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Critique : Kung Fu Panda 2

Jean-Victor avait pour habitude de voir les films d’animation Dreamworks pour CloneWeb. C’était au départ une question de planning, et c’est presque devenu une tradition jusqu’à aujourd’hui. En effet, la critique de Kung Fu Panda 2 qui suit a été écrite par Basile, grand spécialiste de la maison des questions Disney et Pixar.

Il a, avec raison, une nette préférence pour la maison à la lampe et est donc allé voir le film pour nous. Pendant ce temps, sur Twitter, Disney se faisait la remarque de, « quand on regarde un bon film d’animation, on doit pouvoir couper le son et comprendre quand même l’histoire ».

Est-ce le cas ici ?

 

Kung Fu Panda 2 – Sortie le 15 juin 2011
Réalisé par Jennifer Yuh
Avec les voix originales Jack Black, Angelina Jolie, Dustin Hoffman
Le rêve de Po s’est réalisé. Il est devenu le Guerrier Dragon, qui protège la Vallée de la Paix avec ses amis les Cinq Cyclones : Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe. Mais cette vie topissime est menacée par un nouvel ennemi, décidé à conquérir la Chine et anéantir le kung-fu à l’aide d’une arme secrète et indestructible. Comment Po pourra-t-il triompher d’une arme plus forte que le kung-fu ? Il devra se tourner vers son passé et découvrir le secret de ses mystérieuses origines. Alors seulement, il pourra libérer la force nécessaire pour vaincre.

 

La plupart des films Dreamworks confondent « pitch » et scénario.La maison sous l’égide de Jeffrey Katzenberg combine depuis des années le principe né dans les 80s du high concept (« alors on n’a qu’à faire un film avec des animaux qui parlent et puis on cale des chanson de R’n’B ») et répétition à outrance des même ficelles (« alors dans Madagascar on a fait des animaux qui parlent et ben dans Nos Voisins les hommes, on va faire des animaux qui parlent ! Et puis on va faire quatre Shrek aussi. »).

Kung Fu Panda fait encore plus fort, le concept entier du film ET son scénario se retrouvent dans le titre. Même plus besoin de faire un pitch : on a pris un panda, parce que c’est mignon et puis du kung fu parce que c’est cool. Ah si, « avec la voix de Jack Black », comme ça, ça sera drôle.

De fait, Kung Fu Panda 2 n’a pas la moindre ambition de raconter quoique ce soit. La crétinerie absolue de l’ensemble est désarmante et même presque obscène. Obscène parce que des anonymes doués ont bossé sur ce film. Certains gags ne sont pas mauvais (mais intégrés en dépit du plus élémentaire bon sens), il y a un beau travail d’éclairage sur quelques scènes clé, le design et les rigs de bon nombre de personnages (notamment les maîtres crocodile et buffle) sont inspirés et solides.

L’écriture ne fait pas tout dans un film, et loin de moi l’idée de réduire un film à son scénario ou à ses dialogues. Mais l’écriture n’en reste pas moins la base de l’histoire, on ne peut pas travailler sur des fondations branlantes. Ou comme disent les Américains, « you can’t polish shit to make it shine ». Car enfin, comment est-il possible d’offrir une écriture à ce point indigente et défaillante ?

Le film se complaît dans une bêtise crasse mais stérile. Car après tout, pourquoi pas faire une comédie bien déjantée ? L’humour bas du front dreamworksien ne plaira pas à tout le monde, c’est évident mais si les créateurs avaient la cohérence d’assumer un tel film de bout en bout, on saurait au moins à quoi s’en tenir. Y aller à fond, carrément, jouer la carte Jack Black comme il se doit, enchaîner les gags irrévérencieux qui tournent le genre du film de Kung fu en dérision.
Seulement voilà, Kung Fu Panda 2 n’a rien d’une telle proposition.

En lieu et place d’une orientation full comedy, Kung Fu Panda 2 prétend construire de l’enjeu émotionnel autour des origines du héros. Ce qui n’est pas une mauvaise idée en soi, personnellement j’ai même tendance à préférer l’humour lorsqu’il s’inscrit dans un film qui joue sur une palette étendue d’émotion. Passer du rire aux larmes, comme c’est le cas chez la concurrence (le studio avec la lampe qui bouge), ou selon la bonne formule de Walt Disney « pour chaque rire, il faut verser une larme ».

Mais là où le bât blesse, c’est que le timing des gags est TELLEMENT malvenu et maladroit que la partie émotionnelle n’implique jamais le spectateur. On se contrefout des états d’âmes du gros truc mou qui parle avec la voix de Jack Black, on est même gêné tant c’est laborieux et pénible. Ce globiboulga qui amalgame origines, quête du père, recherche de la paix intérieure (violant au passage la philosophie inhérente aux vrais bons films de kung fu, mais on n’est plus à ça près) est indigeste au possible et ne sert qu’à justifier une succession de scènes d’action entrecoupées de tunnels de dialogues lourdingues et lénifiants. Les personnages ne se définissent pas à travers l’action, ils attendent de débiter leurs répliques censés expliquer aux spectateurs qui ils sont vraiment.

Aucune unité ou cohérence narrative donc, pour ce produit fasciné par les execs de Dreamworks, qui étouffent le talent de quelques artistes qui ont eu de bonnes idées de gags ou qui se sont impliqués sur la partie visuelle. Sans surprise, sans enjeu, sans intérêt et sans récompense.

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