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Critique : Le Flingueur

Le Flingueur est le titre français de The Mechanic. Pourquoi ce titre qui sonne vieillot ? Tout simplement parce que le film de Simon West est le remake de celui sorti en 1972 avec Charles Bronson.

Ici, point de Bronson ni de Michael Winner mais une mise en scène signée du mec derrière Les Ailes de l’Enfer et Jason Statham dans le rôle principal, cette fois accompagné de Ben Foster (X-Men 3). De l’action dans tous les sens, cerveau au vestiaire.

Le film sort le 6 avril prochain dans les salles françaises mais Arkaron a pu le voir en Irlande. Voici sa critique.

Mise à jour avec la critique express de Jean-Victor qui a également vu le film.

 

Le Flingueur (The Mechanic) – sortie le 6 avril 2011
Réalisé par Simon West
Avec Jason Statham, Ben Foster, Donald Sutherland
Un tueur à gage professionnel se voit confié la mission d’éliminer une de ses connaissances. Les circonstances feront qu’il prendra sous son aile le fils de sa cible pour faire de lui un assassin…

Marre des grands films aux ambitions grandiloquentes et à la perfection formelle indiscutable en ce début d’année 2011? Il faut dire qu’avec The King’s Speech, Black Swan, True Grit et Tron : Legacy, les amateurs de cinéma vont être gâtés. Mais ne craignez rien, car si vous redoutiez l’overdose de qualité, sachez qui les mois de mars et d’avril vous combleront de films amusants dans leur attitude de satisfaction des pulsions inavouables du public (Faster), de volonté de vendre du produit de contre-marque (I Am Number 4), d’être rétrogradement fun (Drive Angry), voire pour certains limite pornographique (Sucker Punch). Pour agrémenter ce plat apétissant, les studios n’ont bien entendu pas oublié le remake musclé du film des années 1970: The Mechanic, ou Le Flingueur en version française.

The Mechanic, c’est un peu la recette qui vous explique comment faire un bon remake de film d’action. D’abord, prenez un acteur d’envergure comparable à Charles Bronson. Par exemple, Jason Statham, très bien. Surtout, ne lui dites pas de jouer un personnage, laissez-le simplement froncer les sourcils pendant 1h40 et regarder à l’horizon de temps en temps (et puis ça permet de caser des plans poseurs de ci de là). Pour les personnages secondaires, assurez-vous d’avoir un vétéran bientôt oublié, et deux-trois figures montantes qui ne monteront jamais, ça coûte moins cher.

L’économie, c’est la clé du succès. Pas seulement d’un point de vue logistique, mais également d’un point de vue narratif. Ainsi, il faut que le récit aille droit au but: en 1h40, le spectateur doit se délecter d’au moins une demi-douzaine de scènes d’action. S’il faut reconnaître que la mise en scène est plutôt carrée, le réalisateur des Ailes de l’Enfer et de Tomb Raider effectue des choix inhabituels en cela qu’il se contente de scènes relativement succinctes à une exception près en milieu de métrage.

Est-ce à dire que le scénario prend son temps pour développer ses personnages? Pas vraiment, car au final, on en sait bien peu sur le jeune personnage de Steve McKenna, vaguement esquissé en deux lignes de dialogues, et encore moins sur le taciturne protagoniste Arthur Bishop, pas aidé par un acteur qui se joue lui-même. Que diable développe donc ce film s’il ne s’agit ni de l’action, ni de l’intrigue? Et bien, mise à part une photographie proprement écœurante, il faut peut-être aller chercher du côté de la comparaison avec l’original, réalisé par Michael Winner en 1972. C’est alors qu’une simple observation des scènes d’ouverture respectives des deux films se fait éloquente. Quand la version moderne introduit son tueur à gage en cinq minutes purement illustratives (Statham qui tue, Statham tors’ nu, Statham disparu), l’original en prenait quinze pour définir, sans le moindre mot, un personnage qu’il faudrait comprendre tout au long du récit. Avouons quand même que ça aide d’avoir recours à plusieurs expressions faciales.

