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Critique : Grace de Monaco

L’année dernière, une partie de l’équipe de CloneWeb était à Cannes pour le Festival, ce que vous aviez pu suivre à travers critiques et compte-rendus.

Cette année, nous restons bien sagement à Paris et nous contenterons de quelques films intéressants sortant en même temps dans les salles ou diffusés dans le cadre de rétrospectives cannoises.

On commence tout naturellement avec le film d’ouverture, Grace de Monaco d’Olivier Dahan. En se demandant pourquoi Bob et Harvey Weinstein ont récemment annoncé vouloir se retirer de la distribution américaine.

 

En 2007, Olivier Dahan sortait un biopic consacré à Edith Piaf, La Môme, avec Marion Cotillard dans le rôle de la chanteuse. Étonnamment multi-récompensé, le film penait à émouvoir à cause d’acteurs mal dirigés et d’une réalisation plan plan. Le metteur en scène s’est ensuite essayer à différents genres : le film indé tourné en anglais (My Own Love Song, avec Forest Whitaker) et la comédie bien de chez nous avec José Garcia et des footballeurs (Les Seigneurs). Aujourd’hui il revient à ce qui a fait son succès : la biographie de luxe. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’intéressé à Grace Kelly, comédienne américaine lancée par Alfred Hitchcock. En 1955, elle rencontre lors du Festival de Cannes le Prince Rainier de Monaco. Elle deviendra quelques mois plus tard Grace de Monaco.

Le film éponyme choisit, plutôt que de raconter à travers une grande fresque toute la vie de la princesse, de s’arrêter sur l’année 1962. Installée depuis six ans sur le Rocher, Grace se cherche entre désir de retourner jouer devant les caméras et assumer son nouveau rôle. Cette année là, une crise fiscale éclate entre la France et Monaco. De Gaulle fait contrôler la frontière par des douaniers et de nombreux échanges politiques entre les deux pays ont lieu.

Le long-métrage d’Olivier Dahan va perpétuellement osciller entre ces deux sujets : la vie de la princesse et l’aspect politique évoqué, ne sachant jamais sur quel pied danser et ne parvenant jamais à développer ni l’un ni l’autre correctement. En réalité, on va vite se rendre compte de Dahan ne sait pas quoi raconter. Il a manifestement beaucoup d’images et tenter de les assembler en une histoire cohérente mais n’y parvient pas. Le montage est à la ramasse, enchaine les inepties et les incohérences et, de fait, aucune émotion ne transparait jamais. La plupart des scènes sont de longs dialogues semblants sortis d’une version luxueuse des Feux de l’Amour où les Français parlent la langue de Molière mais tous les autres celles de Shakespeare couramment, quelle que soit leur origine.

Dans ce gros projet bancal, Tim Roth s’ennuie profondément. Nicole Kidman, elle, tente bien quelques mimiques pour ressembler à la Princesse mais on a plutôt l’impression d’assister à un remake de la pub pour un soda qu’autre chose, et ce dans les rares scènes où elle n’est pas continuellement en larmes. Reste quelques seconds rôles efficaces comme Frank Langella ou Olivier Rabourdin.

Comme pour enfoncer le clou et au lieu de se focaliser sur l’année retenue, Dahan ne peut s’empêcher de montrer que Grace conduit vite et imprudemment, ou qu’elle est bien actrice à travers une scène de tournage de film sorti dont on ne sait où. Mais il ne parvient jamais à faire évoluer le personnage correctement. On a bien du mal à croire que la comédienne devient une princesse adulée par ses concitoyens, et ce ne sont pas les ridicules scènes où elle apprend les us et coutumes princiers qui sauveront la mise.

Néanmoins il faut bien reconnaitre au réalisateur une certaine volonté de bien faire. Ouvrant son film sur un plan séquence (faux, et aux raccords évident mais quand même), le réalisateur multiplie les tentatives de mises en scène entre très gros plans artistiques et long shots de la Principauté ensoleillée qui fonctionnent plus ou moins quand elles ne s’inspirent pas de Baz Luhrmann. Reste Eric Gautier, directeur de la photo connu pour avoir travailler avec Sean Penn sur Into the Wild, qui fait un travail remarquable de mise en lumière.

Au vu du film, la réaction des frères Weinstein, prêt à le distributeur aux USA n’est pas étonnante. Le montage de Dahan est à la ramasse et il est évident qu’il fallait le reprendre. Malheureusement pour le spectateur, c’est bien le director’s cut qui sort en salles. Sept ans après La Môme, le réalisateur confirme qu’il n’est pas taillé pour ce genre de cinéma.
On comprend mieux les descendants du Prince Rainier, qui ont refusé de voir le film. Non content de découvrir leurs parents dans une oeuvre de fiction, ils s’offrent le luxe d’éviter un mauvais film.

 

Grace de Monaco – Sortie le 14 mai 2014
Réalisé par Olivier Dahan
Avec Nicole Kidman, Tim Roth, Frank Langella
Lorsqu’elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c’est aussi le moment ou la France menace d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco.

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1 commentaire

  • par klaatu
    Posté jeudi 15 mai 2014 23 h 49 min 0Likes

    C’est Grace Kelly qui est éponyme du film… pas le contraire.

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