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Charlie Kaufman continue de surprendre. Scénariste éclectique, réalisateur talentueux, celui qui a écrit Eternal Sunshine of the Spotless Mind pour Michel Gondry et mis en images le film en stop motion Anomalisa revient où on ne l’attendait pas : à l’écriture d’un film d’animation pour Dreamworks Animation, La Nuit d’Orion, d’après livre pour enfants d’Emma Yarlett « L’Enfant qui avait peur du noir ».
Vous avez peur du noir, vous ? Ou assez d’imagination pour flipper dans telle ou telle situation ? Quand vous allez dans des toilettes publiques, craignez-vous de les boucher ? Et se passerait-il si le sol se dérobe sous vos pieds. Ne parlons pas de la peur du noir ou des bruits chelous qu’on peut entendre une fois sous la couette. Votre serviteur, lui, n’aime pas voir sous ses pieds : pas de passerelle, pas de bouche d’aération et pas d’endroit en hauteur où on ne se sent pas en sécurité.
Orion, lui, a peur de tout ça. C’est un petit garçon américain comme les autres si ce n’est qu’il flippe de tout, encore plus de parler à la fille du collège. Encore encore plus du noir. Lui qui prend sur lui en dessinant ses peurs dans un carnet va découvrir que le Noir est une personne. Une créature. Quelque chose d’humanoïde tout comme celle qui est responsable des bruits dans la rue en pleine nuit et celle qui vous aide à dormir. Un peu comme les émotions de Vice Versa mais autour de la nuit. Quand il va s’en rendre compte, sa vie va changer.
On ne va pas se mentir, La Nuit d’Orion ressemble à quelques Pixar mélangés ensemble. Graphiquement, le film a des airs d’Alerte Rouge (on y reviendra) et thématiquement c’est la rencontre entre Montres & Cie et Vice Versa, donc. Même Dark, la personnification de la nuit, fait penser à Sullivan habillé en noir. Pourtant, une fois la comparaison admise, le film va se démarquer par les idées qui pullulent pour monter son univers. L’ensemble va se révéler charmant et renvoyer à l’enfonce (ou à votre nuit d’hier). On se balade à travers des exemples malins et souvent drôles de gens qui tombent dans le sommeil. Et l’écriture de Charlie Kaufman est d’autant plus soignée qu’il tente quelques pirouettes scénaristiques qu’on se gardera bien de spoiler mais qui sont une idée maligne.
Malheureusement une fois l’univers bien en place, les équipes de Dreamworks ne savent pas trop quoi en faire. On nous vend bien une rivalité avec la Lumière et le fait que la vie est globalement plus belle avec du soleil mais l’ensemble va manquer cruellement d’un enjeu défini, quelque chose d’assez solide pour ne pas trouver un ventre mou au récit dans son second tiers, un récit qui parvient à finir mignonnement malgré tout.
Animé par Mikros, qui avait déjà travaillé sur l’hilarant Capitaine Superslip pour Dreamworks, La Nuit d’Orion est techniquement chouette, avec un chara design de personnages rappelant Turning Red de Pixar et des détails physiques qui font d’avantage penser au Snoopy de feu Blue Sky Studios.
Il manque donc des choses à cet Orion, en terme d’originalité et d’enjeux, pour en faire un grand film d’animation. C’est sûrement en tout état de cause que DWA a choisi Netflix plutôt que la salle. Néanmoins, n’hésitez pas à y caler vos enfants un dimanche matin. Peut-être que ça leur permettra de dépasser leurs peurs chelous ?
La Nuit d’Orion, de Sean Charmatz – Disponible sur Netflix le 2 février 2024