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Critique : Madagascar 3

Présenté hors compétition à Cannes, Madagascar 3 a divisé les spectateurs de la Croisette. Il faut dire qu’à force de tirer sur la corde des suites et autres projets avec des animaux parlants, on finit par se méfier.

Cela dit, Dreamworks Animation a toujours dans sa manche quelques bonnes surprises (Dragons et sans doute Les Cinq Royaumes) donc, au final, on peut espérer de la fulgurance même dans une suite.

Si vous en avez l’occasion, on vous conseillera d’aller le découvrir plutôt en version originale car le casting aligne les stars : Ben Stiller, Chris Rock, David Schwimmer, Bernie Mac, Jada Pinkett Smith, Sacha Baron Cohen et même Jessica Chastain.

 

Madagascar 3, Bons Baisers D’Europe – Sortie le 6 juin
Réalisé par Eric Darnell, Tom McGrath, Conrad Vernon
Avec Ben Stiller, Chris Rock, David Schwimmer
De retour d’Afrique, où leur dernière aventure les avait menés, Alex et ses fidèles amis Marty, Gloria et Melman aspirent désormais à rentrer chez eux, à New York, et à retrouver le cadre familier du zoo de Central Park. Autant dire qu’ils sont prêts à tout pour y parvenir ! Alors que King Julian, Maurice et les Pingouins se joignent à eux, leur nouvelle expédition rocambolesque les conduit en Europe où ils trouvent la couverture idéale : un cirque ambulant dont ils deviennent les héros – façon Madagascar bien sûr !

 

Avec son line-up rigoureusement programmé, Dreamworks aligne désormais deux films d’animation chaque année dans les salles obscures avec un schéma très simple : une suite, et un film original. Bien que le deuxième point soit discutable puisque l’an dernier, la nouveauté était un spin-off de Shrek, les suites s’enchaînent encore et ils auraient tort de ne pas le faire puisque la concurrence s’en donne à cœur joie, L’Âge de Glace présentant son 4ème épisode cette année. Après des suites de Shrek, Kung Fu Panda ou prochainement Dragons, c’est les animaux foufous de Madagascar qui rempilent pour la 3ème fois, nous souhaitant ce coup ci des Bons Baisers d’Europe.

Les héros de Madagascar ne savent assurément pas ce qu’ils veulent. Après un premier épisode dans lequel ils partaient malgré sur l’île éponyme avant d’embrasser totalement la vie sauvage dans la savane dans le second, nos joyeux lurons ont décidés ce coup-çi de revenir à leur ancien train de vie, et de retourner au Zoo. Une décision pour le moins étonnante après un tel parcours, et qui signerait presque le manque d’inspiration d’un studio qui n’en a, pour tout dire, rien à cirer de la justification de la chose.
Tout cela n’est là que pour repartir dans un voyage à périples multiples, et enchaîner les évènements rocambolesques qui ne servent qu’un seul but : faire rire, encore et toujours. Voilà donc que Alex, Marty, Gloria et Meiman se retrouvent embarqué dans un cirque pour trouver un moyen de voyager incognito et d’éviter les affrontements avec une policière française dont l’obstination et la puissance n’ont rien à envier au T-1000 de Terminator 2. Et je n’exagère même pas. Il faut dire que quitte à donner dans la suite qui dès le début affiche fièrement son prétexte narratif (les enjeux sont pliés en 3 minutes), autant mettre le paquet. Et chez Dreamworks, ils n’ont peur de rien. Oh non.

Qu’on se le dise : voir Madagascar 3 en plein rush cannois à 9h du mat tient par moment de l’hallucination pure. Voir Madagascar 3 tout court peut même procurer les mêmes effets, tant le film semble alimenté aux substances psychotropes, en tout cas ultra énergisantes. C’est simple : le dernier DreamWorks est peut être le film d’animation pour enfants le plus hystérique jamais fait. De la première à la dernière minute, c’est une tornade incessante de gags et de sketchs en tout genre, l’équipe créative semblant avoir horreur du vide et se devant d’en mettre le plus possible, toujours plus, pour éviter l’ennui. Oublier la cohérence scénaristique ou le simple sens de la logique, Madagascar 3 est une avalanche ininterrompue de chocs et cascades en tout genre.
Du coup, le spectateur est constamment partagé entre 2 réactions. Une positive parce que devant le nombre d’idées qu’il allume à la seconde, le film parvient à trouver des vrais moments de délires cartoons bordéliques au possible et plutôt réjouissants, avec des poursuites explosives dans lesquels ils se passent approximativement 14 trucs à la seconde, donnant lieu à des plans souvent impressionnants, dans lesquels la 3D super propre de l’animation appuie le spectaculaire et en met plein la gueule sans aucun problème.

D’un autre côté, l’équation trouve ces limites pour une raison simple : elle ne possède aucune variable. Alors que Guillermo Del Toro relève le niveau des productions Dreamworks grâce à son poste de producteur exécutif en appuyant la croyance dans les univers, les personnages et une vraie histoire (Dragons ou Megamind sont le signe d’une maturité nouvelle), certains vieux démons du studio veulent juste charger la mule le plus possible et faire rire au détriment de tout le reste. Quand on se fait déverser durant 1h30 une telle fureur comique, l’indigestion n’est jamais très loin, et le film en devient par moment épuisant tant il reste avant tout une machine criarde bombardant son public du plus grand nombres d’images possibles. Même si la morale vient pointer le bout de son nez, on se moque de tout et il n’est pas question ici de mettre du cœur dans le film, de raconter quel quelque chose. C’était déjà le cas sur les précédents, mais ce troisième épisode pousse le bouchon tellement loin qu’il s’avère à la fois un aboutissement dans son genre, et le signe qu’il sera difficile de faire plus, et qu’il va être temps pour Dreamworks de changer les choses. A la vue des premières images de leur prochain film Les 5 Légendes, ca semble parti pour. Pourvu que ce soit le cas !

Madagascar 3, c’est l’aboutissement de 10 ans de films Dreamworks, l’affinage suprême d’une formule qui a fini par s’assumer complètement et par tout dégager pour l’effet et le rire. Un véritable bulldozer cartoonesque donc, qui en met tellement plein la tête qu’il perd rapidement de sa puissance et s’avère finalement vain, laissant derrière lui l’impression d’avoir gober une dose de LSD aux effets aussi instantanés que futiles et éphémères. Un bonbon acidulé surprenant par sa folie donc, mais à haut risque d’overdose.

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