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Critique : Les Maitres de l’Univers Révélation

Nous avions déjà évoqué la série chapeautée par Kevin Smith brièvement ici et plus longuement chez les copains de First Print . Mais la diffusion sur Netflix des derniers épisodes des Maitres de l’Univers Révélation m’a donné envie de revenir sur l’ultime conclusion (?) d’une série démarrée il y a quarante ans.

Retour en arrière. En 1981, Mattel développe un équivalent à sa gamme de Barbie mais pour les garçons. Conan le Barbare est envisagé mais les droits sont chers. Les recherches évoluent et He-Man (Musclor en français) est né. Mais les jouets ne se vendant pas, il faut quelque chose pour les accompagner : une série d’animation qui mettrait en images les aventures de ce héros musclé. Les 130 épisodes du dessiné animé seront diffusés en 1983 et le succès est au rendez-vous.

La série, créée par Lou Scheimer et Hal Sutherland, se déroule dans un univers mélangeant habilement magie et technologie. Un jeune prince, Adam, se transforme en super-héros/super-guerrier en levant une épée magique. Avec ses alliés, les fameux Maitres de l’Univers, il protège sa planète des forces du mal et de l’infâme Skeletor en particulier. He-Man version 1983 (la série sera rebootée en 2002) ne propose que des épisodes tous interchangeables ou presque, dans lesquels le héros se transforme pour résoudre un conflit plus ou moins important. Tout reposait sur notre attachement à une galerie de personnages bien écrits jusqu’à… donner envie d’acheter les figurines Mattel.

Le projet de « suite » chapeauté par Kevin Smith était de conclure une série qui n’a jamais eu de fin, et pour cause vu sa structure. Pourtant, l’univers de « MOTU » avait suffisamment d’éléments narratifs pour construire quelque chose. En effet, le héros possède une double identité et donc un secret et il n’était pas le seul. Le dessin animé de 83 n’en faisait rien mais Smith choisit de s’en emparer. Il décide aussi de piocher allégrement dans le reste de la mythologie (les comics d’origine et plus récents, la série rebootée de 2002…) pour donner du corps à son univers.

Vendu comme une suite classique, Masters of the Universe Revelation a été une surprise pour tout le monde lorsque les premiers épisodes ont été diffusés. Contrairement à sa promo mensongère, il n’y était plus question de Musclor. Le héros chéri d’une génération de nerd « meurt » dans le premier épisode et les 5 premières histoires sont une quête pour tenter de le ramener à la vie. Au coeur de cette intrigue, qui se passe plusieurs années après la série originale, un personnage central : Teela. En 1983, elle était déjà de toutes les aventures du héros. Elle était son sidekick, son Robin. En faire le coeur de la nouvelle intrigue était la bonne idée à avoir. Teela a toujours été là, presque dans l’ombre, et pourtant elle méritait le feu des projecteurs.

La très réussie première partie de la série montrait Teela et ses compagnons, dont une petite nouvelle, Andra, traversant Eternia pour ramener à la vie Musclor et rétablir la paix sur la planète. Multipliant les contrepieds, la série se terminait sur un cliffhanger montrant l’alter-ego du héros, Adam, se faire transpercer par une épée. Et Skeletor ressurgir du placard pour mieux devenir le super-méchant qu’il a toujours voulu être. Riche, la série l’était déjà avec cinq épisodes bien denses et forts en émotions. Les cinq suivants ne font que confirmer les bonnes idées de Kevin Smith et son équipe de production.

Adam a survécu. Mais la série ne va pas chercher pour autant à changer de point de vue. Désolé pour les haters qui voulaient voir du Musclor à tout prix. Certes, il y a quelques idées pour lui faire distribuer des baffes au méchant, notamment à travers une version « berserk » du héros ramenant au tout premier comic book original où il n’était qu’un simple homme des cavernes muni d’une hache. Mais Revelation va continuer à mettre Teela en avant. Son destin, même s’il est remis en doute par la première partie, était déjà tracé par la mythologie existante et les secrets qui entourent les « Masters ».

Kevin Smith, qui a écrit le premier épisode de ces cinq épisodes, rend aussi ses lettres de noblesse à Adam, le garçon chétif, lui offrant de vrais beaux moments de bravoure (et beaucoup de fan service) et permettant au personnage d’exprimer des choses qu’on attendait depuis quarante ans. Et puis Musclor finit par être de retour. Et sans jamais être le point central du récit, il a de vrais beaux moments comme on espérait plus en revoir.

Les scénaristes avaient déjà semé des graines dans la première partie. Un autre personnage émerge de Revelation, la « Dark Teela » de la série, Evil-Lyn (ou Demonia, en VF). Petit à petit, le personnage prend de l’ampleur pour mieux s’imposer. Elle a toujours été dans l’ombre de Skeletor, à travers une relation d’amour-haine rappelant celle du Joker et de Harley Quinn. Mais dans une longue scène de dialogue, elle explique qu’elle a été sous sa coupe, sous ses coups et sous son harcèlement. En dix épisodes, Les Maitres de l’Univers sont passés d’une série bourrée de testostérone à un projet résolument moderne et féministe, et personne ne l’avait vu venir. Mais en 2021, c’était le meilleur choix narratif à faire, et ça fonctionne d’autant plus que c’est bien fait.

On pourra néanmoins reprocher à l’animation d’être parfois figée, voir à la ramasse. La série aligne les moments techniquement gênant et quelques défauts d’écriture. Les péripéties de la première partie étaient banales. Dans la seconde, elles sont trop longues et parfois prévisibles. Mais saluons le boulot de la production, y compris du casting vocal alignant les talents et les belles idées de casting (jusqu’à Danny Trejo en Ram-Man !).

Alignant les surprises jusqu’à la dernière minute, Masters of the Universe Revelation se termine étonnamment sur un cliffhanger, permettant une suite à ce qui devait être le point final d’une aventure. C’est une série dans l’air du temps, qui s’adresse à ceux qui ont grandit avec la série, ont rêvé d’être Musclor et ont évolué avec la société actuelle. Ici, on espère que la modernisation du propos donnera des idées, tant qu’à relancer de vieilles franchises. Et si Musclor et Teela reviennent encore, on sera au rendez-vous.

Les Maitres de l’Univers Révélation, disponible sur Netflix

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