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Critique : Hugo Cabret
La 3D a mauvaise réputation et on entend souvent les spectateurs dire chercher des salles en 2D pour aller voir des films.
La faute n’est pas à la 3D elle-même mais bien à l’empressement des studios de tout convertir salement, à quelques réalisateurs ayant sorti de grosses daubes tournées en utilisant cette technologie et aux salles de cinéma ne faisant pas le nécessaire pour que le spectateur en profite dans les meilleures conditions.
Mais quand la 3D est dans les mains de gens pour des films comme Avatar ou Tron L’Héritage, on râle un peu moins. Alors quand elle passe dans les mails du réalisateur de Taxi Driver et des Affranchis, c’est une autre paire de manches.
Critique sublimée en relief.

Hugo Cabret – Sortie le 14 décembre 2011
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Asa Butterfield, Chloe Moretz
Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…
George Meliès, s’il n’est pas le créateur du cinéma, est sans doute la personne au monde qui a été la plus influente en la matière et depuis sa création. Parisien, né en 1861 et d’abord prestidigateur, il est invité à découvrir lors de la première projection publique en 1895 la fameuse « Sortie des Usines Lumières » des frères du même nom et comprend à ce moment-là que le cinéma sera sa vie.
Il serait bien trop long de résumer tout ce que Meliès a fait pour le 7e Art. On retiendra donc quelques chiffres et dates comme la création en 1897 du premier studio de cinéma à Montreuil, comme les 300 (ou 500 selon les sources) films qu’il a tournés dont Le Voyage dans la Lune en 1902. On lui doit aussi la pellicule à bords percés et l’invention de la croix de malte destinés aux premiers projecteurs.
A la fin de sa vie, poursuivi par un créancier, il finit vendeur de jouets à la gare Montparnasse.
La gare Montparnasse, point de départ d’Hugo Cabret.
Brian Selznick, auteur du roman d’origine, a en effet choisi de parler de Meliès à la fin de sa vie et d’imaginer une fable autour de cette gare. Hugo Cabret est donc le héros, un petit garçon sans famille, qui vit dans les coulisses de la gare avec un oncle chargé de remonter les horloges. Il vole chez un vendeur de jouets mécaniques différentes petites pièces destinées à réparer un automate qu’il tient de son père, et à qui il manque une clef en forme de coeur. Il va rapidement découvrir que le robot et le vendeur de jouets, « Papa George », sont intimement liés.

Vous l’avez compris, ce n’est pas un secret ni un spoiler, mais il est bien question ici d’un Meliès tombé dans l’oubli et d’un jeune homme en quête de réponses qui va vouloir remettre l’artiste dans la lumière. A travers cela, c’est tout un hommage au début du cinéma qui se dessine. Et qui de mieux qu’un des grands plus réalisateurs actuels pour adapter cette belle histoire à l’écran ?
C’est très fidèlement, selon les mots de Selznick lui-même, que Martin Scorsese adapte Hugo Cabret dans ce qui se révèle être sans aucun doute le film le plus magique de 2011.
Il est évident que si beaucoup de livres sont adaptés alors qu’ils ne devraient pas l’être, celui avait toute sa place au cinéma. Scorsese l’a si bien compris qu’il lui fallait faire quelque chose de spécial pour le mettre en image : la 3D. Après tout, quel plus bel hommage à l’inventeur des effets spéciaux que de celui de réaliser le plus beau film jamais fait en 3D. Grâce à des caméras savamment posées, à des plans de foule au coeur desquels est plongé le spectateur et quelques artifices (comme la neige qui vole, ou les poussières dans la gare), Marty nous plonge au coeur de l’histoire.
Il le fait avec une minutie sans doute inégalée pour un anglo-saxon tournant en France, veillant bien à ce que l’intégralité des décors soient français, fassent français et ne virent pas au cliché facile. Il est aidé par une sublime photo, la musique d’un Howard Shore au meilleur de sa forme et un casting aux petits oignons. On appréciera notamment de voir Christopher Lee en gardien de la littérature dans un film traitant de cinéma ainsi que toutee une belle galerie de personnages attachants.
Le spectateur se alors laisse prendre par ce conte tout en découvrant l’origine du cinéma qu’il ne connait peut-être pas. En effet, non content de caser « L’Arrivée en Gare de la Ciotat » dans le récit, Scorsese va jusqu’à reconstituer le studio de tournage de Montreuil à taille réelle et nous y montre un Meliès (interprété par Sir Ben Kingsley, absolument impeccable) en plein travail, comme si nous le suivions dans un documentaire.

Hugo Cabret est donc plus qu’un simple film. C’est à la fois une belle histoire, riche en émotions, dont la base est accessible au jeune public tout en étant un magnifique hommage d’un génie à un autre mais aussi d’une époque et une technologie à une autre : des images peintes une à une à la main et à la 3D.
Et au-delà de l’hommage et de l’histoire, c’est un moyen pour le cinéphile de 2011 de découvrir ce qu’on pouvait voir plus de cent ans auparavant.
Et en finissant cette belle réussite qu’est Hugo Cabret dans une salle de cinéma pour montrer du Georges Meliès en 3D, Martin Scorsese boucle une boucle que seul lui pouvait se permettre.
5 commentaire
par Misutsu@live.fr
Mouai alors pour m’être royalement fait chier pendant 2h, j’ai envie de dire que cet un bel hommage mais très mal exécuté, que l’on attend pendant tout le film qu’il bascule dans le rêve ce qui n’arrive jamais, que je me demande à qui est vraiment destiné ce film car un enfant n’aura jamais la patience de le regarder. ‘fin bref, le truc de Scorsese c’est les gangsters, il devrait savoir ou est sa place.
par simtris
Je suis plutôt très d’accord avec Misutsu : le gosse devant moi dans la séance de cet aprem’ à dit en se levant « c’était long, c’était nul ».
Du haut de ces 9 ans, de son sens critique de lapin de laboratoire et de ces affreuses lunettes, il avait raison le bougre…
Je reprendrais trois aspects cités par la critique ci-dessus :
– la musique est plutôt inexistante, la seule qui m’a finalement plu était celle des extrais des films de Mélies
– les personnages : les deux enfants se regardent tous le long du film sans exprimer un foutu sentiment. Les personnages secondaires aimeraient être attachants mais ils sont tout simplement inintéressants et pathétiques.
Je crois que ce qui m’a le plus déçus c’est cette méchanceté gratuite des personnages envers les autres, cette profonde incompréhension, ce manque de communication … que rien explique.
Pour un hommage à Mélies, cela manque de fantastique, de rêve, d’imagination. La matière est là mais l’interprétation de Scorsese ne trouve pas son rythme, on est en plein dans le : « la mayo n’a pas pris ».
par Hugo
C’est marrant, moi j’ai vu le film hier soir et je l’ai trouvé fantastique !
JE ne suis donc absolument pas d’accord avec les 2 précédents commentaires :)
J’ai trouvé ça superbement bien filmé, réalisé J’ai trouvé ça touchant, émouvant, amusant, fascinant… Les superlatifs ne manquent pas !
La seule critique négative que je trouve c’est quelques longueurs qui auraient peu être évitée et qui ont tendance à ralentir un peu le rythme général du film. Mais là je chipote un peu :p
J’ai adoré l’acteur qui joue le rôle de Hugo, un peu moins aimé l’actrice qui joue Isabelle… Mais tout ça n’est qu’affaire de gout, je pense.