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Critique : Life Origine Inconnue
Pour son nouveau long métrage, Ryan Reynolds retrouve ses deux comparses scénaristes de Deadpool mais cette fois pour une aventure se déroulant lors d’un voyage spatial. A ses cotés, Jake Gyllenhaal et Rebecca Ferguson bientôt de retour à l’affiche du prochain Mission Impossible.
Perdus dans l’espace ?
LA CRITIQUE
À l’instar de ces grands films qui ont su bouleverser l’industrie suiviste hollywoodienne, le Gravity d’Alfonzo Cuaron voit venir au jour son premier clone opportuniste sous la forme de Life – Origine inconnue. Les producteurs de Sony/Columbia et des studios Skydance ne s’embarrassent nullement du qu’en dira-t-on vis-à-vis de l’exercice de style imposé au réalisateur d’Enfant 44 et de Sécurité rapprochée.
Ainsi donc, dès le plan d’ouverture, Daniel Espinosa s’essaie, maladroitement (et on le comprend), au looong plan séquence en apesanteur dans les couloirs de la station spatiale internationale. S’en ressentira alors cruellement le manque d’un metteur en scène impliqué derrière son idée, qui soit maître de sa caméra. La tentative de copié-collé de Gravity parvient à nous perdre dans ces lieux pourtant exigus, faisant manquer au film à son devoir le plus élémentaire : celui d’introduire sa galerie de personnages. Mais comme dans tout produit standardisé, les aspérités particulières aux personnalités sont quelque peu absentes. Tous sont plus ou moins excités à l’idée d’étudier ces petits échantillons de Mars ramenés depuis la planète rouge, afin d’y découvrir (éventuellement) qu’il y réside de la vie. Bien entendu, les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick à qui l’on doit l’écriture des Bienvenue à Zombieland ou Deadpool étaient parfaitement qualifiés pour se passer du lien empathique à créer avec les protagonistes. Ces derniers deviennent alors simplement de la plus pure chair à rebondissement impersonnelle.
Si le décor de l’ISS ne sert ici de prétexte qu’à mimer l’apothéose cinématographique orchestrée en 2013 par le duo Cuaron/Lubezki, le caractère scientifique de l’expérience est tout aussi relatif. Ces scientifiques découvrent bien une forme informe de vie. Super ! La laissent se faire baptiser Calvin par des enfants d’une école primaire américaine. Ah, tiens ? Et que lorsqu’une tuile technique manque de tuer la pauvre créature venue d’ailleurs, on décide de l’électrocuter un coup histoire de voir si elle peut se remettre à danser le twist. Il va sans dire que l’alien composé à 50% de muscles, 50% de nerfs et 50% de cerveau (faites le compte…) ne va pas se laisser faire sans réagir vigoureusement. Comme les scénaristes, les personnages ont eux aussi déjà vu les films dont s’inspire sa vergogne Life. À peine la créature s’échappe-t-elle qu’ils prennent la décision de la finir ou plutôt de la commencer directement au lance-flamme ! Car oui, au diable les protocoles de quarantaine et les enjeux scientifiques financés en millions de dollars, la bestiole n’avait qu’à accepter poliment les coups de jus, hein ! Le film de Daniel Espinosa sied parfaitement au public américain où la punition divine s’abat inévitablement sur les bras armés de la science qui se prennent pour Dieu finissent par le payer au prix fort.
D’ailleurs, bien que l’on peut comprendre que le petit Calvin cherche à survivre parmi ses hostiles hôtes, celui-ci se met pourtant à assassiner compulsivement tous les êtres vivants à bord de la station. La rage, la faim, qui sait ? Mais vous ne trouverez pas dans Life de sous-texte ou d’autres lectures qui donnerait un peu de profondeur comme chez des Scott ou Carpenter. Seulement quelques jump scares et des morts originales dans des scènes d’action brouillonnes et assourdissantes. Cet alien est juste méchant. Il ne faut pas chercher plus loin et trouver le moyen de l’expulser au plus vite dans le vide de l’espace. Or, de vacuité, c’est bien ce dont souffre le scénario de Reese et Wernick, manquant de nourrir notre intérêt pour ces sous-doués, artisans de leur propre catastrophe et rageant ensuite de l’injustice qui les frappe. Rebecca Ferguson, Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds, qui ont su gagner naturellement notre sympathie à travers leur filmographie, sont ici totalement étrangers à notre empathie, abandonnés à eux-mêmes devant la caméra flottante d’Espinosa.
Et ce ne sera pas un ultime twist téléphoné, digne d’un mauvais épisode de la Quatrième dimension, qui sauvera Life du naufrage intergalactique. Et un nanar à 58 millions de dollars, ça fait cher la blague !
Life Origine Inconnue, de Daniel Espinosa – Sortie le 19 avril 2017