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Critique : Les Rascals

En 1989, à la fin de leur concert à l’Olympia, les Béruriers Noirs insistaient : « la jeunesse emmerde le Front National. » Si en 2022, rien n’a vraiment changé de ce point de vue-là, le refrain des Bérus en clôture du morceau Porcherie résonne encore plus après avoir vu Les Rascals, le premier long métrage réalisé par Jimmy Laporal-Tresor.

Dans les années 80, un groupe d’ados va trainer chez un disquaire. Quand l’un d’entre eux reconnait dans le vendeur le skinhead qui l’avait agressé des années plus tôt dans un parking souterrain. A son tour, il lui fracasse la tronche. La jeune soeur de la victime cherchant à venger son frère, va se rapprocher d’un groupe d’étudiants d’extrême droite. Et évidemment, ça va mal finir.

Reconstituant fidèlement une époque révolue, en choisissant avec soin ses cadres pour tourner en décor réel Jimmy Laporal-Tresor livre avec Les Rascals un film juste, jusque dans ses moindre détails, évitant soigneusement d’empiler les clichés et les références. On y joue au flipper en écoutant des vinyles et on y parle le louchebem, cet argot des bouchers parisiens né au 19e siècle. Une société régie par des codes finalement pas si éloignés de ceux des années 2020.

Dans ce contexte social tendu, les Rascals sont un groupe que déteste l’extrême droite : venu de l’étranger ou d’Outre-Mer, à la couleur de peau non blanche et donc méritant de se faire tabasser gratos, sans raison. Là non plus, la situation n’a pas bougé si ce n’est que les groupuscules secrets ont désormais pignon sur rue quand ils ne déambulent pas dans les couloirs des institutions nationales. On frémit au propos et on fuit avec les héros aux blousons de couleurs, tant la justesse du sujet est frappante.

Cinématographiquement parlant, Les Rascals n’est pour autant pas un film sans défaut, surtout à cause de sa gestion des personnages. Du coté du groupe, deux figures s’imposent un peu trop aux détriments des autres, deux personnages bizarrement géré : la victime du skin est peu mise en avant par rapport à son comparse. Comme ils se révèlent finalement être assez interchangeables, on se demande s’il n’aurait mieux pas fallu les fusionner.
Dans le même ordre d’idée, l’unique personnage féminin en quête de vengeance cède assez vite aux sirènes de l’extrême droite. En dehors du jeu d’actrice d’Angelina Woreth, rien ne laisse penser qu’elle s’interroge sur ses actes.

Pour autant, ça n’empêche pas les Rascals d’être un film solide, parfois très dur et qui permet de remettre l’actualité en perspective. Près de quarante ans plus tard, on a toujours envie de chanter les Béruriers Noirs.

Les Rascals, de Jimmy Laporal-Tresor – Sortie le 11 janvier 2023

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