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Critique : Hippocrate

Hippocrate, comme le serment du même nom, avait été présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique. Le film arrive ce mercredi dans les salles

L’univers médical est souvent montré sur le petit écran, et bon nombre d’entre vous se souviennent forcément de la série dans laquelle George Clooney a fait ses débuts. Il l’est beaucoup moins sur le grand écran, ce à quoi s’est attelé Thomas Lilti avec Vincent Lacoste, Reda Kateb et Jacques Gamblin.

Alexis a enfilé sa blouse blanche rien que pour vous.

 

Six ans après son premier long-métrage, Thomas Lilti est revenu derrière la caméra pour aborder un thème auquel il est tout particulièrement attaché. Peu de réalisateurs font état d’une double vie en dehors du cinéma. Pourtant, Thomas Lilti a suivit des études de médecine avant de se lancer dans le septième art. C’est donc tout naturellement que lui ait venu l’idée de traiter le domaine médical dans ce second film intitulé Hippocrate, aux antipodes de la dernière pantalonnade exagérément onéreuse de Dany Boon.

Alors que Les Yeux bandés était un thriller, le nouveau long-métrage du réalisateur lorgne cette fois sur un état des lieux, celui des difficultés qu’affronte l’actuel monde hospitalier français. Inutile d’insister sur le fait que cette reconstruction est plutôt réaliste d’autant qu’elle est tirée de la propre expérience du réalisateur devenu également médecin généraliste. Le rapport autobiographique à l’histoire va de pair avec ses personnages, où Vincent Lacoste incarne ce jeune étudiant qui fait ses premiers pas dans un hôpital en tant que stagiaire interne.

Beaucoup verraient en Hippocrate un Polisse dans le milieu médical, alors que l’essentiel de la représentation de ce dernier a depuis été relégué aux séries télévisées américaines. Thomas Lilti ne manquera pas d’y faire référence dans son film où l’influence des Dr. House et consorts n’affecte pas seulement l’imagerie de l’hôpital qu’ont les patients. Mais là où le film de Maïwenn cherchait sciemment le pathos en choisissant de représenter la brigade de protection des mineurs, la force pure d’Hippocrate se trouve dans ce refus de la complaisance et dont la véritable tragédie relève de cette inhérence des problèmes qui s’accumulent, d’une inéluctable banalité pour les vétérans.

Or, comme Benjamin, le personnage principal incarné par Vincent Lacoste au visage toujours aussi apathique, nous découvrons en simples spectateurs cet univers des hôpitaux publics duquel nous sommes déjà conscient de la période difficile qu’ils traversent. Crédible, le récit paraît telle une accumulation d’anecdotes qui auraient été vécues par ces médecins en herbe, auxquels incombe soudain une grande responsabilité et que la moindre erreur se sanctionne par de terribles conséquences. Au même instant, d’autres internes étrangers, considérés comme des stagiaires alors qu’ils sont plus âgés et bien plus expérimentés, à l’instar de celui tenu par l’impeccable Reda Kateb, sont aussi bien envoyés au front avec des risques importants pour leur carrière.

Thomas Lilti ajoute encore à son Hippocrate une histoire de famille, où le père de Benjamin, joué par Jacques Gamblin, dirige l’hôpital dans lequel son fils fait est interne. Si la présence de ce père a très clairement influencé le choix de profession du fils, elle est au contraire étonnamment discrète et même évanouie une fois sur le lieu de travail. Si certains croient la route de Benjamin toute tracée vers le succès, bénéficiant d’une inexistante couverture bienveillante de papa, le héros ne cesse d’essayer de faire constamment honneur à ses collègues compagnons de galère, de faire honneur à son serment qui exigera de lui plus qu’il ne pouvait l’imaginer.

La caméra à l’épaule et une photographie peu voire jamais retouchée jouent en faveur d’une plongée résolument documentaire d’Hippocrate dans ce monde en crise de l’hôpital public. Thomas Lilti apporte un regard honnête sur son domaine d’expertise sans tomber dans l’excès qui brouillerait ce portrait de tous ces gens au service des autres.

 

Hippocrate – Sortie le 3 septembre 2014
Réalisé par Thomas Lilti
Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin
Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

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