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Critique : Le Dernier Pub avant la Fin du Monde

Il ne faut pas confondre Le Dernier Pub avant la Fin du Monde, troisième volet de la trilogie « Blood and Ice Cream » initiée avec Shaun of the Dead, et le Dernier Bar, lieu branché et geek de Paris.

Le Dernier Pub, lui, s’appelle « The World’s End » en anglais et n’a jamais aussi bien porté son nom puisqu’il fait partie des appellations traditionnelles de pubs anglo-saxons comme on en retrouve dans plusieurs grandes villes de l’autre coté de la Manche (à la manière de « The Fox & the Hound », « The Mermaid » ou « The Hole in the Wall ») et parle de fin du monde…

L’apocalypse selon Edgar Wright a-t-elle un goût de bière ?

 

Non content d’être un premier film absolument génial, Shaun of the Dead a marqué la décennie passée et reste encore aujourd’hui fréquemment cité comme l’une des meilleures comédies d’horreur jamais faites. Ça pose un peu la pression pour une carrière, à laquelle Edgar Wright a très bien répondu par deux fois : d’abord en faisant le « Shaun » des films d’action tendance Michael Bay avec Hot Fuzz puis en adaptant la BD frappadingue Scott Pilgrim dans un film survolté.
Après cette aparté comic-book qui reprendra bientôt de plus belle avec Ant-Man chez Marvel Studios, Edgar Wright a tout de même eu le temps de retrouver son gang à lui, avec Simon Pegg & Nick Frost, pour clôturer la « trilogie Cornetto », après Shaun & Hot Fuzz. Pas vraiment des suites, mais des films qui s’inscrivent dans un genre bien particulier pour mieux le faire exploser de l’intérieur. Et pour se faire, les deux acteurs allumés se retrouvent avec leurs amis d’enfance pour terminer le « Barathon », 12 pubs, 12 pintes de bière, avant de voir leur délire compromis par des activités extra-terrestres… Le dernier pub avant la fin du monde, ou l’ultime baroud d’honneur… bourré ?

Si The World’s End opte pour le film d’invasion après les zombies et les gunfights enragés, il commence pourtant bel et bien comme un film de potes au tempérament bien trempé, et bien anglais (pléonasme diront certains). Simon Pegg joue un loser à la trentaine passée dont la vie tourne sérieusement en rond et qui trouve comme seul objectif pour se remettre en jambes que de revivre sa soirée d’ado la plus mémorable, avec les 12 pintes à enchainer. Réunissant contre leur gré ses amis d’enfance dont les différences se sont accentuées avec l’âge, le personnage offre l’occasion à l’acteur fétiche d’Edgar Wright de s’adonner à un véritable one man show hystérique durant 40 minutes. Gonflant ses amis un par un pour les rassembler, le bougre tient le film sur ses seules épaules et donne toute l’exubérance retenue en lui pour amuser la galerie, et ce même durant les premières pintes digérées par une bande de potes qui ne sait pas vraiment ce qu’elle fout là. En soit, cette première partie est un peu étrange. Quand bien même on adore Simon Pegg et lui reconnaissons un vrai talent comique, il y a sûrement un trop plein dans cette intro qui tire vite sur la corde. C’est de pair avec le personnage au sein du récit, qui use et abuse de la gentillesse de ses amis pour venir à ses fins, mais on partage étrangement la même impression qu’eux, et le personnage peut vite devenir agaçant, comme il peut être drôle fort heureusement la seconde d’après. Cette mise en jambe renoue avec certains gimmicks comiques d’Edgar Wright, notamment son amour pour les montages enchainant les plans très rapides en cut et les décalages entre la perception du personnage et la réalité (souvenez-vous Shaun qui va chercher sa glace pas bien réveillé…), mais le tout manque un peu de piquant par rapport aux deux premiers films du réalisateur. Enfin, tout ça, c’est avant que la situation dégénère…

