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Critique : Le Combat Ordinaire

Ce mercredi est marqué par la sortie du dernier Marvel, Ant-Man (en réalité sorti mardi 14 juillet d’ailleurs) et par la reprise de l’indispensable Sorcerer de William Friedkin.

Mais peut-être que, curieux que vous êtes après avoir lu la bande dessinée de Manu Larcenet, vous aurez envie d’aller voir l’adaptation du Combat Ordinaire que Laurent Tuel sort en salles ce mercredi avec Nicolas Duvauchelle dans le rôle principal…

 

LA CRITIQUE

Sur les traces de son homologue américain, le cinéma français éprouve un certain manque d’originalité en allant piocher de plus en plus son inspiration dans l’adaptation d’autres œuvres de médias plus prolixes. La tendance récente est à la transposition de bandes dessinées. Nous ne parlons évidemment pas des grandes séries comme les Tintin ou Astérix qui ont d’autres chats à fouetter, mais bien des petites perles qui émergent de temps en temps, souvent mises en lumières par une récompense méritée au fameux Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

C’est donc au tour du Combat ordinaire de Manu Larcenet, disponible en quatre volumes et publiée chez Dargaud depuis 2003, d’être adapté sur le grand écran sous la houlette de Laurent Tuel, réalisateur de Jean-Philippe, mais moins chanceux au box office depuis en n’ayant pu dépasser les 300 000 entrées avec Le Premier cercle puis La Grande boucle.

Qu’est venu chercher Laurent Tuel dans ce projet ? Il est probable que le public ne soit pas plus présent cette fois-ci tant Le Combat ordinaire “le film” n’a rien à faire au cinéma. Le constat est formel. Ce long-métrage a tout d’un téléfilm diffusable en prime time sur France 3 qu’un véritable cachet cinéma. Ce que les réalisateurs oublient assez souvent lorsqu’ils se lancent dans une adaptation de bande dessinée, c’est que cette dernière se distingue par son visuel marqué. Les dessins d’un Riad Sattouf, ou d’un Joan Sfarr n’ont rien à voir avec ceux de Manu Larcenet, par exemple. De même que pour une peinture, l’artiste pose une patte visuelle déterminante pour son œuvre, autant dans sa vision du monde qu’elle porte et qu’elle la distingue aussi des autres. Or, il n’y a rien de plus commun que de filmer des acteurs ou actrices avec une caméra.

Si pour La Vie d’Adèle, Abdellatif Kéchiche avait choisi un style presque documentaire avec une caméra à l’épaule, Bertrand Tavernier n’avait, quant à lui, gardé quelques excentricités surréalistes dans son adaptation talentueuse de Quai d’Orsay. Ici, la vie compliquée de Marco, le personnage principal du Combat ordinaire, touche aux petits tracas et grands drames du quotidien d’un monsieur tout le monde, avec ses forces, ses inquiétudes et ses crises d’angoisses qui le tenaillent par moment. Les petits personnages déformés sous les traits de Manu Larcenet marquaient une distance sur leurs aventures non spectaculaires, mais qui ne sont pas pour autant dénuées de tragédie. Nicolas Duvauchelle aura beau essayer de bien faire, l’incapacité chronique de Laurent Tuel à transcender les cases colorées de l’œuvre originale à travers sa caméra donnera un film bien fade, vain et aux problématiques vues mille fois (et en mieux).

Cette triste adaptation cinématographique fait tomber le contenu touchant de l’œuvre graphique de Manu Larcenet dans une banalité confondante et parfois dans une bêtise prétentieuse, notamment où l’on touche des sujets sensibles et complexes comme la guerre d’Algérie ou la politique. Marco enchaîne les poncifs entre la torture c’est mal et les “on les aura” en parlant du Front national, mais ferme toute possibilité d’échange avec ses contradicteurs qui disparaissent avec leurs torts sans avoir pu justifier leurs “mauvais” choix. Le film se structure sur les trois premiers volumes, en allant jusqu’à reprendre leurs titres pour ses trois parties pas forcément imperméables les unes avec les autres. Avec un film sans enjeu (étant donné que le plus pertinent, celui de vivre avec des crises d’angoisse, n’est pas plus utilisé que cela) le spectateur et Marco subissent autant les événements que la musique lourdingue de Cascadeur, effaçant toute pudeur par sa trop grande présence sur la bande son. On ne sait pas où l’histoire veut nous emmener et on s’interroge encore sur la raison de ces plans face caméra en noir et blanc de certains personnages s’exprimant en voix over.

Allez plutôt vous plonger dans la bande dessinée de Manu Larcenet que dans le nouveau film de Laurent Tuel qui aurait très bien pu s’appeler Le Téléfilm ordinaire.

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Le Combat Ordinaire – Sortie le 15 juillet 2015
Réalisé par Laurent Tuel
Avec Nicolas Duvauchelle, Maud Wyler, André Wilms
« Le combat ordinaire » c’est le combat de Marco, jeune trentenaire, un brin bourru, mais animé de bonnes intentions et qui, à partir de petites choses, de belles rencontres, d’instants précieux, souvent tendres, parfois troublants, va se reconstruire et vaincre ses vieux démons.

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