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Critique : Gatsby le Magnifique

Gatsby le Magnifique a fait ce mercredi l’ouverture du nouveau Festival de Cannes.

Comme il est de coutume depuis plusieurs années, le film est sorti en même temps dans les salles françaises permettant aux spectateurs de ne pas se sentir lésés par ce qui se passe sur la Croisette, lieu où habituellement des films sont montrés pour n’être ensuite rendu publiques que bien longtemps après.

C’était aussi l’occasion pour moi non seulement d’aller le découvrir mais aussi d’alléger l’emploi du temps des envoyés spéciaux de CloneWeb sur place.

 

A l’origine, Gatsby le Magnifique est un bouquin écrit en 1925 par Francis Scott Fitzgerald. L’histoire, ayant depuis inondé la culture populaire, a été adaptée trois fois au cinéma, une fois à la télévision et une fois à l’opéra. Bien entendu, de ces versions, c’est sans doute celle de Jack Clayton sortie en 1974 qui est la plus mémorable, avec l’immense Robert Redford dans le rôle titre. Comme la mode est toujours au remake et aux nouvelles adaptations, il fallait une nouvelle version. Et c’est le réalisateur de Moulin Rouge qui s’y est collé, retrouvant Leonardo di Caprio 17 ans après Romeo+Juliette.

On savait le réalisateur tape à l’oeil mais on espérait que son talent pour la mise en scène de scènes festives et musicales profitent au film. Il n’en est malheureusement rien.

Nous sommes à New York dans les années 20. Vous savez, l’époque du jazz et on imagine sans problème un trompettiste faisant profiter le quartier de son instrument, seul à sa fenêtre, l’époque où des ouvriers mangent leurs déjeuners assis sur des poutrelles en métal sur les chantiers de construction des gratte-ciels. Les années folles. C’est dans ce contexte que le jeune Nick Carraway s’installe par hasard dans une petite maison discrète à coté de l’immense batisse de Gatsby. De l’autre coté de la baie vit sa cousine, Daisy Buchanan mariée à Tom. Daisy connait bien Gatsby, l’homme au passé mystérieux qui inonde la région de fêtes somptueuses car ils ont eu un passé ensemble. Et l’arrivée de Nick va servir à Jay Gatsby et lui permettre de revenir vers Daisy. Ce qui ne se fera pas sans difficultés…

Malheureusement, Baz Luhrmann passe rapidement à coté de son sujet. Ce qui aurait pu être une formidable peinture d’une époque devient un clip bling bling, le réalisateur préférant Lana Del Rey au jazz de l’époque et les couleurs de son film à son histoire. On n’a donc droit qu’au strict minimum en ce qui concerne le passé pourtant important des personnages et leur évolution paraitra cousue de fil blanc. Quelques rebondissements viennent sauver le récit mais Luhrmann a bien du mal à y insufler une quelconque émotion, sans doute trop occupé à l’aspect visuel de sa réalisation.

Alors oui, les fameuses fêtes de Gatsby sont aussi démentielles qu’on pouvait l’imaginer. Mais fallait-il vraiment les noyer sous une bande originale absolument pas d’époque. Est-on vraiment obligé de supporter Jay-Z, Beyoncé et Lana Del Rey (dont Young & Beautiful est partout) alors que l’histoire se déroule il y a près d’un siècle ? Est-ce qu’on est obligé d’entendre « Love is Blindness » (reprise de U2 par Jack White) dans une scène où une femme est justement aveuglée (littéralement puisqu’elle cause un accident) par l’amour ? On a beau faire mais l’alchimie ne fonctionnera pas. C’est « too much » et les nombreux mouvements de caméra venus dynamiser la mise en scène n’aident en rien. Il faut ajouter à cela des décors en carton pâte bien trop visibles (dont une scène de jardinage où on voit les fleurs en plastique) et des incrustations sur fond vert absolument dégueulasses et parfois planquées vainement avec des filtres de réduction de bruit pour qu’on ait envie que ça s’arrête. Même dans les scènes où le personnage de Nick raconte son histoire, procédé -en passant- trop facile permettant d’avancer dans le temps avec le moins de transition possible, sont pénibles à cause de l’insertion du texte du roman à l’écran.

