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Critique : Free Fire
Nous avons passé quelques jours au London Film Festival qui se tient chaque année de l’autre côté de la Manche et permet de découvrir bien en avance une sélection affinée de films de qualité.
Premier papier d’une petite série à venir et non des moindres puisqu’il s’agit d’évoquer le nouveau Ben Wheatley (Kill List, English Revolution, High Rise), Free Fire (voir la bande-annonce).
LA CRITIQUE
Grosse année pour Ben Wheatley qui à peine sorti de « High-Rise », replonge dans la période des festivals pour présenter « Free Fire », acclamé à Toronto et film de clôture de la 60ème édition du London Film Festival. Avec un casting aussi impressionnant (Brie Larson, Cillian Murphy, Armie Hammer, Sharlto Copley, Sam Riley, pour ne citer qu’eux) et la promesse d’un huit-clos sous haute tension, les attentes étaient grandes.
Excellente nouvelle : Wheatley réussit son pari haut-la-main.
Après une introduction un poil forcée où tous les personnages doivent se soumettre à une présentation en règle, Wheatley ne perd pas de temps pour provoquer les gunfights, tous plus fous et longs les uns que les autres. On serait tentés de dire que les conflits amenant à ces centaines de balles tirées sortent de nulle part et sont artificiellement amenés pour que les personnages aient de bonnes raisons de se tirer joyeusement dessus alors qu’ils ne se connaissaient pas avant le début du long-métrage.
Pourtant, on s’en fiche. Peu importe ces histoires de braquage ou de double-jeu : l’ensemble a beau être bordélique, avec des personnages sortis de nulle part, juste présents pour tirer le maximum de balles possibles et imaginables, le résultat final est tellement réjouissant qu’on pardonne aisément ces facilités de scénario. Le casting s’éclate comme rarement, et à ce petit jeu, c’est Armie Hammer, monstrueux de classe et de flegme, qui s’en sort le mieux. Mais tout le monde est en roue libre, et le plaisir de voir tous ces comédiens s’amuser est contagieux.
On rit de leur bêtise, de leur incapacité à tirer correctement sur un assaillant qui est pourtant largement à leur portée. L’humour noir coule à flots, autant que le sang qui finit, fatalement, par repeindre l’entrepôt où l’affrontement a lieu. Saluons d’ailleurs l’équilibre trouvé entre tous les nombreux personnages. Chacun a son petit moment de gloire, au point que l’on finit par s’attacher à eux.
Wheatley en profite pour délivrer une merveille de mise en scène, utilisant avec habilité cet entrepôt désaffecté et ses possibilités infinies. L’action n’est jamais statique, le principe du film reposant sur le fait même que si les personnages ne bougent pas, ils seront (peut-être) criblés de balles. D’où un montage dynamique, et un rythme sans aucun temps mort. On pourrait reprocher au film d’en faire trop dans ses vingt dernières minutes, pour compenser le bain de sang qui tarde à arriver dans sa première heure. Ou ce faux twist final que l’on voit arriver à des kilomètres. Mais au bout du compte, l’enthousiasme et la folie de Free Fire l’emportent largement sur ses petits défauts.
C’est un huit-clos drôle et déjanté, et un gros plaisir de cinéma décomplexé comme on aimerait en voir davantage.
Free Fire, de Ben Wheatley – Sortie en 2017
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