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Critique : Le Voyage du Prince

Ce mardi 11 juin, le réalisateur Jean-François Laguionie a reçu du Festival d’Annecy un Cristal d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière. Il a également présenté, en avant-première, son nouveau long métrage. Le Voyage du Prince sortira en salles en décembre prochain.

 

LA CRITIQUE

Jean-François Laguionie travaille dans l’animation depuis plus de cinquante ans. Son court métrage La Demoiselle et le Vioncelliste a remporté un prix au Festival d’Annecy en 1695. Depuis, il a réalisé six longs dont Le Château des Singes en 1999. Pourquoi citer ce film en particulier ? Parce que Le Voyage du Prince en est la suite indirecte, ou du moins les deux films se déroulent dans le même univers. L’original est librement inspiré du bouquin Le Baron Perché d’Italo Calvino dans lequel un sujet vivant aux sommets des arbres sous la canopée découvre la vie d’en bas. La suite est une nouvelle histoire de découverte, et une très belle histoire.

Dans cet univers où les singes parlent et vivent comme des humains (on n’est pas loin de Pierre Boule), on fait la connaissance du Prince Laurent qui échoue sur la plage de ce qui est pour lui un nouveau continent. Lui vient de la terre du premier film, et va découvrir une civilisation bien différente de la sienne. Recueilli par un jeune garçon, un professeur et ses deux assistantes, il va nouer une relation avec le gamin.

Pour cette nouvelle histoire, Jean-François Laguionie aidé de Xavier Picard livrent un film avec des décors peints et des personnages en 3D cellshadés donnant une impression de 2D. Visuellement, donc, le réalisateur s’offre les dernières techniques à la mode, ce qui va de paire avec une histoire résolument contemporaine. Il est évidemment question d’intégration, de compréhension et d’acceptation des autres tout au long de l’histoire. Mais plutôt que de donner une dimension politique à son film, Laguionie préfère l’humanisme et la douceur. Un peu contemplatif, surtout dans sa première partie, le film met surtout en avant la gentillesse de son héros et sa relation de père/fils de substitution. Leur rapport est aussi formidable que l’histoire prend le temps de se développer.
Pour autant, tout ne sera pas tout rose dans ce voyage puisque les singes du nouveau continent ne sont guère mieux que les humains et leurs défauts explosent à la vue d’un étranger qui ne parlent pas comme eux.

Cette belle histoire n’est pas pour autant sans défaut. Citons d’abord les rares scènes « d’action » qui viennent ponctuer le récit et que les réalisateurs ont bien du mal à mettre en scène, comme si c’était une spécificité qu’ils ne maitrisent pas. Évoquons ensuite le tout dernier acte, qui renvoie au Château des Singes, mais qui parait trop rapide, trop expédié pour le spectateur novice.

Mais ça n’enlève rien aux qualités de ce joli film. Nous avions des réserves sur Louise en Hiver, précédent film de son réalisateur, qui sont ici balayées d’un revers de manche. Après plus de 50 ans dans le milieu, et même si son âge se ressent désormais dans ses personnages, Jean-François Laguionie a encore bien des choses à nous raconter.

Le Voyage du Prince, de Jean-François Laguionie et Xavier Picard – Sortie le 4 décembre 2019

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