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Critique : La Dame en Noir
On nous vend La Dame en Noir comme étant le film marquant le retour de la Hammer.
C’est sans doute aller vite en besogne en oubliant que le studio qui rendit Christopher Lee célèbre avait déjà sorti deux films (La Locataire et Let Me In). Mais c’est effectivement le premier qui revient à l’ambiance à l’ancienne.
Si c’est la première raison qui peut nous permettre de nous intéresser au film, l’autre c’est Daniel Radcliffe.
Le comédien rendu célèbre par Harry Potter peut-il nous faire oublier son premier rôle ?
La Dame en Noir – Sortie le 14 mars 2012
Réalisé par James Watkins
Avec Daniel Radcliffe, Ciarán Hinds, Janet McTeer
Arthur Kipps, jeune notaire à Londres, est obligé de se rendre dans le petit village perdu de Crythin Gifford pour régler la succession d’une cliente récemment décédée. Dans l’impressionnant manoir de la défunte, il ne va pas tarder à découvrir d’étranges signes qui semblent renvoyer à de très sombres secrets. Face au passé enfoui des villageois, face à la mystérieuse femme en noir qui hante les lieux et s’approche chaque jour davantage, Arthur va basculer dans le plus épouvantable des cauchemars…
Il est souvent difficile de se défaire de ses rôles quand on a été un enfant-star. Mark Hamill en a fait les frais, tout comme Macaulay Culkin ou Haley Joey Osment. Certains ont réussi à s’en sortir (Elijah Wood notamment), et de ce fait, nous attendons plus qu’au tournant les acteurs de la plus longue saga du cinéma : Harry Potter. On pourra voir bientôt Emma Watson à l’affiche, dans un second rôle, de My week with Marilyn et Rupert Grint, lui, prépare Into the White. Mais celui qu’on attendait le plus, c’était le sorcier à lunettes, Daniel Radcliffe, qui dès que sa tête apparait est inévitablement identifié à Harry Potter. La vraie problématique (et le probable futur succès du film) du film était donc de savoir si l’acteur était crédible dans un autre rôle et surtout un autre genre. Le deuxième défi du film est le renouveau de la Hammer. Renaissant de ses cendres en 2008, les studios livrent tant bien que mal des films en demi teinte, après le très décrié (à tord) Let me In et le assez mauvais La locataire. La saturation du marché du film d’horreur n’aide pas, surtout quand une majorité de la production se résume à du found footage sans aucune réelle volonté de mise en scène.

James Watkins n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait déjà réalisé auparavant le très choc Eden Lake avec Kelly Reilly. Il s’attèle ici à la seconde adaptation du roman La dame en noir de Susan Hill, la première datant de 1989 par la BBC, après avoir été une pièce de théâtre.
Radcliffe incarne Arthur Knipps, un jeune veuf notaire dont la femme est morte en donnant la vie à leur fils. Depuis, il n’a pas fait son deuil et Arthur est en fait un homme triste, terne, où seul la vision de son fils le fait sourire. Mais il doit l’abandonner le temps d’une semaine et le laisser pour partir à Crythin Gifford, un village anglais très reculé où il devra faire l’état des lieux d’une maison d’une dame récemment décédée. Mais cette maison est en réalité hantée, et des enfants meurent très étrangement dans le village. Knipps en profitera donc pour résoudre ces mystères.
Le premier constat à faire, c’est que aussi bien à l’écran que sur le papier, La Dame en noir ne révolutionne pas le genre. Trop classique non, très classique oui, le film n’a pas de grande surprise. En effet la fin, la cause de la mort des enfants ainsi que les motivations de la dame en noir se devinent suffisamment à l’avance. Mais ce n’est pas le plus important.
Déjà parce que voir un film aussi classique soit-il que la dame en noir fait plaisir, exit les possessions, les exorcismes et les shaky cam. Le film aurait très bien pu être réalisé il y a 30 ans. Mais surtout parce que la réalisation est spectaculaire. Hormis quelques jumpscares assez efficaces, nous sommes plus en face d’un film à ambiance qu’à de l’épouvante pure (Insidious par exemple) est aidé par la construction en crescendo du long métrage. Ainsi donc, l’ambiance créée met autant mal à l’aise que peut faire peur et le réalisateur a bien compris ce qui marchait, à savoir des enfants, souvent invisibles, des jeux d’enfants, des musiques et des rires, le tout amenant à la scène final qui nous fait se hérisser les poils de frissons et s se cramponner au siège. Watkins offre également certains moments de bravoures comme cette scène où Radcliffe se retrouve ensevelit dans la boue et n’est d’ailleurs pas sans rappeler le passage où Alison Lohman se retrouve toute boueuse dans Jusqu’en enfer. Plus que dans la réalisation, c’est véritablement dans le scénario et dans l’ensemble que la construction en crescendo se fait ressentir. Arthur peine à faire son deuil, si bien qu’on se demande s’il ne semble pas sombrer dans la folie. Le film n’hésite d’ailleurs pas à aborder des thèmes très adultes et à les traiter de la même manière, le deuil atteignant son paroxysme grâce à la fin, inattendue et pourtant d’une logique implacable.

