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Critique : Les Mondes de Ralph

Le Disney de Noël est d’autant plus attendu cette année que Disney s’attaque aux jeux vidéo, réveillant les amateurs du genre et les vieux trentenaires nostalgiques grâce à une promo soigneusement calibrée et mettant en avant quelques personnages cultes comme Sonic.

Mais avant Les Mondes de Ralph, vous aurez (normalement) la chance de découvrir un petit bijou, un court métrage intitulé Paperman. Cette merveille signée John Kahrs, muette et en noir et blanc, est une des meilleures créations sorties de Disney Animation depuis de longues années, autant par sa narration que techniquement. Le réalisateur y expérimente une technique nouvelle, consistant globalement à modéliser des personnages en 3D puis à dessiner par dessus à la main. Le rendu donne une impression d’animation classique améliorée, permettant des choses inédites notament en matière d’éclairage. Paperman ne dure que quelques courtes minutes mais est un petit chef d’oeuvre.

Mais revenons à Ralph et ses grosses mains…

 

 

Il n’y avait pas eu de « Disney de Noël » depuis Raiponce et le « Classique » réalisé par le studio de 2011 n’a eu droit qu’à une mini-sortie en milieu d’année. Il s’agissait de Winnie l’Ourson. De fait, et parce que nous sommes de grands enfants en manque de cadeaux à découvrir en salle avant d’ouvrir ceux sous le sapin, Les Mondes de Ralph est un film attendu.
Il l’est d’autant plus que Disney s’intéresse aux jeux vidéo, alors qu’ils sont plutôt tourné d’habitude vers l’intemporel laissant à Pixar ou à la concurrence le champs libre pour des films ultra-référencés.

Et si le film n’est pas aussi parfait qu’on aurait aimé qu’il soit, c’est une véritable déclaration d’amour aux jeux vidéo.

Il aurait été malvenu de parler de gaming sans pour autant évoquer tous les univers cultes auxquels nous avons joué. Rich Moore imagine donc un monde où les personnages des bornes d’arcade ont une vie une fois la salle fermée, un peu à la manière des jouets de Toy Story mais dans un environnement que leur est propre : celui des réseaux numériques. On va donc faire la connaissance de Ralph, « méchant » aux mains énormes chargé de détruire un immeuble en pixels que le souriant Felix répare à coup de marteaux magiques. Le jeu rappelle pas mal de choses, à commencer par Donkey Kong et une poignée de titres sortis en arcade mais aussi en jeux type Game & Watch.

D’ailleurs, les différents environnements utilisés sont des créations qui font appel à l’imagination et à votre culture vidéo ludique. En effet, les deux autres univers principaux du film sont inventés mais évoquent des jeux comme Halo et Mario Kart. Et oui, contrairement à ce que fait croire une promo millimétrée, les Bowser et autres Sonic n’ont que des rôles très limités. Seul Q-Bert est mis en avant, sans doute parce que 40 ans après sa sortie, il était sans doute un peu sorti des mémoires collectives.
Mais le film montre que son réalisateur et scénariste a une vraie passion pour le jeu, ne se limitant pas à quelques caméos. Les références sont multiples, visant autant les joueurs actuels que les nostalgiques de gros pixels et certaines, parfois difficiles à comprendre, seront plus accessibles à vous même qu’à vos enfants.

La réalisation, Disney oblige, est très soignée et les univers jolis et colorés. On notera qu’au delà des références, les personnages se comportent dans leur « vie réelle » comme ils se comportent dans le jeu. Ainsi, lors de la réunion des méchants anonymes visibles dans la bande annonce, le ninja garde perpétuellement la pose et les personnages aux mouvements limités de vieux jeux pixelisés bougent « réellement » comme lors des parties d’arcade.

