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Critique : I Feel Good

En 2016 Benoit Delepine et Gustave Kervern emmenait Gérard Depardieu et Benoit Poelvoorde sur la route des vins du salon de l’agriculture dans Saint Amour.

Deux petites années plus tard, les deux auteurs-réalisateurs sont de retour avec I Feel Good, avec Jean Dujardin et Yolande Moreau. Aucun rapport avec la chanson de James Brown, si ce n’est une envie de positivisme…

Le film est présenté ce jeudi 13 septembre à l’Etrange Festival.

 

LA CRITIQUE

Juste à coté de Pau, il existe un village Emmaüs. Créé par Germain Sarhy à la fin des années 90, on y recueille tous ceux qui veulent travailler dans la communauté, sans poser de question. On vous demande juste votre prénom, et vous pouvez être logés et nourris contre quelques heures de travail – dans un lieu à la fois utopique et optimiste où tout trouve une nouvelle vie, des objets recyclés aux personnes qui y vivent. C’est dans ce lieu incroyable que Benoit Delepine et Gustave Kervern ont posé leurs caméras.

C’est aussi ce lieu que dirige -fictivement- Yolande Moreau. Un jour, elle y voit débarquer son frère incarné par Jean Dujardin. Il est benêt, voir stupide, mais veut être riche « comme les gens qui ont invité la roulette à couper la pizza ». Celui qui collectionne les images des patrons dans un genre d’album Panini où figure entre autre Bernard Tapie, celui qui lit Bill Gates espérant l’imiter cherche la bonne idée. Peut-être que de s’isoler dans cette communauté lui permettra de la trouver ?

Un futur patron avec des idées capitalistes dans un village utopiste ? Ca aurait pu donner un clash de valeurs, qu’on évite de justesse parce que Delepine et Kervern font du personnage de Dujardin quelqu’un de simplet, qui rappelle d’ailleurs à de nombreuses reprises son personnage d’OSS 117 dans le comportement (et pas seulement parce qu’il finit par garder sur lui une photo de l’Abbé Pierre comme Hubert Bonisseur de la Bath conservait une image du Président René Coty). Opposition de valeurs donc, mais pas de caricature.

Ce qui surprend , pour ceux qui ne connaissent pas le cinéma des trublions de Groland, c’est qu’ils ne filment pas de champs-contre champs. Aucun. Jamais. Pourtant au cinéma, c’est une technique facile pour un comédien qui se trompe, qui a besoin d’être repris. On s’arrange au montage, juste sur sa réplique. Ca permet même de tourner des faces à faces d’acteurs qui ne sont pas réellement dans la même pièce. Ne pas voir cette technique dans un film où tout repose sur les (très bons) dialogues donne quelque chose d’inattendu : des plans fixes, avec les acteurs qui parlent hors cadre, ou (surtout) de très longues séquences tournées en une seule prise où Moreau comme Dujardin montrent qu’ils sont vraiment très bons.

Tourner dans le véritable village Emmaüs de Lescar-Pau avec de véritables compagnons (et quelques acteurs quand même, pour ne pas trop troubler le quotidien des lieux) nous permet aussi de découvrir un univers aussi inattendu que passionnant, où tout repose sur des valeurs d’entraide, d’amitié, de compassion et de tolérance. Il se dégage de ses gens une véritable humanité, quelque chose de très positif. Le personnage de Dujardin se disant régulièrement « en marche », on comprend vite que les deux auteurs ont voulu non pas faire un film frontalement anti-Macron mais proposer d’autres valeurs que celles affichées par le gouvernement en place. C’est dans la solidarité et le vivre ensemble que réside notre salut.

On ressort de la projection de I Feel Good comme son titre, en se sentant bien, et en se disant que, malgré tout, il y a encore du bon en l’homme.

I Feel Good, de Benoît Delépine et Gustave Kervern – Sortie le 26 septembre 2018

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