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Critique : La Nuit A Dévoré Le Monde
Les sorties de ce mercredi 7 mars seront marquées par le retour de Benoit Jacquot avec Isabelle Huppert dans le rôle principal ainsi que par le fameux The Disaster Artist, de James Franco dont nous vous parlions ici.
Mais ce mercredi verra aussi la sortie de La Nuit A Dévoré Le Monde, de Dominique Rocher, adaptation du roman éponyme écrit par Martin Page sous le pseudo de Pit Agarmen…
LA CRITIQUE
On se réjouit toujours de voir les lignes du cinéma de genre français bouger avec des projets qui se veulent audacieux, qui cherchent à jouer avec les codes du genre pour éviter les jumpscares, les éternelles fuites en avant et autres facilités scénaristiques qui font d’habitude le sel de tout un tas de films qui ne trouvent ni public ni critique. Entre Revenge de Coralie Fargeat, Grave et ses nominations aux Césars et le futur Dans La Brume avec Romain Duris, on prend du plaisir. La Nuit a dévoré le Monde s’inscrit dans la même veine.
Le premier long-métrage de Dominique Rocher nous fait découvrir le personnage de Sam, incarné par le comédien norvégien Anders Danielsen Lie. Il va chez son ex récupérer des cassettes audio. Une fête bat son plein et il s’endort dans un bureau, au fond de l’appartement parisien. Quand il se réveille, il découvre que tout le monde est mort et que Paris a été envahi par des zombies. Lui, seul dans son immeuble haussmanien, va devoir survivre.
Co-écrit avec le jeune auteur de polars Jérémie Guez et le toujours très bon Guillaume Lemans, la Nuit a Dévoré le Monde est bien un film de zombies. Mais ce n’est pas un film d’horreur, c’est d’ailleurs tout ce qui en fera sa force. L’immeuble dans lequel échoue le héros étant isolé des autres, on est d’avantage face à un homme débarquant sur une île déserte, qui doit apprendre à se débrouiller. Ce musicien débrouillard va donc se transformer en une sorte de Robinson Crusoe urbain, qui va devoir bricoler quand il n’y aura plus d’eau ni d’électricité et qui devra faire à des menaces plutôt légères, les quelques morts vivants ayant survécus dans les autres étages (dont Denis Lavant, maquillé et coincé dans un ascenseur). Et à l’instar de Tom Hanks dans Seul au Monde, il est d’abord question de survie avant de songer à quitter les lieux.
Dominique Rocher joue avec tout ça, livrant un film très coloré dans un immeuble parisien soigneusement décoré, loin des ambiances à la Walking Dead, loin de ce que faisait George Romero. Certes, il y a du sang et un peu d’action quand même mais il y a d’abord l’envie de raconter les choses différemments, et de le faire plutot bien, ce qui ne peut que nous séduire.
Alors, certes, il y a des petits défauts inhérents aux premiers films. Le montage n’est pas toujours optimal, certaines scènes donnant l’impression d’être alternées avec d’autres. Et le personnage n’est pas aussi bien caractérisé à l’écran qu’il nous est vendu (le dossier de presse indique qu’il est de nature solitaire, ce qui ne transparait pas à l’écran si ce n’est à travers le fait qu’il ne cherche pas à fuir comme un idiot).
Le dernier acte se détache du reste, notamment grâce à la présence rafraichissante de la toujours parfaite Golshifteh Farahani, venue donner un souffle nouveau au film qui en avait besoin pour se conclure.
Vous voulez voir un film de zombies qui ne vire pas à l’horreur facile, aux scènes de nuits et aux jumpscares évidents ? Alors, La Nuit A Dévoré Le Monde est fait pour vous.
La nuit a dévoré le monde, de Dominique Rocher – Sortie le 07 mars 2018
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