Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Les Sept Mercenaires (2016)

Pour sa troisième collaboration avec Denzel Washington après Training Day et Equalizer, le réalisateur Antoine Fuqua s’attaque à un remake, celui des 7 mercenaires. Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke ou encore Lee Byung-hun succèdent donc aux légendaires Yul Brynner, Steve McQueen et Charles Bronson.

Cette nouvelle version, en salles depuis ce mercredi, est le dernier travail du regretté James Horner, qui avait commencé à composer pour le film quand il est malheureusement décédé…

 

LA CRITIQUE

Avec les 7 Mercenaires, John Sturges réalisait déjà un remake en 1960. Pas au sens littéral en refaisant tel quel un film du même nom, mais en prenant les 7 Samouraïs de Akira Kurosawa réalisé quelques années plus tôt pour le retranscrire dans le grand ouest Américain.
Ayant vu le potentiel puissamment évocateur de l’histoire originale, il l’adaptait à la mythologie naissante américaine en plaçant son récit à la frontière mexicaine pour mieux parler de l’aspect pluriculturel du continent, et les problèmes d’exploitation d’un peuple sur l’autre.
En clair, sa démarche faisait sens et embrassait son nouveau décor pour mieux avoir un écho particulier avec le réel, livrant un film qui honorait l’original tout en réussissant à s’en démarquer.

Avec cette nouvelle version 2016 et un réalisateur aussi bourrin qu’Antoine Fuqua aux rênes, dire qu’on ne pouvait en attendre autant tient de l’évidence, et le résultat le prouve rapidement…

Malgré la présence de Nic Pizzolatto au script, créateur et scénariste de la série True Detective, cette nouvelle version des 7 Mercenaires n’a rien retenu de l’intelligence de son modèle.
Pire encore, elle le nivèle vers le bas en centrant ses enjeux sur le seul territoire américain, avec un village exploité par un grand méchant qui n’en a rien à cirer de trucider des villageois du moment qu’il récupère son butin (ici, une mine) à la sortie. Moins pour rétablir la justice que pour l’appât du gain, le personnage de Denzel Washington décide de leur venir en aide et forme une équipe pour reprendre le contrôle et chasser l’armée qui risque de charger à tout moment sur la petite ville. L’équipe derrière cette version 2016 semble ainsi n’avoir retenu que la partie action des opus précédents, vidant l’intrigue de sa dimension politique en ne parlant éventuellement ici que de l’oppression des peuples par les plus riches.
On aurait pu croire à un semblant de réflexion progressiste par la présence d’un indien, d’un mexicain ou d’un asiatique dans cette nouvelle équipe de mercenaires, mais chacun s’en trouve limité à des stéréotypes qui commencent à vraiment sentir le roussi en 2016. L’indien tire à l’arc, ne parle jamais et se peint la tronche, l’asiatique joue évidemment des armes blanches et préfère mettre fin à ses ennemis au corps à corps et le mexicain passe son temps à faire des blagues machistes à base de « gringos » et autres expressions latines.
Que l’on joue un minimum sur les idées reçues, ça peut être rigolo si il y a quelque chose derrière, tout comme la formation d’une telle équipe pourrait faire sens sur l’Amérique d’aujourd’hui, surtout avec un chef noir de peau pour les diriger. Hélas, le tout tient du cosmétique et les personnages sont si peu creusés que cette bonne idée au demeurant reste désespérément cosmétique et en surface.

On ne crachera pas totalement sur le casting proposé, car les noms célèbres qui le composent forment malgré tout l’attraction principale du film. Après tout, à défaut de voir une nouvelle transposition (pourquoi pas moderne ?) de l’histoire, la voir incarnée par Ethan Hawke ou même Chris Pratt peut être excitante, d’autant que les comédiens semblent s’être amusés à jouer les cowboys de service et la complicité qu’il y a entre eux est palpable à plusieurs moments.
Ce détail mis à part, le film est emballé par Antoine Fuqua et quand bien même on sent une réelle envie de mettre en scène un western, ce dernier n’a jamais brillé par son talent, y compris ici. Entre certains plans de paysages numériques dégueulasses allant à l’encontre même des canons du genre, et une réalisation complètement lambda, foutraque et molle durant les scènes d’actions, jamais le film ne provoque la moindre excitation et peine à être à la hauteur du spectacle qu’il prétend offrir. On note bien ça et là de bonnes idées de situations qui ne demandent qu’à en mettre plein la tronche, mais le découpage peu inspiré n’en transcende aucune, sans parler de la gestion de l’espace à la ramasse à plusieurs reprises. Pour un film dont l’acte de bravoure principal est l’assaut d’un village, se repérer facilement est pourtant la moindre des choses, mais il faut bien admettre que suivre les faits et gestes des personnages dans l’action est loin d’être toujours aisé. Enfin, tout cela serait plus grave si le scénario était plus creusé tant en fin de compte, le tout se regarde sans implication particulière, le manque de matière sur les protagonistes donnant peu d’importance à leur sort. Le personnage féminin incarné par un clone de Jennifer Lawrence aurait pu être le pilier émotionnel du film mais là encore, son parcours est noyé dans la légèreté de l’ensemble, à l’image du guignol joué par un Vincent d’Onofrio en roue libre totale, qui change de comportement d’une scène à l’autre et qui tourne à la caricature la plus complète.

Sur le papier, refaire tel quel les 7 Mercenaires montrait déjà une incompréhension de la réussite de l’original et c’était sans compter sur la subtilité bas du front d’Antoine Fuqua. Si le plaisir de voir un western sur grand écran peut faire illusion un moment, l’écriture est trop superficielle pour passionner et le tout est pensé comme un énième blockbuster ayant pour seule vocation de faire marrer l’assistance comme n’importe quel film de super héros récent.

Le résultat s’avère donc bien inutile et vain, même si son casting suffira à beaucoup pour faire passer la pilule.

Les 7 Mercenaires, d’Antoine Fuqua – Sortie le 28 septembre 2016

Voir les commentairesFermer

1 commentaire

  • par Patrick JAMES
    Posté samedi 8 octobre 2016 6 h 02 min 0Likes

    Merci pour ce retour, je constate qu’on a le même point de vue car je partage entièrement votre avis…

Laisser un commentaire