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Critique : Justice League vs The Fatal Five
Comme trois à quatre fois par an depuis Superman Doomsday en 2007, Warner Bros Animation sort un nouveau film d’animation. Après le diptyque La Mort de Superman/Le Règne des Supermen, le studio propose une histoire originale écrite par Eric Carrasco tout en reprenant les vieux designs des personnages initiés par Bruce Timm dans ses séries animées.
Justice League vs The Fatal Five sortira en DVD et blu-ray (dont un steelbook en France) le 25 avril prochain.
LA CRITIQUE
Tout a commencé en 1992 quand Warner Bros, fort du succès du film de Tim Burton, a demandé à Bruce Timm, Paul Dini et Eric Randomski de créer Batman la série animée. Après 109 épisodes d’un dessin animé qui a redéfini le genre, l’équipe s’attaque à Superman avec l’aide de Curt Geda et d’Alan Burnett. La série sous-titrée en France « l’Ange de Métropolis » est plus lumineuse, moins gothique que la précédente. Elle sera le vrai point de départ d’un univers partagé qui aboutira à sa conclusion : Justice League puis Justice League Unlimited.
Diffusée entre 2001 et 2006, la série est à ce jour la meilleure incarnation de la Ligue des Justiciers à l’écran tout support confondu. La finesse d’écriture de certaines histoires (revoyez « A la Croisée des Etoiles » !), les personnages choisis et les possibilités offertes par l’animation en ont fait un ravissement, que les créateurs ont eu l’idée d’ouvrir avec les dernières saisons et ses multiples héros.
Forcément, quand treize années après la fin de la série, Warner Bros décide de la relancer le temps d’un long métrage vidéo, l’impatience ne pouvait être que totale. Et l’attente a été comblée.
Cette histoire, qui aurait pu être un triple épisode de la série animée, commence dans le futur. On y (re)découvre la Légion des Super-Héros aux prises avec les Fatal Five, bien décidés à remonter dans le temps. Le superhéros (comme il aime à le rappeler) Star Boy se projette dans le passé avec ses ennemis pour les arrêter. Malheureusement pour lui, pétant un câble à son arrivée, il se fait capturer par Batman. Les membres des Fatal Five, eux, mettent leur plan à exécution : capturer la Green Lantern Jessica Cruz pour qu’elle les aide à délivrer deux des leurs. Et il faudra toute la puissance de la Ligue des Justiciers pour les arrêter.
Le film va ensuite raconter via un flashback les origines bien tragiques de Jessica Cruz, première Green Lantern féminine humaine et nous aider à plonger dans ce nouveau personnage. C’est l’une des premières surprises du long-métrage : montrer frontalement des traumatismes, non seulement celui de l’héroïne mais aussi la folie douce de Star Boy qui a du mal à se contrôler. Les non-lecteurs de comics découvrent un personnage féminin fort marqué par un passé douloureux et qui va devoir se construire dans l’action et grâce aux autres personnages, une vraie réussite d’écriture qui donne envie de se plonger dans ses aventures de papier.
La gestion des personnages du film réalisé par Sam Liu est habile : on en introduit de nouveaux, dont Miss Martian déjà bien connue des spectateurs de Young Justice, on en développe d’autres (Mr Terrific a enfin un vrai rôle) tout en s’appuyant sur la célèbre Trinité. Mais si le réalisateur et ses scénaristes veillent à l’iconisation des personnages (cette scène où Superman abandonne tout pour aller sauver des gens, waow…), ils ne cherchent pas pour autant à les mettre sur un piédestal. C’est la musique (et quelques clins d’œils dans une scène de prison), à nouveau composée par le trio Kristopher Carter, Michael McCuistion, and Lolita Ritmanis, qui est là pour nous rappeler leur puissance et leur charisme. Et nous faire frissonner en simplement quelques accords.
Long métrage super-héroïque oblige, Justice League vs The Fatal Five est riche en action et sans temps mort, avec juste ce qu’il faut de dialogues pour étaler l’histoire qui n’est rien d’autre qu’un gros épisode. L’animation n’est pas toujours parfaite, mais avec le chara design de la série ça se voit moins que sur certaines productions récentes du DCAU. Les puristes des séries du « Timmverse » râleront qu’aucune référence à l’épisode « Far From Home » ne soit faite. L’histoire de 2006 raconte pourtant pourquoi et comment Supergirl reste dans le futur auprès de la Légion et affronte justement, déjà, les Fatal Five. Or, le personnage de Kra n’est même pas mentionné. Ca reste un détail, puisque la Légion des Super Héros apparue dans la série contredisait déjà une première version datant de la série animée.
Warner Bros persiste : le studio continue à produire des longs métrages « live » sans la moindre saveur tout en laissant faire les talents de sa branche animation pour livrer des productions de qualité. Justice League vs the Fatal Five est une franche réussite, aussi bien pour les puristes que pour les néophytes, qui contient une dose de référence et de nostalgie mais qui s’ouvre aussi vers la modernité, et l’avenir. Il ne reste plus, maintenant, à espérer que le film se vende comme des petits pains pour qu’on puisse continuer à voir les Batman, Superman et Wonder Woman dessinés nous faire rêver.
Justice League vs The Fatal Five, de Sam Liu – Sortie en blu-ray le 24 avril 2019