Il est tout de même question de fin du monde, et lorsque les ennuis débarquent, l’hystérie du personnage semble s’emparer de la caméra en mettant un sacré coup d’accélérateur au film.
En soi, la deuxième partie de The World’s End semble être la rencontre entre l’univers de Wright période Shaun/Hot Fuzz avec des délires de mise en scène propres à Scott Pilgrim. Sorte de film somme, cette histoire de pubs montre l’expérience acquise par le réalisateur depuis ses débuts, notamment dans une série de combats garnis en kung-fu et autres prises d’arts martiaux super rapides. C’est hyper dynamique, limite frénétique par moment, et dès lors que les ennuis commencent, le film semble ne surtout plus vouloir s’arrêter, enchainant les poursuites et les bastons à toute berzingue, avec quelques pauses succinctes permettant aux acteurs de lâcher deux trois âneries le temps de souffler. Dans cette idée de toujours faire monter la tension et la folie, le film recoupe avec son démarrage et est sûrement trop long, reposant aussi trop sur sa structure hyper linéaire. Les enjeux deviennent quasi surréalistes, plombé par cette envie d’en finir en beauté coûte que coûte. Parce qu’ils savent sans doute qu’ils sont attendus au tournant, Wright & Pegg (scénaristes de la chose) donnent tout, et sans doute trop, quitte à se faire plaisir en mettant en scène des choses qui leur tiennent à cœur sans qu’elles ne trouvent vraiment une explication logique là-dedans. Cette sensation de trop plein est quelque part due à la générosité extrême de l’entreprise : on ressort épuisé par son insatiable hystérie et folie, mais c’est ce qu’on était venu chercher. Peut-être la surprise n’est plus du tout de mise, certains gags des précédents films étant répétés tels quels, et le long-métrage se portant tout du long l’impression de retrouver des vieux potes qui nous ont toujours fait marrer, mais dont on connaît un peu trop les blagues, et ces derniers les appuyant jusqu’au bout pour être sûrs de les épuiser une bonne fois pour toute. Répétant à outrance certains trucs qui ont fait leur patte (vous allez en voir des pintes se faire remplir de bière…), les deux auteurs ont mis le paquet mais restent un peu trop attendu sur certaines choses, et le tout manque de spontanéité ou de la fraîcheur des précédents.
Ça n’en reste pas moins bourré d’idées aussi bien visuels que narratives, les acteurs semblent tous contents de faire copains avec les joyeux lurons, la bande son enchaine les tubes rocks aussi old school qu’irrésistibles et le film fini par donner envie d’aller s’enfiler des pintes autour de conversations geeks passionnées.

Ça suffit donc à en faire un bon moment de divertissement, sans pour autant cacher cette désagréable sensation que les copains ont vieillis, et que certains délires ont bien du mal à passer l’âge.
Après Shaun of the Dead, Hot Fuzz en avait perturbé plus d’un. The World’s End persiste dans cette veine, celle qui nous fait renouveler avec nos habitudes chez Edgar Wright tout en amenant des choses nouvelles pour un résultat foutraque, barré, généreux et sans doute un peu trop convulsif. Peut-être trop attendue pour ne pas être vraiment surprenante, la conclusion de la trilogie Cornetto reste une comédie hautement sympathique proposant son lot de scènes mémorables, tout en nous prouvant constamment qu’il était temps pour le trio anglais de s’arrêter, avant de faire le film de trop.

 

Le Dernier Pub avant la Fin du Monde – Sortie le 28 août 2013
Réalisé par Edgar Wright
Avec Simon Pegg, Nick Frost, Paddy Considine, Martin Freeman, Eddie Marsan, David Bradley
L’histoire débute le 22 juin 1990 dans la petite ville anglaise de Newton Haven : cinq adolescents au comble de l’âge ingrat fêtent la fin des cours en se lançant dans une tournée épique des pubs de la ville. Malgré leur enthousiasme, et avec l’absorption d’un nombre impressionnant de pintes de bière, ils ne parviennent pas à leur but, le dernier pub sur leur liste : The World’s End (La Fin du Monde). Une vingtaine d’années plus tard, nos cinq mousquetaires ont tous quitté leur ville natale et sont devenus des hommes avec femme, enfants et responsabilités, à l’alarmante exception de celui qui fut un temps leur meneur, Gary King, un quarantenaire tirant exagérément sur la corde de son adolescence attardée. L’incorrigible Gary, tristement conscient du décalage qui le sépare aujourd’hui de son meilleur ami d’antan Andy, souhaite coûte que coûte réitérer l’épreuve de leur marathon alcoolisé. Il convainc Andy, Steven, Oliver et Peter de se réunir un vendredi après-midi. Gary est comme un poisson dans l’eau. Le défi : une nuit, cinq potes, douze pubs, avec un minimum d’une pinte chacun par pub. À leur arrivée à Newton Haven, le club des cinq retrouve Sam, la soeur d’Oliver pour qui Gary et Steven en pincent toujours. Alors que la fine équipe tente, tant bien que mal, d’accorder le passé avec le présent, une série de retrouvailles avec de vieilles connaissances et des lieux familiers les font soudain prendre conscience que le véritable enjeu, c’est l’avenir, non seulement le leur, mais celui de l’humanité entière, et arriver à «La Fin du Monde» devient le dernier de leurs soucis…

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