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Critique : Hara Kiri – Mort d’un Samouraï

Après 13 Assassins, le nouveau film de Takashi Miike sort ce mercredi dans une petite cinquantaine de salles.

Hara Kiri Mort d’un Samouraï avait été présenté à Cannes en 3D mais ne sera visible pour le grand public qu’au format 2D. Ici un Samouraï sans ressource voulant se faire hara kiri est découragé par son chef de clan, celui-ci lui contant l’histoire d’un jeune ronin ayant la même envie. Tout le film tournera autour des codes des samouraïs.

Critique affutée.

 

 

Hara Kiri Mort d’un Samouraï – Sortie le 30 novembre 2011
Réalisé par Takashi Miike
Avec Ebizô Ichikawa, Eita, Koji Yakusho
Voulant mourir dignement, Hanshiro, un samouraï sans ressources, demande à accomplir un suicide rituel dans la résidence du clan Li, dirigé par le chef Kageyu. Essayant de décourager Hanshiro, Kageyu lui conte l’histoire tragique d’un jeune ronin, Motome, venu récemment avec la même requête. Hanshiro est traumatisé par les détails horrifiants du sort qui fut réservé à Motome mais il persévère dans sa décision de mourir dans l’honneur. Au moment de se faire hara-kiri, il présente une ultime requête : il désire être assisté dans son acte par trois lieutenants de Kageyu, qui sont absents tous les trois, par une étrange coïncidence. Méfiant et furieux, Kageyu demande à Hanshiro de s’expliquer. Ce dernier révèle ses liens avec Motome et livre le récit doux-amer de leurs vies. Kageyu comprendra bientôt que Hanshiro s’est lancé dans une épreuve de force. Les codes de la chevalerie des samouraïs s’en trouveront bousculés dans leurs certitudes, pour mieux réapparaître dans leur humanité.

 

Dans la famille des réalisateurs hyperactifs, je voudrais Takashi Miike !
Le statut de membre n’est même plus assez fort pour le japonais puisque en seulement 20 ans de carrière, cet homme probablement surhumain en est à plus de 50 (!!!) longs-métrages.
Avec une telle filmographie, il ne faut pas s’attendre uniquement à des chefs d’œuvres mais le cinéaste a toujours imposé le respect grâce à certains longs métrages inspirés et d’une maîtrise extrême. L’an dernier, son 13 Assassins avait fait le bonheur de tous les fans de samurai avec son histoire de 13 guerriers un brin suicidaire qui décidaient d’arrêter une compagnie entière dans un village préparé pour l’embuscade de l’armée. Cette revisite de l’histoire du japon médiéval a semble t’il beaucoup plus à Takashi Miike qui nous sert cette année Hara-Kiri, Mort d’un Samouraï en 3D.
Enfin, une 3D semble-t-il réservée au festival de Cannes, puisque le film se verra distribué uniquement en format classique…

Au-delà de ce drôle de changement de la part du distributeur, on peut légitimement se poser la question de l’intérêt d’un deuxième film de samurai après 13 Assassins.
Le film ne tardera pas à répondre à cette question puisque malgré un univers similaire, le récit qui s’y déroulera n’aura rien à voir avec le précédent. Hara-Kiri commence sur l’arrivée sur samouraï dans le temple d’un clan, qui demandera aux chefs de ce dernier le droit de disposer du lieu pour se donner la mort selon les règles de l’art Samouraï, pour mourir dignement et dans l’honneur.

Pour convaincre l’indigné de ne pas commettre un tel acte, le maitre des lieux lui raconte alors l’histoire d’un cas similaire et récent s’étant très mal déroulé et ayant fini dans le ridicule le plus total. Pas dissuadé pour deux sous, le héros va jusqu’au bout de sa démarche, et demande une dernière requête comme ca lui est permis avant de rendre les armes. Une requête qui va vite poser problème pour le clan tout entier…
Après avoir exploré une partie de l’histoire de son pays pour ensuite donner dans le pur beat-em all cinématographique barbare et majestueux, Takashi Miike s’intéresse donc de très près aux croyances de ces figures du passé n’ayant pas peur du sacrifice ultime si cela doit protéger leur nom du désarroi. Le scénario du film et son évolution dramatique va suivre le parcours de différents personnages confrontés à une institution extrêmement stricte dans laquelle on ne peut revenir sur sa parole, plaçant le cœur de son drame dans ce domaine habituellement enclin à des conflits moins intérieurs. Un choix pertinent puisque la dramaturgie de Hara-Kiri s’en retrouve gonflée à bloc, offrant des dilemmes moraux clairs et dont les tenants et aboutissants sont compris rapidement.

Miike tient cependant à peut être trop vouloir questionner ces problèmes de déontologie extrême.
Le film couvre non seulement le caractère protocolaire de chacun des échanges entre les individus en présence, mais rajoute à cela une sacrée couche de dialogue, poussant le métrage à prendre son temps, et à montrer combien le moment est lourd de sens et d’importance.
Un penchant pour la tragédie qui explose lors des différentes scènes de flash back et d’illustrations des paroles partagées par les protagonistes principaux, en venant à tomber sans complexe aucun dans un pathos poussé, avec cris de douleur en pagaille et violons en supplément.
On ne pourra que le regretter, même si cela témoigne d’un penchant bien connu du cinéaste, qui n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié. Y compris sa réalisation.

Faire des films à la chaîne semble être la meilleure des écoles pour la mise en scène et l’efficacité. Car tout en étant capables de réaliser jusqu’à 14 films en 2 ans (il l’a déjà fait, sisi…), Miike n’en délaisse pas moins l’art sacré du découpage comme le montre un film plastiquement superbe et soigné dans les moindres détails. Que ce soit dans l’organisation des cadres ou sa direction artistique, la fabrication générale sert totalement le propos de son film, et en vient à faire regretter l’absence sur le territoire français de la version en relief, plus particulièrement pour le dernier acte du film.
Sans en révéler la teneur, pour ne pas inutilement vous ruiner la moitié de la chose, Miike soigne ses plans et célèbre l’imagerie Samouraï en livrant des plans presque comparable à des tableaux. On ose bien croire que la 3D devait être la cerise sur le gâteau concernant ce final (d’autant que nous avons à faire à un vrai tournage en relief), mais nous nous contenterons de ce qu’on nous donne.
D’un côté, on n’a pas vraiment le choix…

Délaissant le bourrinage impressionnant de son 13 Assassins pour mieux comprendre, explorer et dépeindre le mode de vie Samouraï et sa rigueur aussi imposante que terrifiante, Takashi Miike livre un film qui lui ressemble : on y trouve de belles idées de mise en scène, la construction en plusieurs actes différents les uns des autres et l’envie d’aller jusqu’au bout des choses.
Des qualités qui ne manquent pas d’aller avec leurs défauts, le désir de tragédie remplissant la pellicule jusqu’au débordement, adressant Hara-Kiri uniquement aux férus de l’époque et de cette culture.

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