Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Imitation Game

8 nominations aux Oscars : Meilleurs Film, Réalisateur, Acteur, Actrice dans un Second Rôle, Scénario, Montage, Décors et Musique (pour Alexandre Desplats, encore). Imitation Game pourrait bien repartir avec quelques statuettes dans les prochaines semaines.

Le film lève le voile sur le génial Alan Turing, moins connu en France que dans son Angleterre natale, chargé de décrypter des codes de l’armée allemande. Hasard total, l’histoire partage quelques points communs avec la très bonne bande dessinée de Blake & Mortimer sortie il y a quelques semaines et intitulée Le Bâton de Plutarque.

Je ne peux donc que vous conseiller de voir l’un puis de lire l’autre si le sujet vous intéresse particulièrement. Mais parlons d’abord du film.

 

LA CRITIQUE

A force d’enchainer les succès en tant que second rôle au cinéma et dans celui du meilleur détective du monde à la télévision, Benedict Cumberbatch avait bien mérité un premier rôle à la mesure de son talent (Le Cinquième Pouvoir ne comptant pas vraiment, personne ne l’a vu). Celui qui a incarné Sherlock, Khan et un dragon débarque donc dans les salles fin janvier, juste à temps pour les Oscars, dans un film qui pourrait bien repartir avec une statuette.

Imitation Game (qui perd son « The » pour la sortie française) raconte l’histoire du mathématicien Alan Turing, principalement dans les années 40. Surdoué à l’incroyable QI, il sera embauché avec quelques autres génies anglais de son époque par les services secrets de sa Gracieuse Majesté pendant la Seconde Guerre Mondiale. L’armée anglaise se cassant les dents sur une méthode de cryptage allemand appelée Enigma, elle fait appels à de brillants cerveaux pour espérer venir à bout du système mis en place par les nazis.

S’ouvrant bien après la fin de la guerre, le film commence sur les dernières années de Turing pour ensuite alterner entre trois époques dont son enfance et les celles déjà mentionnées, histoire qu’on ait un bon aperçu de sa vie tout en restant focalisé sur quelques années marquantes, pendant lesquelles Alan Turing se fait remarquer. Génie incroyable, martyrisé par ses collègues de classe étant jeune, Turing choisit de travailler autrement que ces camarades pour venir à bout d’Enigma : il choisit de construire une machine qui sera capable de calculer plus rapidement que l’esprit humain. Il faut bien comprendre que le procédé allemand utilise également un système mécanique ayant des milliards de milliards de possibilités de réglages. Ces réglages changent toutes les 24 heures, et la méthode de cryptage diffère donc chaque jour, obligeant les cryptologues à foutre à la poubelle le boulot effectué quand minuit sonne.

Mais Imitation Game ne se contente pas d’aligner les solutions pour déconstruire des énigmes mises en place par l’armée allemande. Le film évoque surtout la personnalité d’Alan Turing, portée par un Benedict Cumberbatch qui sera sans aucun doute nommé pour son rôle à l’Oscar du meilleur acteur tant il brûle la pellicule à chacun des plans [NDLA : au moment de l’écriture de cette critique, les nominations aux Oscars ne sont pas encore connues]. Le montage en flasbacks permet de comprendre assez vite sa personnalité et son comportement.

Et le film ne met rien de coté.

On aurait pu croire que le réalisateur allait esquiver le fait que Turing était homosexuel mais il n’en est rien puisque le sujet est abordé frontalement, depuis sa petite enfance jusqu’à la fin de sa vie. Pourquoi en parler ? En 2014, personne ne serait vraiment intéressé de savoir qu’il était gay -quoiqu’il y ait encore malheureusement des gens contre- pas plus que s’il n’était hétéro mais dans les années 40 l’homosexualité était tout simplement illégale en Angleterre ! Alors qu’il travaille dans un univers de secret, Turing en conserve donc un encore plus précieux que les autres s’il ne veut pas finir en prison. Imitation Game sera l’occasion de rappeler, s’il en était besoin, que notre sexualité ne définit pas notre personnalité et que, en toute logique, Turing est quelqu’un de parfaitement normal, voir même dans son cas au dessus de la mêlée.

Très académique dans sa mise en scène débordant de cosiness à l’anglaise, de décors soignés, de costumes bien propres et d’acteurs nickels, Imitation Game a toute les qualités requises pour rafler quelques statuettes à tel point que ça se sent, Morten Tyldum ne prenant aucun risque en matière de mise en scène. Ca n’enlève, heureusement, rien aux nombreuses qualités du récit.

 

Imitation Game – Sortie le 28 janvier 2015
Réalisé par Morten Tyldum
Avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Voir les commentairesFermer

1 commentaire

Laisser un commentaire