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Depuis une petite dizaine d’années, Universal cherche à tout prix à relancer la franchise Jurassic Park. Deux épisodes et une série animée ont montré qu’il était impossible d’être à la hauteur du Roi Spielberg. Quoiqu’on fasse. Ca n’a pas empêché la production de faire une nouvelle fois appel à Colin Trevorrow, réalisateur du premier et scénariste du second volet de la trilogie pour venir boucler sa boucle. Avec un résultat finalement sans surprise au vu des précédents.
Souvenez-vous : dans Fallen Kingdom, les dinosaures rejoignaient définitivement le continent pour s’établir parmi les humains. Quatre ans après l’éruption d’Isla Nublar, les créatures vivent dans différents coins de la planète. Vous imaginez ce que ça peut donner de négatif face aux humains : du braconnage, du trafic d’animaux et de l’exploitation. Dans ce nouvel univers, les héros des précédents volets vivent tranquillement en forêt : ils planquent Maisie Lockwood, la jeune fille créée génétiquement et descendante d’un des créateurs du premier parc, vue dans Fallen Kingdom. Quand elle se fait enlever par des grands méchants, ils vont voler à son secours.
Ellie Sattler est, elle, de retour. Sollicitée parce que des sauterelles géantes crées génétiquement à partir d’ADN de dino menacent le monde, elle va faire appel à de vieux amis.
Histoire de boucler la boucle, le grand méchant de l’histoire est Lewis Dodgson. Dans le film de Steven Spielberg, il donne une bombe de mousse à raser à Dennis Nedry pour voler des échantillons d’ADN. Des années plus tard, ce clone de Steve Jobs a créé un pseudo sanctuaire dans les montagnes italiennes pour protéger les dinosaures. Il a aussi embauché le docteur Henry Wu, plus très net depuis quelques films.
Ca fait beaucoup de monde et beaucoup de choses à raconter. Alors Trevorrow expose longuement son univers, ses personnages et leurs motivations. Saluons l’envie de faire des « legacy characters » quelque chose de solide, en mettant en avant (et tout le long du film) le personnage de Laura Dern dans une mission très écolo. L’exposition est plutôt réussie tout comme le début du récit, construit comme un James Bond récent où Chris Pratt va plonger dans le marché noir des dinosaures. Le résultat est un peu long mais la mise en scène est solide et les scènes d’action spectaculaires. Trop peut-être quand on voit Pratt se la jouer Vin Diesel à moto. On est loin de ce que le Spielberg avait à proposer. Mais ne boudons pas le plaisir pour autant : le divertissement est au rendez-vous, entrecoupés de scènes sympathiques avec des acteurs vieillissants mais qu’on prend plaisir à retrouver.
Du blockbuster too much mais sympathique, « Le Monde d’Après » va petit à petit basculer dans autre chose. Comme si Colin Trevorrow avait finalement décidé de baisser les bras, trop coincé dans ses 498 personnages finalement tous à des endroits différents d’un espèce de nouveau parc. Plus on va avancer dans le récit, plus les incohérences vont se faire légion. Ce qui tenait la route s’effondre désormais, des twists et trahisons aux repères spatio-temporels. Encore et encore. On pensait être au fond mais pendant plus d’une heure, Trevorrow va continuer à creuser. On ne comprend plus rien. Où sont les gens ? Que font-ils ? Pourquoi ce personnage est partout ? Le film avait commencé solidement, sorte de Jason Bourne avec des dinosaures, et nous avait offert quelques jolis moments (dont le « set piece » de Malte) mais au bout d’un temps tout le monde a jeté l’éponge pour finir coute que coute dans le n’importe quoi.
Que retenir de tout ça ? Même si Jurassic World Dominion a quelques scènes réussies, et qu’on est toujours content de voir des dinosaures, il faut picorer dans 2h30 pour trouver de quoi manger correctement. Sans réelle conclusion, le film ne revient pas à son propos écologique du début si ce n’est brièvement à travers quelques jolis plans. Pas assez pour boucler définitivement la boucle, mais suffisamment pour nous rappeler que la copie ne vaut jamais l’original.
Jurassic World Le Monde d’Après, de Colin Trevorrow – Sortie le 8 juin 2022