En effet, les motivations des personnages ont semblent-elles subi ces trente dernières années, et ont opéré un glissement, délaissant une volonté de l’expression individualiste (existentialiste?) au profit d’une expression primaire de la vengeance et d’une coolitude m’as-tu-vu avec mes lunettes de soleil et ma grosse bagnole. Dans le temps donc, l’analyse de ce courant de pensée menait à la remise en question de la possibilité même pour un être d’exister de manière libre et en dehors du système, tandis qu’aujourd’hui, on nous dit que c’est tout à fait possible, il suffit de s’appeler Jason Statham et de ne pas vraiment avoir de vie au final. Sauf si vous considérez qu’habiter reclus, tuer des inconnus et forniquer en dix secondes de temps en temps est la vie dont vous rêvez.

Puisqu’on est plus ou moins sur le sujet des femmes, là aussi la comparaison est fascinante. Du non-traitement pur et simple par Winner, les scénaristes du remake n’en tiennent pas vraiment compte, et décident d’accorder à la gente féminine un traitement tout en finesse: deux apparitions de la partenaire sexuelle du héros, expédiées vite-fait bien-fait histoire de rassurer le public sans doute homophobe au cas où il croirait que nos deux tueurs machos sont en fait amants. Non, aucun risque… quoiqu’en y pensant, cette décision ne tiendrait-elle pas plus de la mystification que d’une réelle volonté d’exploration intelligente de la vie sexuelle et sentimentale des assassins? Notez tout de même qu’Arthur Bishop, notre protagoniste, est un vieux garçon crispé des sourcils, et qu’il accueille dans sa grande maison de bois isolée au fond d’un lac, un jeune homme pas mal foutu qui fait le deuil de son père. Avant d’arriver à la confrontation finale inévitable, ou tentative d’émancipation de toute figure paternelle, le scénario nous offre tout de même quelques scènes à double-sens crypto-gaies. Observez la première mission de l’apprenti, qui doit venir à bout d’une armoire à glace plus masculine tu meurs, et qui pratique l’excitation et la montée d’adrénaline en caleçon (c’est surement mieux pour les phéromones). Et le nouveau tueur à gage de rentrer retrouver son mentor, qui lui tend un kit médical sans un mot, mais avec un regard fort insistant, le tout éclairé par la lumière de la nuit dans l’intimité de leur foyer. Je vous laisse également déguster ce splendide dialogue entre nos deux héros, au téléphone:

« -C’est moi.
-Tu rentres quand? J’ai faim.
-Tu es où là?
-Dans le salon.
-Assieds-toi sur le canapé. »

Bon, après ils passent à autre chose, mais les dialoguistes ont dû dérober ces lignes à un quelconque film érotique qui a marqué leur enfance. Pourquoi un type qui sait refroidir quatre hommes armés en quelques secondes attendrait-il que son copain rentre à la maison pour se faire à manger? Bon, j’arrête là l’exploration de ce douzième niveau de lecture qui j’en suis sûr, n’est dû qu’à mon esprit perturbé. Sachez simplement que The Mechanic semble fort bien marcher pour son premier week-end au Royaume-Uni (salles combles plusieurs jours de suite). Devriez-vous donc aller voir le retour du Flingueur en avril dans les contrées françaises? Ma foi, si vous aimez les films d’hommes, les vrais.

– Arkaron

 

Le dernier film de ce réalisateur quasiment oublié qu’est Simon West se distingue en deux parties : une première d’une heure environ dans laquelle le film tente de rendre plus ou moins hommage à l’œuvre originale avec Charles Bronson au travers d’une histoire dont on se fout pour ainsi dire pas mal.
Et alors qu’on était à deux doigts de s’endormir, le long métrage pète un plomb et se transforme en une adaptation live réussie du comic book Red de Warren Ellis : Jason Statham fonce tête baissée et défonce tout sur son passage tel un bœuf surdopé, avec la ferme intention d’éliminer tous les salopards liés d’une façon ou d’une autre à son adversaire.
C’est peu dire qu’à côté de ça Ben Foster passe assez inaperçu et que tout ça reste un actionner bourrin de base mais vu la santé faiblarde du genre en ce moment, voir ce bon vieux Jason défourailler du méchant s’avère pour le moins plaisant

– Jean-Victor

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