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Lors de la dernière cérémonie des César, couronnée de succès ce soir-là, Justine Triet rendait hommage à son amie Sophie Fillières, scénariste et réalisatrice française décédée le 31 juillet dernier à l’âge de 58 ans. Le 7e et dernier long métrage de la cinéaste, “Ma vie, ma gueule” avec Agnès Jaoui, est présenté de façon posthume en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes 2024.
Avec Sophie Fillières, c’est l’école de la comédie étrange et rocambolesque à la française, teinté d’amour et de rencontres imprévues, toujours collée à une certaine forme de réalisme et des héroïnes très contemporaines. Au fil des années (1994 – 2024) elle met ainsi en avant Judith Godrèche, sa sœur Hélène Fillières, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni, sa fille Agathe Bonitzer… Avec “Ma Vie, Ma Gueule”, c’est Agnès Jaoui qui occupe merveilleusement l’écran.
Barberie Bichette, l’héroïne, est en pleine crise de la cinquantaine et doit apprendre à vivre avec elle-même, ses deux enfants désormais partis de la maison, un ex, un travail, une envie de poésie, et ce qu’elle peut imaginer des prochaines années. Sans oublier Katherine Philippe, ou Philippe Katerine, qui a bien le droit de passer la voir.
C’est joyeusement bordélique, savamment romantique, et totalement humain dans la démarche. Film maladroit certes, inachevé comme on peut s’y attendre, mais la personnalité pleine d’humanité de Barbie (surnom du personnage central) offre un écho à la vision de ce film posthume. Barbie se parle à elle-même, souvent, a du mal à gérer ses émotions, ses angoisses, son parcours. Peu importe en fait, sa vie existe déjà. Il lui suffit de trouver une nouvelle route à tracer à l’heure où plus personne ne l’attend. Peut-être que Barbie est isolée, peut-être qu’elle n’est plus totalement dans la réalité. Mais elle peut aimer, réfléchir, savoir, écrire, parler. Barbie a encore des choses à raconter, et c’est le moment du grand changement.
“Ma Vie, Ma Gueule” est avant tout ce beau portrait d’une femme libre, pétrie de doutes et de certitudes, à la croisée des chemins dans une existence qui peut suivre l’imprévu. Et plutôt que la forme, inégale, c’est au fond où on rejoint l’envie de Sophie Fillières de sortir un peu du carcan classique des comédies à la française sans surprises, et sans humanité. Agnès Jaoui incarne cette idée avec une énergie et une sensibilité folle.
Ma Vie Ma Gueule, de Sophie Fillières – Sortie en salles le 18 septembre 2024