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Critique : Les Boxtrolls

Les Boxtrolls, le nouveau film de Laïka, arrive dans les salles ce mercredi 15 octobre. Il devra jouer des coudes pour se trouver une place entre Le Labyrinthe, Samba, White Bird ou encore les Tortues Ninja.

Si le film passe chez vous uniquement en version française, ne le boudez pas pour autant tant le doublage est réussi. Certes, on perd d’illustres noms tels que Nick Frost, Simon Pegg ou Ben Kingsley mais on gagne au change : traduction soignée et comédiens spécialisés dans le doublage sans donne à coeur joie. N’oubliez pas non plus de rester après le générique.

Reste ensuite à savoir si vous aurez envie d’acheter du cheddar à la sortie.

 

En 2009, les jeunes studios Laïka se faisaient remarquer en embauchant Henry Selick, alors connu comme le réalisateur de l’Etrange Noël de Monsieur Jack produit par Tim Burton, pour mettre en scène Coraline, d’après l’oeuvre éponyme de Neil Gaiman. Si Selick n’a pas prolongé l’aventure avec le studio américain, eux ont décidé de se focaliser sur les films en stop motion et ont sorti en 2012 le très bon Paranorman. Se posant en sérieux outsider des Anglais d’Aardman voire même des studios faisant de l’animation classique comme Disney, Pixar et Dreamworks, Laïka livrait un film de haute tenue, émotionnellement riche et à l’animation soignée.

Aujourd’hui, avec les Boxtrolls, ils persistent et signent.

Le film de Graham Annable et Anthony Stacchi s’ouvre pour nous présenter les Boxtrolls comme des créatures aussi mystérieuses que démoniaques, qui volent ce que vous laissez trainer devant votre porte et dévore vos enfants. De fait, une sorte de dératiseur se présente au conseil de la ville pour proposer ses services à des vieux portant des chapeaux blancs et aimant profondément le fromage, dans une ambiance très Angleterre victorienne. On apprend aussi que les Boxtrolls ont enlevé un bébé à ses parents, ce qui les fait d’avantage passer pour des monstres.
Mais on va vite comprendre -à dire vrai, on s’en doutait- que si l’enlèvement d’Oeuf sera un mystère à résoudre, ils ne sont en rien cruels. Les Boxtrolls sont un petit peuple de créatures qui vit sous le nôtre et dont on n’a rien à craindre, ce dont on se rendra compte en découvrant que le jeune garçon grandit bien auprès de ceux qui sont devenus les siens quand, en surface, tout le monde est parano sur le sujet.

Adapté du livre illustré « Here Be Monsters! » d’Alan Snow, les Boxtrolls sont une plongée version 19e siècle dans le mythe de l’enfant-sauvage, thème universel que l’on retrouve aussi bien dans des oeuvres comme Le Livre de la Jungle, Tarzan, ou dans une moindre mesure dans Peter Pan, où un jeune enfant est élevé par d’autres choses que des humains au point de perdre tout lien avec ses origines et de se sentir plus proche des créatures que de là où il vient. Ainsi, dans le film, Oeuf est un jeune garçon d’une dizaine qui croit être un Boxtrolls et qui va vite découvrir le monde des humains grâce à sa rencontre avec une jeune fille, qui va l’aider à retrouver sa « famille » enlevée par l’affreux Archibald Trappenard, qui n’est, lui, pas sans rappeler l’affreux Nestor des Aristochats.

Non content d’évoquer la place de chacun dans le monde et la rencontre entre deux univers qui rien ne prédestinait à cohabiter, Les Boxtrolls évoquent aussi -comme l’avait fait un peu la Grande Aventure Lego- qu’il est de bon ton d’écouter ses enfants et de pas les considérer comme des petites créatures sans cervelle. Qui plus est, il le fait de manière très visuelle. Le métrage ne prend jamais le spectateur pour un idiot à qui il faut tout expliquer par le dialogue, il préfère faire passer des messages uniquement par l’image. Après tout, chez Laïka, c’est ce qu’ils savent faire de mieux. Certaines mises en valeur des personnages et des situations passent donc par des attitudes, des circonstances, voir des regards.
Oui, des regards, même dans un film en stop-motion. Et pour cause, les Boxtrols sont surement le film utilisant cette technologie le plus abouti. Le choix des décors et de l’ambiance est évidemment bien trouvé mais la mise en scène et les mouvements des personnages sont tout simplement ahurissants. D’ailleurs, restez après le générique. Une scène post-crédits met en valeur le travail remarquable des animateurs en s’offrant une mise en abyme bien trouvée.

Les Boxtrolls est donc une jolie réussite pour Laïka qui persiste et signe, livrant un conte à la fois moderne et traditionnel, plongeant dans une mythologie ancienne tout en évoquant des choses toujours contemporaines. Extrêmement visuel, il peine néanmoins à se terminer, tirant sur la corde pendant le dernier quart d’heure. Rien de bien grave pour ce film visant avant tout les plus jeunes mais qui devrait également ravir les parents prêts à ouvrir leurs yeux d’enfants.

 

Les Boxtrolls – sortie le 15 octobre 2014
Réalisé par Graham Annable, Anthony Stacchi
Les Boxtrolls est une fable qui se déroule à Cheesebridge, une ville huppée de l’époque victorienne, dont la principale préoccupation est le luxe, la distinction et la crème des fromages les plus puants. Sous le charme de ses rues pavées, se cachent les Boxtrolls, d’horribles monstres qui rampent hors des égouts la nuit pour dérober ce que les habitants ont de plus cher : leurs enfants et leurs fromages. C’est du moins la légende à laquelle les gens de Cheesebridge ont toujours cru. En réalité les Boxtrolls sont une communauté souterraine d’adorables et attachantes créatures excentriques qui portent des cartons recyclés comme les tortues leurs carapaces. Les Boxtrolls ont élevé depuis le berceau un petit humain orphelin OEuf, comme l’un des leurs, explorateur de décharge et collectionneur de détritus mécaniques.
Ils deviennent soudainement la cible d’un infâme dératiseur Archibald Trappenard qui voit dans sa disposition à éradiquer les trolls son ticket d’entrée au sein de la bonne société de Cheesebridge. La bande de bricoleurs au grand coeur doit alors se tourner vers celui dont ils ont adopté la responsabilité, ainsi qu’une jeune fi lle de la haute qui n’a pas froid aux yeux, Winnie afin de concilier leurs deux mondes, au gré des vents du changement… et du fromage…

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