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Critique : Madame Web

Que faut-il pour que Sony Pictures arrête de produire n’importe quoi dans leur fameux univers « Spider-Man sans Spider-Man » ? Si les deux Venoms ont fonctionné au box office (merci Tom Hardy et la popularité du personnage), on ne peut pas en dire autant de Morbius. Madame Web est peut-être le chant du cygne du studio tant les prévisions sont désastreuses. On parle ici d’argent uniquement puisque Sony se fout complètement des critiques désastreuses. Alors faire un film de qualité, c’est encore plus secondaire.

Aucune surprise : Madame Web est très raté.

Créée par John Romita Jr et Denny O’Neil dans les années 80, Madame Web est une télépathe qui peut voir l’avenir, sorte de super-medium qui vient en aide au Tisseur. « Origin story » oblige, la version cinéma du personnage n’est ni aveugle ni handicapée. C’est une jeune infirmière new-yorkaise dont la mère, décédée, faisait des recherches en Amérique du Sud sur des araignées aux pouvoirs particuliers. Suite à un accident, elle va pouvoir revivre certaines scènes façon « Un Jour Sans Fin » pour influer sur les évènements. Face à elle, un super-méchant qui se voit mourir dans ses cauchemars à cause de trois Spider-Women. Il va alors décider de tout mettre en œuvre pour les retrouver et les tuer avant elles. Vous suivez ? Pas trop ?

C’est normal, tant le scénario est bordélique à souhait. Passons sur les origines du personnages, le fait que son pote ambulancier soit Ben Parker (vous l’avez ?) n’est qu’une référence à Peter parmi d’autres. Le but, qu’on croit, des scénaristes est d’introduire des personnages dans une suite qu’on ne verra jamais en connectant au forceps des éléments pas forcément liés entre eux. Le film va passer deux heures à nous montrer d’abord quelqu’un qui hérite d’une capacité mais n’arrive jamais vraiment à s’en servir, qui va croiser par hasard les trois jeunes filles citées plus haut. Ensemble, elles vont faire n’importe quoi (comme se cacher dans une forêt lointaine, sans déconner) pour fuir le méchant incarné par Tahar Rahim, venu empocher un gros chèque. Lui a un lien avec Madame Web par sa mère mais il aurait pu ne pas en avoir, tant leur rapport n’a aucun sens.

Tout le monde fait n’importe quoi, donc, à commencer par les scénaristes qui ne cherchent même pas à lier le début de l’intrigue avec la fin. Quand on voit le cauchemar du méchant et les trois Spider-Women, on se dit logiquement que c’est vers là que le film se dirige. Qu’on va donc assister à la naissance d’Arachne, Araña et Spider-Woman. Qu’on va découvrir pourquoi elles en veulent à Tahar Rahim au point de le tuer. Mais pas du tout ! le scénario se contente d’enchainer les péripéties idiotes pour ne rien raconter jusqu’à conclure le récit d’une manière qui n’a aucun rapport avec le début. Tout ça pour ça.

Pire, la promo est vraiment mensongère. Les trois héroïnes ont deux scènes en costumes dont un épilogue inutile sur un toit et les pouvoirs de précognition de Madame Web ne sont jamais utilisés alors que dans la bande-annonce on la voit notamment attraper des objets avant qu’il ne tombe, comme dans Minority Report. Évidemment, sous cette couche de gras, il y avait ce potentiel que vend la promotion, un potentiel qu’on ne verra jamais.

Tout cela est d’autant plus bordélique que le film avait été envisagé comme se déroulant dans les années 90. En cours de route, il a été décidé de le caler en 2003 pour le lier à l’incarnation de Tom Holland plutôt qu’à celle d’Andrew Garfield. On se retrouve donc avec un production design foutraque, blindés de reshots, où se mélangent des éléments anachroniques venus de deux décennies différentes. Dans ce bordel, S. J. Clarkson fait ce qu’elle peut, tentant les effets clipesque et sans jamais parvenir à filmer l’action correctement.

Arrêtons-là le massacre : ce n’est pas demain la veille qu’on verra un film de qualité sur ses Spider-Women. Deux autres films sont prévus pour cette année par les mêmes producteurs : Kraven et Venom 3. On n’est pas sortis des ronces.

Madame Web, de S.J. Clarkson – Sortie en salles le 14 février 2024

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