L’histoire est quand même suffisamment intéressante pour qu’on tente de s’accrocher. Il faut dire qu’elle est portée par d’excellents acteurs. Joel Edgerton fait le boulot, Tobey Maguire tient la route et Carey Mulligan livre une très belle prestation quand elle ne pleure pas. Mais aucun d’eux ne fait le poids face à Leonardo di Caprio. Le comédien donne une nouvelle fois l’impression de jouer le rôle de sa vie. Le personnage de Gatsby lui allant comme un gant, il est parfait de bout en bout et brûle la pellicule à chacune de ses apparitions.

Alors au milieu du bling bling, de l’insupportable bande originale et d’un réalisateur qui n’en fait que trop, s’il n’y a qu’une seule raison d’aller voir le film, c’est bien pour le meilleur comédien de sa génération.

 

Gatsby Le Magnifique – Film d’Ouverture – En salles depuis le 15 mai 2013
Réalisé par Baz Luhrmann
Avec Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan
Printemps 1922. L’époque est propice au relâchement des mœurs, à l’essor du jazz et à l’enrichissement des contrebandiers d’alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s’installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d’un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s’étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C’est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d’absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.

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3 Comments

  • par Medd
    Posté jeudi 16 mai 2013 20 h 49 min 0Likes

    Cette critique pue la frustration de n’avoir pas eu de bande son jugée « digne » des années 1920s en Amérique.

    « Ce qui aurait pu être une formidable peinture d’une époque devient un clip bling bling, le réalisateur préférant Lana Del Rey au jazz de l’époque et les couleurs de son film à son histoire. »

    C’est bien la première fois que je vois de la désinformation dans une critique Cloneweb. La bande son ne contient que deux morceaux de Lana del Rey, encore très discrets dans le film.

    Je suis pour ma part bien content de pas avoir eu un ersatz de Boardwalk Empire. Avoir un conglomérat de compositions jazz de l’époque, ça s’est vu mille et mille fois. Mais ce qui est accompli avec Gatsby, c’est inédit, original, et réussi.

  • par Papple
    Posté dimanche 19 mai 2013 16 h 49 min 0Likes

    Même si la BO est relativement inattendue, je pense qu’elle est une des forces du film, ce qui lui a permis d’être innovateur et de ne pas être un simple copié collé de la version de 1974. De plus les morceaux choisis sont si bien intégrés que cela n’empêche pas de voir les invités danser le twist dessus.

    « C’est too much ». Et bien oui, c’est too much, le film est à l’image de ce que Gatsby est prêt à faire pour sa belle, il en fait « trop », et il le dit lui même dans le film.

    Pour ce qui est de la qualité des décors : ils sont une bonne façon de montrer que les richesses étalées dans l’univers des personnages ne sont finalement que des « accessoires » et surtout, que ca n’est que de la « poudre aux yeux » (ils sont une couverture pour l’identité de Gatsby), tout cela est éphémère et « instable », puisque cela ne l’empêche pas de finir seul.

    Dommage que vous ne vous soyez pas plutôt attardé sur la symbolique du film qui est une véritable mine d’or..

  • par rezga
    Posté lundi 27 mai 2013 15 h 40 min 0Likes

    Faudrait pas oublier de dire que le producteur délégué est… Jay-Z et donc forcément la BO est assuré pas une majorité d’artistes qui sont signé sur son label :)

    Concernant l’aspect faux de certains de décors, je dirais que ça sert un peu le film, en effet Gatsby se sert de cette maison qui n’est qu’une façade, un paraître, une illusion. Je pense que cet aspect carton pâte est un peu voulu de la part de Lurhmann, surtout quand on voit ses précédents films ou on se retrouve pas du tout ce problème alors qu’ils baignent eux aussi dans un univers visuel bien marqué.

    En gros je suis archi d’accord avec Papple :D

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