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Critique : La La Land

Batteur de jazz, passionné de comédies musicales dont la mise en scène l’inspire, Damien Chazelle nous avait parlé de La La Land en 2014 lors de son passage au Festival de Deauville. A l’époque, il y voyait Miles Teller et Emma Watson.

Le résultat final arrive sur nos écrans le 25 janvier prochain, avec en fait Ryan Gosling et Emma Stone, bien après la sortie américaine mais juste à temps pour espérer surfer sur quelques récompenses dorées. Méritées ?

 

LA CRITIQUE

En 2014, le jeune réalisateur Damien Chazelle (il n’a que 32 ans !) surprenait tout le monde avec Whiplash et offrait son meilleur rôle à Miles Teller. Après avoir mis un coup de polish au scénario de 10 Cloverfield Lane (il sera intervenu pour raccrocher le script de Josh Campbell et Matthew Stuecken à l’univers de Cloverfield), le revoici derrière la caméra avec un autre film autour de la musique : l’éblouissant La La Land.

Après une séquence d’ouverture où des gens coincés dans les embouteillages de Los Angeles se mettent à chanter et à danser pour montrer qu’ils kiffent la vie, on va faire la connaissance de Sebastian, pianiste de jazz qui cherche à faire autre chose de sa vie que de jouer une setlist toute prête dans un restaurant, et Mia qui travaille un Starbucks-like à Hollywood et rêve de devenir comédienne. Eux qui étaient dans le même bouchon, pare-choc contre pare-choc, vont se croiser plusieurs fois. Et faire un bout de chemin ensemble sur fond de numéros musicaux et autres chorégraphies.

A travers ce qui semble n’être sur le papier qu’une banale histoire de couple, Damien Chazelle rend un vibrant hommage au cinéma qu’il aime, de Jacques Demy à Stanley Donen ou Vincente Minnelli. On est dans la plus pure tradition des comédies musicales, où les personnages vivent dans des endroits fantasmés, chantent et dansent leurs joies et leurs peines. On ne peut s’empêcher de penser à The Artist, de Michel Hazanavicius qui, en 2011 et non content d’offrir son plus beau rôle à Jean Dujardin, reprenait des éléments à cet univers et principalement à Singin’ in the Rain. Mais si l’intrigue se déroule à Hollywood, et si une longue séquence fait la part belle aux tournages californien, Damien Chazelle ne se contente pas de l’aspect meta ou de citer des longs métrages qu’il aime comme La Fureur de Vivre. Il cherche à proposer sa propre vision du genre, en incluant des éléments très modernes et y faisant exploser sa passion pour la musique jazz.

Non content de rendre hommage à l’âge d’or du cinéma hollywoodien, Chazelle cherche à y apporter de la modernité comme le montre la séquence d’ouverture qui aurait presque pu être tournée hier sur le périphérique parisien ou comme le montre l’interruption d’une scène clef par la sonnerie d’un téléphone portable, gag sonore qui rappelle au spectateur, qui s’était envolé quelques minutes avec les personnages, où il est vraiment. Dans le film, Sebastian voit la musique jazz mourir mais il la voit aussi modernisée (pas très bien, via un personnage incarné par John Legend) puis revivre. Si le message peut se prendre au premier degré, on sait également lire entre ses lignes…

On sait que Chazelle avait un sens du rythme incroyable, qu’il partage avec son monteur Tom Cross et comme on a pu le voir dans Whiplash auparavant. Il le montre une nouvelle fois dans La La Land, avec des séquences parfaitement justes, où la musique et les images ne font plus qu’un pour nous transporter. Il pousse aussi ses comédiens pour en obtenir le meilleur. Beaucoup de séquences sont longues, très longues, et si certaines coupes sont repérables, on retiendra quand même un plan-séquence où Emma Stone et Ryan Gosling parlent, chantent et dansent sur un bout de route au sommet d’une colline hollywoodienne pendant de très longues minutes. Et tourné manifestement en une seule fois. Emma Stone y livre la meilleure prestation de sa carrière (un Oscar, s’il vous plait, merci !).

Si George Miller est un des rares réalisateurs de ces derniers années à avoir réussi à faire bouger les spectateurs sur leurs sièges avec des pingouins en performance capture, Damien Chazelle, lui, donne envie de vivre à nouveau dans l’univers magique de la comédie musicale, dans des univers magiques comme ceux de West Side Story ou Mary Poppins. A travers ce couple qui nous renvoie à nous-même, à nos propres joies et à nos propres difficultés, il nous offre une dose de bonheur comme on en avait pas eu depuis longtemps. Et comme on en a bien besoin.

La La Land, de Damien Chazelle – Sortie le 25 janvier 2017

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