipédia, où chaque évènement suit le précédent sans jamais chercher à sortir de la voie toute tracée sur laquelle est le récit, le tout enquillant quelques clichés bien parisiens ou bien marseillais.

Ce n’est pas le seul problème d’écriture de ce biopic officiel, le film omettant de mentionner les enfants qu’il ‘a jamais reconnu comme il se permet de déformer la réalité. Dans Marcel, on nous explique que Pagnol avait peur d’importer l’accent marseillais au théâtre à Paris et qu’il a été convaincu en allant l’excellentissime pièce bruxelloise « Le Mariage de Mademoiselle Beulemans » et son accent de la capitale belge à couper au couteau. C’est faux : à l’époque on se moquait déjà de l’accent à Paris. Un exemple parmi d’autres de déformation d’une réalité pourtant mise en avant.

Malgré ses soucis, le film parvient à dégager un certain charme et même un peu d’émotion grâce aux travaux de Pagnol : les pièces cultes, les répliques, l’accent du sud et quelques jolis moments font qu’on se prend quand même un peu au jeu. On aurait aimé quelque chose de moins didactique, avec une écriture un peu plus contemporaine pour permettre à Sylvain Chomet de réaliser un film au moins aussi marquant que ces précédents.

Marcel et Monsieur Pagnol, de Sylvain Chomet – Sortie en salles le 15 octobre 2025
Film vu dans le cadre de Annecy Festival 2025

Ecrire un commentaire