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Critique : Jojo Rabbit

Lauréat du Prix du Public à Toronto en 2019, Jojo Rabbit multiplie les nominations. Trois aux Golden Globes, six aux Oscars dont Meilleur Film. Le long métrage de Taika Waititi sort dans les salles françaises ce 29 janvier.

 

LA CRITIQUE

Deux petites années après Thor Ragnarok, le scénariste et réalisateur de What We Do In The Shadows revient derrière la caméra mais pas forcément là où on l’attendait puisqu’il a mis en scène l’adaptation du roman « Le ciel en cage » (Caging Skies) de Christine Leunens. Décrit comme une satyre dans laquelle un jeune garçon allemand, pendant la Seconde Guerre Mondiale, se crée un ami imaginaire qui a les traits d’Hitler, le film n’est pas à la hauteur de ce qu’il pourrait être.

Alors, oui, le jeune garçon a bien un ami imaginaire, incarné par Taika Waititi qui se régale à en faire des tonnes dans le rôle. Mais ce n’est pas vraiment le coeur du film. Jojo Rabbit est le surnom donné au héros de l’histoire parce qu’il a refusé de tuer à mains nues un lapin dans un camps d’entrainement des jeunesse hitlérienne. L’évènement va en amener un autre, qui va se terminer sur un accident. Condamné à rester chez lui, il va surtout découvrir que sa mère héberge en secret une jeune juive.

Au vu de son histoire, Waititi pense qu’on peut rire de tout. Et il a raison, à condition que ça soit bien fait. A travers une galerie de personnages hauts en couleurs, dont Sam Rockwell en Capitaine SS, le réalisateur présente son univers. Ici, tout est vu au travers des yeux d’un petit garçon, à sa hauteur de « fan » de la nation allemande. Alors, forcément, il y a une forme de candeur, une naïveté touchante et des traits d’humour. Le gamin a Hitler comme ami imaginaire, un Hitler qui rappelle celui de Charlie Chaplin, et il suit d’autres gamins dans un camps où on leur apprend ce que c’est qu’être Aryen et tout le mal qu’il faut penser des Juifs. Tout est naturellement fait au second degré et avec beaucoup de talent.

Il vous faudra donc beaucoup de recul pour accepter et apprécier le ton du film. Mais une fois que ce sera fait, il n’en restera pas grand chose tant Waititi a du mal à dépasser son pitch. C’est du moins le cas dans la première (et trop longue) partie. Le salut du film vient alors de la jeune juive incarnée par Thomasin McKenzie. Plus âgée que notre héros, elle va lui raconter avec beaucoup d’imagination tout et n’importe quoi à propos du peuple juif, lui qui ne vit que pour ce qu’on lui a bourré dans le crâne.

C’est finalement dans son dernier acte, quand il redevient premier degré, que Taika Waititi est le plus intéressant. Voir la guerre coté allemand telle qu’elle était réellement. Une scène de fouille d’une maison par des officiers SS se révèle d’ailleurs particulièrement intense, et loin de la légerété du début de l’histoire. Ou quand la réalité rattrape la fiction, une fiction emmenée par le génial Roman Griffin Davis, douze ans, qui mérite tout le bien que vous lirez sur lui., réalité qui se déploye dans une impressionnante et explosive (littéralement) conclusion.

Jojo Rabbit est un de ces films qui est totalement fou sur le papier mais qui a bien du mal à dépasser son concept de base. Parfois drôle, parfois absurde, parfois poignant, il laisse une sensation d’avoir le cul entre deux chaises mais n’en est pas moins une jolie réussite, loin des éloges et des nominations auquel il a droit, mais une petite réussite.

Jojo Rabbit, de Taika Waititi – Sortie le 29 janvier 2020

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