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Critique : Le Vilain, d’Albert Dupontel
Terry Gilliam nous avait déjà dit un mot sur Le Vilain, le prochain film d’Albert Dupontel. Alors, quand CloneWeb a été invité à une projection spéciale en compagnie du réalisateur, nous nous sommes jetés sur l’occasion. Verdict…
Après la projection, quelques questions ont été posées à Albert Dupontel. La retranscription de la rencontre sera bientôt en ligne !
Le Vilain – Sortie le 25 novembre
Réalisé par Albert Dupontel, avec Albert Dupontel, Bouli Lanners et Catherine Frot
Un braqueur de banques, le Vilain, revient après 20 ans d’absence se cacher chez sa mère Maniette. Elle est naïve et bigote, c’est la planque parfaite. Mais celle-ci découvre à cette occasion la vraie nature de son fils et décide de le remettre dans le » droit chemin « . S’ensuit un duel aussi burlesque qu’impitoyable entre mère et fils.
Albert Dupontel fait quelque peu figure à part dans le paysage cinématographique français, du moins en tant que réalisateur. Si on connaît l’homme pour l’avoir vu dans des drames tels que Deux Jours à Tuer ou Paris, il faut avouer qu’on a l’impression d’avoir à faire à une tout autre personne dès que ce dernier passe derrière la caméra tant il part dans des délires assez incroyables bourrés aux amphétamines et aux influences cartoons, non sans accompagner le tout d’un message subversif, à l’image de ce qui avait été fait dans Bernie ou dans Enfermés Dehors. Le réalisateur, qui n’hésite pas à foncer tête baissé dans le mur dans ses films au sens littéral du terme, revient pour la 5ème fois avec l’histoire d’un hors la loi qui va malgré lui trouver refuge chez sa mère, maudite pour avoir mis au monde ce vilain garçon, ce qui l’empêche par la même occasion de trouver le salut et de monter au ciel ! Tandis que le mauvais fiston va tenter de vite repartir en vadrouille, sa génitrice va alors tout mettre en œuvre pour forcer son fils à réparer ses erreurs du passé… Un programme quelque peu surprenant et réjouissant pour un film encore une fois assez atypique et réussi.
Tout d’abord, les fans de Dupontel ne seront pas dépaysés puisqu’une fois de plus, on retrouve tout l’univers barré qui faisait le sel de ses précédents films. Il faut dire que le réalisateur/acteur a un don certain à mettre en scène et jouer des personnages en marge de la société et légèrement troublés, comme il le montre avec cet homme à la méchanceté poussée, qui n’hésitera pas à faire quelques saloperies à sa mère pour s’en sortir. Et encore une fois, le tout est traité avec un humour assez féroce puisqu’on y trouve toujours une certaine violence dans les gags même si cela prend des allures tellement cartoon que ça en devient jouissif. D’ailleurs, la référence à des éléments très Tex Avery ne s’arrête pas aux simples gags mais est ici très poussée avec la tortue, personnage à part entière dans le film qui va être en conflit permanent avec Dupontel, les deux se renvoyant sans cesse la balle un peu à la manière de Bip Bip & Coyote.
Évidemment, le duo central du film reste bel et bien celui de la mère et du fils qui de la même façon vont chacun à leur manière mettre des bâtons dans les roues de l’autre ce qui donnera lieu à certaines scènes hilarantes et à de nombreux dialogues cocasses. Occupant aussi le rôle de scénariste, Albert Dupontel développe autour de ce duo une galerie de personnages tous plus barjos les uns que les autres, avec entre autres un médecin assez spécial dans son genre ou un promoteur immobilier véreux, qu’il utilise toujours au bon moment, exploitant là encore un sens assez incroyable du timing et de la réplique qui fait mouche. Et du point de vue du casting, c’est un sans faute puisque si le maître à bord possède un véritable don à jouer les grandes gueules allumées, Catherine Frot s’en sort à merveille dans le rôle de la vieille dame, en partie grâce à un maquillage bien foutue et à un travail sur la posture, la façon de parler et les gestes qui se révèle pertinent, tandis que les autres acteurs assurent complètement, avec Nicolas Marié, un habitué du metteur en scène, Bouli Lanners dont le personnage sent bon le Dikkenek ou encore Bernard Farcy (l’inspecteur des Taxi !) qui se révèle étonnamment juste.
A côté de ça, les habitués resteront conquis devant les séquences à 300 à l’heure où Dupontel se lâche complètement et prend un malin plaisir à faire le guignol et on pourra tout de même constater que le film se révèle beaucoup moins subversif que les précédents même si certains y verront une critique sous jacente contre les complexes industriels… Aussi, on pourra noter que la mise en scène s’est légèrement calmée vis-à-vis de ce qu’on a déjà vu auparavant et certains reprocheront peut être au film de rester un peu trop sage encore une fois en repensant au passé, mais finalement, force d’admettre que Dupontel a encore vu juste car Le Vilain se révèle être une fort sympathique comédie, sortant des sentiers battus de la production française actuelle et proposant quelques séquences folles qui plairont sans aucun doute aux amateurs d’humour noir et du travail de l’acteur/réalisateur/scénariste. Pour ceux qui en ont marre des sempiternelles comédies débordant de bons sentiments et d’un humour caressant les mœurs dans le sens du poil depuis des années, n’hésitez pas à devenir vous aussi vilains !
– Victor
2 commentaire
par FredP
J’ai aussi eu l’occasion de le voir et c’est vrai que le film est assez réussi. Cartoony à souhait avec des personnages hauts en couleur. Dommage que la fin soit un peu baclée. J’aurai bien voulu en voir plus sur la manière dont ils sauvent tout le quartier. Mais les gags sont tous excellents.