Parlons de Daniel Radcliffe… Et bien même si on pouvait avoir peur (huhuhu) du résultat, c’est bien simple, le jeune anglais fait oublier dès les 5 premières minutes son rôle de Harry Potter tant il est bluffant. Le teint blafard, la mine lugubre, même si son jeu n’était plus à prouver (il suffit de voir son interprétation comique dans le SNL par exemple), il montre qu’il a tout d’un grand et qu’il sait également se diversifier. On a hâte de le voir ailleurs.
La dame en noir est classique oui, mais dans le bon sens du terme, très bien construit, très bien réalisé et très bien joué, il manque peut être d’un petit plus pour s’ériger au côté des plus grands. Mais aux vus des jeunes talents qui ont fait le film, le résultat est déjà excellent et grâce à ça, on promet de beaux jours à la Hammer, aussi bien qu’à Radcliffe.
7 Comments
par papymat
« …le jeune anglais fait oublié dès les 5 premières minutes son rôle de Harry Potter tant il est bluffant. Le teint blafard, la mine lugubre, même si son jeu n’était plus à prouvé « … « causes et motivation se devine »…
Faudrait peut-être songer à une relecture…
Petit conseil pour la conjugaison: prendre un verbe du 2°groupe et voir comment cela fonctionne…
par Marc
Corrigé.
par Olivier
Tom felton s’est lui aussi plutôt bien démerdé dans La Planète des Singes. Rupert Grint a du mal à redécoller, et Emma Watson faut attendre de voir…
par Misutsu
Found footage = Film de récupération
Shaky cam = Vue subjective
Jumpscares = Sursauts
Nan ne me remerciez pas, d’autant que ce sont des traductions approximatives, mais bon, j’aime que l’on s’adresse à moi en français, non non vraiment c’est gratuit :p
par Kick-Ass Movies
« IT’S A KICK-ASS MOVIE, BABY ! Un sacré bon film d’horreur classique et gothique comme on en avait pas vu depuis bien trop longtemps ! […] Un superbe concentré de frayeur, dans une accumulation généreuse de jump scares du plus bel effet et résumant tout un pan de la tradition horrifique avec une facilité déconcertante et presque nonchalante. Rien que ça ! […]» Critique complète et décapante sur mon petit blog perso :)
par Misutsu
Ahah j’ai trouvé ça vraiment mauvais -_-
La réalisation, le jeu catastrophique d’Harry Potter, le doublage français façon téléprompteur, les sursauts hyper prévisibles qui finissent par s’enchaîner comme dans une mauvaise parodie de film d’horreur, et les gens qui veulent absolument classer ce film dans la catégorie gothique, ce que je ne peux évidemment pas cautionner.
Tout ça là, c’était très mauvais.
par Kick-Ass Movies
Misutsu, si tu as trouvé le doublage français horrible, pas étonnant que tu n’aies pas non plus aimé le jeu de Daniel Radcliffe. On peut difficilement séparer voix, visage et corps pour juger la prestation d’un acteur (ce qui est le réel intérêt de la « performance capture » et que les journaux généralistes ne différencient toujours pas de la simple motion capture). Si tu as le choix, va voir les films en VO :)
Sinon, l’accumulation de « sursauts » n’est pas une tare en soi, notamment lorsqu’elle est, comme ici, mieux maîtrisée que dans un Souviens-toi l’été dernier ou autre Urban Legend (dont on est heureusement aujourd’hui plus ou moins débarrassés). Au contraire, ça donne au film un côté « train fantôme » assumé et vraiment excitant, pour peu qu’on se prenne au jeu (un peu à la manière de l’excellent Jusqu’en enfer de Sam Raimi, l’aspect cartoon en moins). Ensuite, ce film est totalement gothique, lorsque l’on connaît la vraie définition du genre (et que je ne prendrai pas la peine de redonner ici, mon commentaire étant déjà bien trop long). Mais la façon dont Tim Burton a modernisé le genre aurait tendance à s’imposer comme une nouvelle norme de celui-ci, d’où peut-être ton erreur…