Dans ce passionnant univers déclinable facilement en de multiples suites évolue donc Ralph et son envie de devenir gentil. Après tout, être méchant est son métier plus que sa personnalité donc pourquoi être considéré comme tel par ses proches et les autres personnages de jeu ? Il part donc, suite à un échange avec différents protagonistes, en quête d’une médaille pour prouver sa gentillesse. Et il part là où ce n’est pas vraiment possible d’aller quand la salle de jeux est ouverte : dans d’autres bornes d’arcade que la sienne. Et comme on peut l’imaginer, ça aura de nombreuses conséquences aussi bien sur son propre jeu que sur tous les autres.

Ca aura une autre conséquence sur le spectateur : celle de s’ennuyer. En effet, une fois les bases de l’univers posées, on a la sensation que la quête est un peu légère pour s’y intéresser pleinement, et ce d’autant plus que l’univers futuriste à la Halo est vite mis de coté au profit du niveau de karting dans un monde de sucreries. Heureusement, ça ne durera qu’un temps, ponctué de petites baisses. Ralph va faire connaissance là-bas d’une jeune fille et leur histoire se construisant une morale va se dessiner. Chez Disney, on sait raconter des histoires depuis tellement longtemps qu’il aurait été dommage que ça ne soit pas le cas ici non plus : les wagons vont vite se raccrocher et le spectateur va retrouver de l’intérêt pour cette histoire, moralisatrice certes, mais fortement sympathique et colorée. On finit par se laisser porter, tout simplement.

Il faut aussi remarquer que Les Mondes de Ralph est un film beaucoup plus calibré que les précédents. Volonté de Disney de ratisser large et de vendre des figurines ? Comme le montre une petit scène vers la fin du film, l’heure des princesses est passée. Vanellope est une jeune fille moderne qui préfère le sweat à capuche et faire (misère) des blagues à base de prout et le jeu dans lequel elle évolue est clairement féminin. Il a beau être basé sur Mario Kart, c’est un niveau très rose dans ses couleurs, et où les pilotes sont toutes des jeunes filles. On sent la réelle volonté d’insister dessus, de manière à ce que ça ne soit pas un film uniquement pour les papas et leurs fistons mais bien aussi pour les filles – les filles pour lesquelles les éditeurs de jeux vont désormais des produits calibrés.
Ralph est aussi, et c’est incroyablement surprenant, le premier long-métrage de Disney à intégrer du placement de produits. Dans l’univers de Vaneloppe, de nombreuses marques sont mises en avant et si dans certains cas c’est propice à un bon gag (les Oreo), dans d’autres c’est aussi une approche très marketing et parfois très gratuite (un gobelet Subway est ainsi visible en plein milieu de l’écran et en très gros dans une salle d’arcade).
On est donc face au film Disney le plus calibré. De là à penser qu’un chargé de marketing n’était pas très loin de la production il n’y a qu’un pas…

Malgré un démarrage un peu pénible en terme d’histoire, et malgré l’approche marketing outrancière du film, Les Mondes de Ralph n’en est pas moins un divertissement de qualité, à placer sans doute à la hauteur de Volt. Vu le peu d’univers montrés et les possibilités sans fin que proposent l’univers des jeux vidéo, on renverra sans doute le héros aux grosses mains. En espérant que chez Disney, le calibrage ne remplace pas l’imagination.

 

Les Mondes de Ralph – Sortie le 5 décembre
Réalisé par Rich Moore
Avec les voix originales de John C. Reilly, Sarah Silverman, Jack McBrayer
Dans une salle d’arcade, Ralph la casse est le héros mal aimé d’un jeu des années 80. Son rôle est simple : il casse tout ! Pourtant il ne rêve que d’une chose, être aimé de tous…
Vanellope Van Schweetz quant à elle, évolue dans un jeu de course, fabriqué uniquement de sucreries. Son gros défaut : être une erreur de programme, ce qui lui vaut d’être interdite de course et rejetée de tous…
Ces deux personnages n’auraient jamais dû se croiser… et pourtant, Ralph va bousculer les règles et voyager à travers les différents mondes de la salle d’arcade pour atteindre son but : prouver à tous qu’il peut devenir un héros… Ensemble, arriveront-ils à atteindre leurs rêves ?

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