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Critique : Maigret

Après Hercule Poirot, Maigret revient au cinéma. Et pour cette nouvelle version, les planètes se sont alignées : George Simenon pour l’oeuvre originale, l’un des plus grands acteurs français pour l’incarnation (Gérard Depardieu, donc) et Patrice Lecomte à la réalisation, un metteur en scène reconnu pour les Bronzés qui mais s’est régulièrement frotté au genre avec des films comme La Veuve de Saint Pierre, L’Homme du Train ou encore Le Magasin des Suicides.

Il y a eu tellement de versions de Maigret qu’il fallait tout cela pour approcher à nouveau le personnage créé au début des années 30 par l’écrivain belge George Simenon. 75 romans, 28 nouvelles et presqu’autant d’interprètes : Michael Gambon et Richard Harris (les deux interprètes d’Albus Dumbledore ont cela en commun), Jean Richard, Jean Gabin, ou encore l’impérial Bruno Cremer ont fumé la pipe du commissaire de la brigade criminelle parisienne.

Maigret version Lecomte est l’adaptation de « La Jeune Morte », une enquête dans laquelle le policier se charge de retrouver les assassins d’une jeune femme retrouvée dans un parc parisien. Avec les moyens des années 50, il va chercher à l’identifier, à retracer sa vie et donc à remonter jusqu’au coupable des atrocités.

Du roman d’origine, il ne reste qu’une intrigue simplifiée pour permettre à Patrice Lecomte d’offrir à Gérard Depardieu un rôle sur-mesure, avec une dimension presque meta. Le long métrage s’ouvre en effet sur une scène de check-up. Le commissaire reçoit des conseils de son médecin : stopper les excès, faire attention à sa santé et arrêter la pipe. On pense forcément à l’acteur, comme à d’autres occasions de l’histoire.

Avec sa caméra tremblante, comme pour mieux montrer le regard de son héros sur ce qui l’entoure, Lecomte veut faire un film de personnage. D’ailleurs, la révélation du coupable n’est pas une surprise. Seul nous intéresse ses motivations, et le parcours introspectif du commissaire. En cela, Depardieu est formidable. Pachydermique, calme et posé, il incarne tout ce qu’on imagine de Maigret. Et si le scénario diffère du bouquin, Lecomte et Jerome Tonnerre à l’écriture nous montrent un enquêteur taciturne mais empathique, qui aime se plonger dans un univers pour mieux le cerner – ici les jeunes femmes qui quittent leurs provinces pour monter à Paris et tenter leur chance à la capitale. L’écriture est intelligente et la courte durée (88 minutes, un miracle en 2022) permet de donner du rythme à l’histoire. A l’heure où Kenneth Branagh force pour rendre son Poirot rythmé, le metteur en scène se contente de peu mais ça fonctionne tout du long, avec une émotion simple et belle qui monte doucement. »

Patrice Leconte se dit intéresser par tourner à nouveau avec Gérard Depardieu mais pas pour une suite. Il n’y aura donc qu’un seul Maigret, à prendre pour ce qu’il est : une réussite.

Maigret, de Patrice Leconte – Sortie le 23 février 2022

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