Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Gambit , Arnaque à l’Anglaise

Gambit n’a rien à voir avec le mutant qui lance des cartes énergétiques dans X-Men.

C’est le nouveau film de Michael Hoffman (Tolstoï, sorti en 2009) avec Colin Firth qu’on n’avait plus vu à l’écran depuis Le Discours d’un Roi et la pétillante Cameron Diaz. L’un embauche l’autre dans un plan destiné à voler l’un des hommes les plus riches d’Angleterre, incarné par Alan Rickman.

La critique, elle, est tout à fait sérieuse et n’a rien d’une arnaque.

 

Quand un film porte le nom des frères Coen au générique, c’est généralement très bon signe. Au-delà de leurs réalisations, les deux frangins ont déjà fait quelques écarts dans leurs carrières en signant notamment le scénario de l’excellente « Mort sur le Grill » de Sam Raimi, offrant la matière nécessaire a l’auteur de Evil Dead pour qu’il exerce pleinement ses délires cartoonesques.
Dès lors, le simple fait de les voir sur l’écriture d’une comédie mêlant jeu de séduction et arnaque était des plus excitants, leur plume étant rare sur des œuvres mises en scène par d’autres. Comptant en plus l’étonnamment sympathique Colin Firth devant la caméra, Gambit comptait suffisamment de cartes dans son jeu pour titiller notre curiosité.
Pourtant, on comprend vite pourquoi les Coen ont céder leur script…

Loin d’en être à son premier coup d’essai, le réalisateur Michael Hoffman essaie de mettre les formes à son film afin de lui donner un caractère de comédie chic et élégante dans la pure tradition des productions hollywoodiennes des années 60, telles que « Comment voler un million de dollars » ou le Gambit original, joué à l’époque par Michael Caine & Shirley MacLaine.
Avec son générique en dessin animé rétro se voulant loufoque, le ton est donné dès les premières images, bien que le résultat ne soit pas très convaincant, donnant plus l’impression de voir un pauvre générique de série tv cheap qu’une ouverture rétro digne des travaux de Saul Bass.
Souhaitant conserver une progression narrative tournant autour d’un couple que tout oppose tout en mettant les formes et un rythme plus contemporain, ce Gambit 2013 échoue à mener à bien son entreprise. Le casting étant primordial et peut être plus important que le reste dans de telles comédies, le choix de Colin Firth & Cameron Diaz ne s’impose pas comme une évidence même si il est intéressant au premier abord. Voir le comédien anglais récompensé aux Oscars en dandy intello sûr de son coup mais dont l’attitude coincée l’empêche d’être en pleine possession de ces moyens s’avère être sans doute l’idée la plus amusante du film, et y opposer une Cameron Diaz apriori taillée pour son rôle de cow-girl rustre et directe fonctionnait sûrement sur le papier.
Seulement à l’écran, le résultat en est tout autre concernant l’actrice puisque celle-ci ne se fait plus toute jeune, et on commence à avoir du mal à croire qu’elle fait encore tourner les têtes en un clin d’œil, de même qu’elle a passée l’âge de jouer les rednecks sexy et décomplexées.
Parfois embarrassante dans son interprétation lourdingue, Cameron Diaz porte sur son dos son image de Mary à tout prix et des comédies peu finaudes à la Bad Teacher. Le glamour en prend donc un sacré coup, et l’alchimie avec son partenaire à l’écran aussi puisque Colin Firth semble plus embarrassé qu’autre chose devant la balourdise générale. Il faut bien l’admettre : Gambit n’a rien d’une comédie subtile des 60’s.

Devant le film, on imagine sans mal comment les frères Coen auraient sans doute transcender la chose en prenant des interprètes de très haut niveau et en jouant avec leurs images comme ils l’ont si bien fait dans Intolérable Cruauté, ce qu’on peut rapprocher à ce film par bien des aspects.
Ce n’est toutefois pas le seul problème de cette Arnaque à l’Anglaise qui nous livre rapidement tous ses secrets avec un souci de structure assez dérangeant. Au début du film, on découvre le plan parfait du personnage de Colin Firth tel qu’il se l’imagine et le rêve. Une fois le spectateur informé du programme prévu par le maître des opérations, la réalité s’impose pleinement et évidemment, tout ce qu’on a pu voir auparavant ne va pas du tout se passer comme prévu.
Rien de bien original donc, mais cette structure comique a déjà fait ses preuves par le passé donc on aurait pu avoir le bénéfice du doute. C’est là que l’embarras du casting revient au galop puisque non seulement on devine rapidement les diverses éléments sur lesquels ça va clocher mais surtout le manque de conviction des acteurs et d’alchimie entre eux réduit bien des efforts à néant tant chaque blague, chaque réplique et chaque sketch s’avère forcés et pas naturels pour deux ronds.
Le scénario est donc balisé, et les quelques surprises éventuelles et loufoques que le film nous réserve tombent à plat tant la mise en scène platement illustrative, le rythme pataud et le jeu trop appuyé de cette équipe pas très fine rend l’ensemble peu digeste et ludique. Au mieux, Colin Firth nous arrache par instant des sourires tant il reste au fond un certain capital sympathie. En général, on voit surtout des acteurs qui jouent la comédie sans grande conviction au lieu de suivre cette dernière avec un réel plaisir.

Un peu à la manière d’un Hollywood à court d’idée qui puise bassement dans des grands classiques pour nourrir son agenda blockbusters, Gambit cherche en vain à convoquer l’esprit des grandes comédies des 60’s tout en déroulant un rythme paresseux et une réalisation empotée sur la base d’un scénario qui aurait mérité un traitement autrement plus fin et roublard.
On peut avoir une excellente recette, encore faut-il savoir la mettre en œuvre.

 

Gambit , Arnaque à l’Anglaise – Sortie le 6 février 2013
Réalisé par Michael Hoffman
Avec Colin Firth, Cameron Diaz, Alan Rickman
Pour voler Lionel Shabandar, l’un des hommes les plus riches d’Angleterre, Harry Deane monte une arnaque minutieusement pensée avec l’aide de son complice. Il espère lui vendre un faux Monet. Pour la réussite de son plan, il a besoin d’une reine du rodéo excentrique et imprévisible tout droit venue du Texas, qui doit prétendre que son grand-père a dérobé le tableau à la fin de la Seconde Guerre mondiale…

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire