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Critique : La Grande Aventure Lego 2

Nous suivons l’aventure de Lego 2 depuis ces présentations au Festival d’Annecy en 2017 et 2018. Le film arrive enfin dans les salles le 20 février 2019 après une série d’avant-premières le weekend précédent.

Mais tout est-il encore super génial ?

 

LA CRITIQUE

Il y avait toutes les raisons au monde de craindre The Lego Movie à sa sortie en 2014 et pourtant, le film a vite tout raflé sur son passage, allant à l’encontre de l’immense publicité attendu pour s’imposer comme un immense délire méta et pop qui célébrait l’imaginaire avec une énergie démentielle et un humour corrosif très conscient des dérives des franchises à outrance.
Salué par la critique et auréolé d’un joli succès, le film a déjà eu le droit à 2 spin-offs mais semble surtout avoir lancé une mode puisque les films Playmobils, Emoji ou Funko POP doivent assurément leur existence à celui-ci.
L’occasion de faire évoluer le discours de la franchise et de prendre en compte les dérives qui en ont découlé, d’autant que s’ils ne sont pas à la réalisation comme sur le premier, Phil Lord & Chris Miller signent toujours le scénario et la production, peu après en avoir fait autant sur l’incroyable Spider-Man – Into the Spider-Verse

Lorsqu’on quittait Emmet, Coot-Tag, Batman et consorts, ils se retrouvaient face à un terrible envahisseur : les jouets Duplo de la petite sœur ! Un teasing qui n’aura pas été vain puisque cette suite démarre précisément à cet instant et montre comment cela a déclenché une guerre sans merci, laissant le merveilleux monde des briques jaunes dans un état lamentable.
En clair, c’est devenu Mad Max, les conditions de vie sont atroces et au milieu du chaos, Emmet préserve un enthousiasme incompréhensible et aveugle, chantant toujours « Everything is Awesome » quand rien ne l’est plus. Mais les choses vont changer quand un envahisseur va kidnapper ses amis, l’embarquant un peu plus près des Duplo…

Lord & Miller ont basé une partie du premier film sur l’état des lieux de la pop culture et les voir citer aussi ouvertement Mad Max Fury Road montre évidemment leur amour pour le film de George Miller ou la reconnaissance de son importance, mais cela n’est-il pas un moyen détourné de perpétuer leur commentaire sur l’imaginaire collectif actuel ? On pourrait se poser la question, puisque la prolifération de licences tout azimut a mené à cette apocalypse et la Justice League elle-même n’a rien pu y faire dans le film ! Taclant les licences DC Comics à maintes reprises, et le genre super héroïque plus généralement, les troublions ne s’arrêtent pas là et profitent notamment de la présence de Chris Pratt au casting pour se moquer gentiment de sa carrière, citant aussi Jurassic World en détournant l’un des reproches faits au long-métrage de Colin Trevorrow en running gag bien zinzin.

Le gag en question tourne autour d’un nouveau personnage, l’alter-ego dark & cool de Emmet prénommé Rex Danger, qui à l’inverse du héros base tous ses pouvoirs sur la destruction.
On vous laisse imaginer ce qu’il en est en fin de course, tout comme la finalité très méta du premier film reste encore ici la clé de voute de l’ensemble pour une morale nettement plus timorée et classique. Car si The Lego Movie 2 essaie d’être un roller coaster comme le premier film, il est difficile de rester aussi enthousiaste. Alors attention, la base reste solide, avec une animation une fois de plus à tomber par terre de la part du studio australien Animal Logic, dont le travail sur les textures est toujours bluffant, avec cette impression renouvelée de voir des vrais jouets prendre vie devant nous, traces de doigts comprises dessus et chaque élément étant fait de briques Lego sauf quand les héros mettent les pieds dans un nouveau terrain tout aussi bien pensé.

Mais avec l’arrivée de Mike Mitchell à la barre, le réalisateur du triste Shrek 4 et du sympathique Trolls, le film perd en énergie par rapport au précédent, et n’est plus cette incessante machine à vannes qui ne laissait pas le temps de souffler. Il y a bien des caméos méta çà et là, mais ils ne servent plus le propos et sonnent plus gratuit qu’auparavant. Des chansons font irruption bien plus souvent sous forme de comédie musicale, dont une pensée pour rester dans la tête. Manque de bol, on était incapable de la chanter en sortant de la salle !
Cette baisse de régime se sent aussi à l’écran, tant il y a moins de détails dans tous les sens, un point qu’avait réussi à préserver The Lego Batman.

En réalité, ce qui ressort de cette suite, c’est malheureusement la sensation de redite et de réchauffé. De la même manière qu’un Tempête de Boulettes Géantes 2 ou 22 Jump Street, ce second chapitre se repose sur ses lauriers, bien conscient de ce qui a fait le succès du premier sans pour autant réussir à renouveler la formule ou à l’incarner aussi vivement. Cela se ressent surtout dans la dernière partie, où le film ressemblerait presque à une pub pour jouets, chose qu’il avait su éviter dans le premier par son discours allant à l’encontre de ce qui fait le succès de la marque danoise actuellement. Plus enfantin et simpliste dans son message, moins foisonnant dans ses références et même assez incohérent dans son final où certains aspects n’ont plus de raison d’être compte tenu du fonctionnement de l’univers, le film ressort souvent des gags déjà vus, les personnages étant sujets aux mêmes blagues que précédemment, et perd de son impertinence et de son infernale folie.

Le résultat n’est pas déshonorant face au boulot colossal accompli par les animateurs et au plaisir de retrouver ces petits bonhommes jaunes mais il y a cette désagréable sensation d’être face à une œuvre plus consensuelle et cloisonnée. Car c’est bien là la différence majeure qui joue pour beaucoup : contrairement à son illustre prédécesseur, il semble désormais que tout ne soit plus possible dans le monde de The Lego Movie, où le marketing a fini par imposer ses règles.

La Grande Aventure Lego 2, de Mike Mitchell – Sortie le 20 février 2019

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