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Critique : Gunman
Gunman de Pierre Morel arrive enfin dans les salles françaises, quatre mois après sa sortie en Belgique et dans d’autres pays du monde (le film sera d’ailleurs disponible en blu-ray en Angleterre le mois prochain).
Le film du réalisateur de Taken rassemble quand même Sean Penn dans ce qui est sans doute son premier rôle de film d’action, Idris Elba, Javier Bardem et Ray Winstone.
LA CRITIQUE
Ancien directeur de la photo de l’écurie Besson pour laquelle il a réalisé ses premiers longs métrages, Pierre Morel s’est fait remarquer par le public pour le premier volet de la trilogie Taken, et sans le moindre doute le plus réussi. Après avoir commis une énième Bessonnerie, le réalisateur tente désormais sa chance ailleurs, puisqu’il vient de tourner un nouvel actionner sous la houlette d’Universal et Studio Canal : Gunman, très librement adapté du roman de Jean-Patrick Manchette intitulé La Position du Tireur Couché.
Dans le film, Jim Terrier est un tueur engagé au Congo. Il abat un homme politique et se voit contraint de prendre la fuite, plantant au passage la fille qu’il aime là bas. Les années passent, il se range et retourne au Congo faire de l’humanitaire. Il sera vite rattrapé par son passé et devra reprendre les armes pour sauver sa peau, retrouvant au passage Annie, la fille en question désormais mariée à son meilleur ami de l’époque.
Gunman ne reprend donc que les très grandes lignes du bouquin de Manchette : le tueur (qui devient Jim au lieu de s’appeler Martin), la fille et l’idée d’une dernière mission. Le reste n’est que très libre adaptation dans laquelle les scénaristes (dont Sean Penn lui-même qui a manifestement eu envie de travailler son personnage) se sont fait plaisir à faire ce qu’ils avaient envie. Désormais Terrier est marqué d’un syndrome post-guerre, séquelle de ce qu’il a subit psychologiquement en tant que tueur pendant toutes ces années. Et à la manière d’un Jason Bourne, qui semble être la source principale d’inspiration de Pierre Morel, le personnage se balade aux quatre coins de l’Europe.
S’il y a bien quelques bonnes idées, dont le fameux syndrôme du héros, rien n’est vraiment exploité correctement. A quoi peut bien servir le personnage d’Idris Elba ? De la même manière, fallait-il en faire autant autour de celui de Ray Winstone pour le résultat qui se voit à l’écran ? Qui plus est, Morel n’est pas Paul Greengrass et son Bourne n’a pas le rythme du film avec Matt Damon. Sean Penn a beau faire tout ce qu’il peut pour être convaincant (et il l’est), le film est découpé en très longues scènes de dialogues s’alternant avec de l’action. Même si Jasmine Trinca est charmante et Javier Bardem tout à fait à sa place, ça ne suffit pas à en faire un grand film.
Néanmoins, tout ça finit par faire un film correct, sorte de divertissement un peu déjà vu mais aux scènes efficaces, un de ces fameux polars du dimanche soir qu’on peut regarder du coin de l’oeil sans vraiment s’ennuyer. Dégagé de l’emprise de Besson, Pierre Morel fait mieux qu’auparavant. Il reste quand même du chemin avant de pouvoir comparer son travail avec celui d’un Greengrass ou d’un Martin Campbell sur Casino Royale pour comparer ce qui est comparable.