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Critique : La Dame dans l’Auto…

Elle débarque dans les salles ce mercredi 5 août. Elle, c’est La Dame dans l’Auto avec des Lunettes et un Fusil. Elle, c’est aussi le nouveau film « live » de Joann Sfr après l’excellent Gainsbourg Vie Héroïque, et l’occasion de voir ce que le réalisateur et auteur du Chat du Rabbin est capable de faire avec une histoire qui n’est pas de lui.

Elle, c’est aussi l’actrice britannique Freya Mavor qui vient perdre son accent en France.

Elle, c’est aussi le film qu’il faut préferer aux Quatre Fantastiques. Voici pourquoi.

 

LA CRITIQUE

Joann Sfar ne s’arrête jamais. Quand il ne publie pas de bande dessinées, il se tourne vers le cinéma. Double Césarisé pour Gainsbourg puis pour son adaptation animée du Chat du Rabbin, il a également mis en images une très belle séquence du Prophète de Roger Allers. Le voici de retour derrière une vraie caméra et pas forcément là où on l’atendait puisque « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil » (oui, c’est le titre complet) n’est pas une histoire qu’il a écrite lui-même mais l’adaptation du roman éponyme de Sébastien Japrisot, auteur à succès dont Jean-Pierre Jeunet avait adapté Le Long Dimanche de Fiançailles.

Déjà adapté dans les années 70 par Anatole Litvak avec Samantha Eggar et Oliver Reed, la Dame dans l’Auto raconte l’histoire de Dany, une jeune femme très belle qui décide, après avoir rendu un service à son patron, de prendre la voiture de ce dernier pour partir voir la mer alors qu’elle était censée ramener le bolide à son domicile. Partie sur un coup de tête, elle va faire en chemin toute une série de rencontres qui vont la troubler jusqu’à se demander si elle n’est pas folle et ce qui commençait comme un petit road trip sympathique va se terminer en une aventure plus compliquée qu’elle n’en avait l’air.

Pour incarner la Dame, Joann Sfar fait appel à la jeune comédienne anglaise Freya Mavor, aperçue notamment dans la série Skins qui explose ici à l’écran. Tout repose sur elle, puisqu’elle est dans absolument toute les scènes et elle n’en rate pas une. Parfaitement dirigée par un réalisateur qui sait exactement quoi raconter, elle brûle la pellicule. Il faut dire qu’elle est physiquement parfaite pour le rôle avec son joli sourire et ses grandes jambes dépassant d’une petite robe boutonnée sur le devant. Il faut dire aussi que Sfar sait la filmer puisqu’il parvient à transformer celle qui apparait dans les premiers plans comme une petite secrétaire coincée, cliché des années 70, en une véritable bombe atomique qui fait décrocher les machoires sur son passage.
Mais au-delà, Sfar montre aussi qu’il sait parfaitement tenir une caméra et proposer des cadres audacieux. Chaque plan est parfaitement calculé et éclairé. On sent d’ailleurs largement l’influence de la bande dessinée dans sa manière de procéder (à moins que ses propres BDs ne soient cinématographiques ?) et pas seulement parce que certains passages utilisent le « split screen » comme on lirait des cases dessinées.

Non content d’être visuellement très beau, La Dame dans l’Auto est également un film très prenant, principalement à cause de son personnage principal qu’on prend plaisir à découvrir et à évoluer, de la jeune femme stricte à celle qui va s’émanciper et faire des quelques plans « fantasmes » que l’on peut voir des réalités. Freya Mavor, idéale pour le rôle, parvient à bien jouer l’ambiguïté et est correctement aidé par les personnages qu’elle rencontre, à tel point qu’on finit par ne plus savoir exactement ce qui est en train de lui arriver. En fait, l’héroïne qui se parle à elle-même et semble attente de schizophrénie se retrouve dans des endroits où les personnages lui disent qu’elle est déjà venue. On se demande donc si tout ça est un rêve, si c’est dans sa tête ou si c’est encore autre chose. Les expériences proposées par, dans le genre, rien de moins que David Fincher ne permettent pas pour autant de trouver où les scénaristes voulaient en venir. On se laisse donc totalement happer par l’histoire La Dame jusqu’au dénouement.

Coloré, lumineux, incroyablement sexy et porté par un formidable casting, La Dame dans l’Auto avec des Lunettes et un Fusil ne rappelle les comédies des années 70 que par son titre à rallonge. C’est surtout un thriller habilement maitrisé par un réalisateur qui ne perd jamais son spectateur en route. Incroyablement surprenant et l’un des meilleurs films de cet été 2015.

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