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Critique : La Meute

Sur CloneWeb, on aime soutenir les films de genre français et les premiers films audacieux. C’est pour ça qu’on vous a poussé en salle voir Djinns, qu’on soutient Captifs (dont la critique est à venir) ou qu’on est allé à la rencontre de Fabrice Gobert pour parler avec lui de Simon Werner. Ces films ne sont pas sans défauts mais sont souvents prometteurs
Mais parfois, c’est un discours qui n’est pas tenable. C’est le cas ici avec La Meute…

La Meute – Sortie le 29 septembre 2010
Réalisé par Franck Richard
Avec Yolande Moreau, Emilie Dequenne, Benjamin Biolay
Charlotte fuit sa vie. Sur une route déserte, elle prend Max en stop. Max disparaît dans un routier quelques kilomètres plus loin. Intriguée, Charlotte revient sur les lieux la nuit et se fait surprendre par La Spack, propriétaire du bar, femme étrange en charge d’une drôle de Meute. Le combat de Charlotte commence…

Le cinéma de genre en France, ça a toujours été une drôle d’histoire…

Malgré les nombreuses remarques de certains et une plainte générale chez les geeks, on peut constater que 2010 aura été étonnement fructueuses en films de genre made in chez nous. Introduite par La Horde, cette cuvée annuelle de ce que les étrangers appellent « The French Wave of Horror » affiche une certaine vitalité avec des œuvres comme Captifs, Proie ou des œuvres plus fantastiques/décalées comme Djinns, le Village des Ombres et Rubber.

Faisant partie de la dernière partie des livraisons de l’année, voici venir pourtant un projet attendu depuis un certain temps et s’étant même payé le luxe d’une présentation à Cannes, la non moins mystérieuse Meute. Produite par cette bonne vieille Fabrique de Films ressuscitée en express pour continuer de financer des projets aussi fous, ce premier film réalisé par un fan de comic book appelé Franck Richard possédait à priori plusieurs cordes à son arc puisque le casting du film était fort prometteur, entre une Emilie Dequenne échappée de chez Téchiné pour taper du monstre face à une Yolande Moreau promettant son lot de répliques grivoises et ce bon vieux Philippe Nahon qui semble accepter tout film sanglant atterrissant chez son agent. Ainsi cette Meute était pour le moins prometteuse et c’est sans dire que la déception n’en a été que plus grande…

Le film démarre pourtant de manière assez correcte, avec une Emilie Dequenne en plein road trip solo dans sa voiture qui semble aller là où elle daignera l’emmener. La jeune actrice a troqué sa panoplie de jolie fille pour celle de femme rebelle et un tantinet rockeuse sur les bords pour mieux s’incorporer dans le paysage dans lequel elle va se retrouver, une auberge un rien perdue et légèrement crasseuse. Vous savez, le genre de lieu dans les films d’horreur dans lequel les héros se paument pour que la situation dégénère pour votre plus grande joie.

Tandis qu’elle y fera mieux la connaissance d’un Benjamin Biolay croisé sur la route et qui va vite disparaître dans la toilettes après s’être fait taper par des motards désireux de violer les deux zouaves, Yolande Moreau fera son apparition en patronne des lieux prête à en découdre au shotgun si quiconque souhaite y faire sa loi. Pour mieux faire régner la sienne et gérer sa petite affaire sordide…

Pas besoin de vous faire un dessin, ce démarrage se révèle ultra classique et prévisible mais reste regardable pour l’ambiance pas trop mal foutue tandis que cette exposition se déroule sous le signe de l’humour, le scénario ne lésinant pas sur les répliques grasses et donnant dans l’humour noir, avec en tête de liste une loooonnnnngue blague avec un zoophile, un pyromane, un assassin, un nécrophile, un sadique et j’en passe.
Bien que poussif et assez maladroit dans la caractérisation de ses personnages comme le montrent les trois motards pas crédibles pour deux ronds et au jeu assez approximatif, cette introduction prend son temps pour tenter de poser une atmosphère et après tout, on ne peut pas le reprocher à son auteur qui a le mérite d’essayer de faire les choses consciencieusement.

Arrive alors le retournement de situation attendu amenant l’épouvante dans le film, et là, c’est le drame.

Révélant le vrai visage de Yolande Moreau « qu’on adore parce qu’elle parle grossièrement alors on la fait parler grossièrement », le film dévoile un second chapitre complètement approximatif dans lequel notre troupe va tenter de se sortir d’une galère vue mille fois (se sont fait séquestrés quoi…) et se déroulant en pilote automatique. Un passage ronflant, prévisible comme pas permis, dans lequel l’élément extérieur censé changer la donne est traité de manière grotesque et donnant dans du retournement retourné 3 fois (comprendra qui pourra…) pour meubler tant bien que mal la situation.

Et tandis que certaines transitions abruptes montrent que le montage peut parfois lui aussi galérer à cacher un manque de budget malheureusement évident, ce dernier se révèle poussif puisque une scène peut prendre 3 plombes sur un élément inintéressant tandis que celle d’après apriori pourvue d’un minimum de péripétie va passer à la trappe dans une de ces fameuses transitions abracadabrantesques. Le pire, c’est que tout cela comble autant qu’il peut le vide que représente le milieu du long métrage pour amener ce qui semblait le plus intéressant dans le film, à savoir le fantastico/horrifique avec l’apparition de la fameuse meute. Et autant dire que vous n’allez pas être déçus tant la meute de trois gaillards maquillés fait pitié à voir. Non parce que c’est sympa les mecs d’avoir mis tout le budget maquillage sur la tronche des monstres, seulement ce sont des monstres, on est bien d’accord ? Des monstres qui sortent de sous terre en bleu de travail flambant neuf.

30 secondes de réflexion plus tard, on a écarté la piste « c’était des mineurs ! » face à la tronche de nos monstres faisant voler en éclat toute suspension d’incrédulité (hormis peut-être pour un spectateur de moins de 12 ans…) pour faire venir un peu d’action avec une fusillade… dans une cabane de 10 m² assiégée !! (Admettez que ça donne envie.).

Si ce n’est plus la peine de dire que l’action ultra molle du genou et au découpage approximatif dure trois plombes pour pas grand-chose, le reste du film alterne rêves sanglants sans intérêts avec effets grotesques et complètement abjects pour tenter de faire peur, dont un des derniers plans dans lequel surgit d’un noir total la tête d’un des bestiaux en gros plans qui finira par gueuler face caméra.

Faite « BOUH ! » à votre voisin sans le prévenir, il en aura d’autant plus peur alors que le générique de fin pointera le bout de son nez sans qu’on ait vraiment compris où était la conclusion de la chose.

On a toujours eu tendance à faire preuve d’une indulgence absolue et d’une certaine tendresse pour ce genre de films venant du pays au coq et pourtant, là, difficile de retenir quoi que ce soit.
Amusante farce dans son démarrage sombrant vite dans un gloubiboulga amateuriste d’une pauvreté cinématographique assez embarrassante, La Meute finit par se rétamer systématiquement la tête la première à chaque étape jusqu’à en devenir ennuyant à mourir.

Sacrifiant vite le seul élément qui le maintenait un minimum à la surface (son humour), le film échoue à tous les niveaux et ne se révèle ni fun, ni gore, ni quoi que ce soit tout en étalant un mauvais goût des plus prononcés.
Certes, c’est le genre de films qu’il faut soutenir en salles pour espérer que les suivants n’ait plus de problèmes financiers et puissent faire joujou sans souci mais très honnêtement, on voit mal comment on pourrait vous conseiller de balancer 10 € pour voir un truc pareil.

– Jean Victor

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