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Critique : Freakonomics
Essayer de rendre l’économie divertissante était à la base le pari de Seth Gordon et ses copains avec Freakonomics.
Basé sur le bouquin de Steven Levitt et Stephen Dubner, le film tente donc une approche originale de sujets traitants de prêt ou de loin de l’économie et veut répondre à des questions. Un documentaire donc, mais « fictionnisé » pour nous permettre de mieux comprendre les différents thèmes abordés.
Le film sort demain en salle. Reste à savoir s’il vaut le déplacement. Réponse…
Freakonomics – Sortie le 4 janvier 2012
Réalisé par Heidi Ewing, Alex Gibney, Seth Gordon
Avec Zoe Sloane, Sammuel Soifer, Jade Viggiano
Le bakchich généralisé à l’école permet-il d’avoir de meilleures notes ? Le prénom choisi par vos parents forge-t-il votre destin ? Les lutteurs de sumo sont-ils véritablement au dessus de tous soupçons ?
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’économie, sans oser le demander, Freakonomics vous le révèle.
Adaptation au cinéma du best-seller éponyme écrit par l’économiste hors norme Steven Levitt et le journaliste du New York Time Stephen Dubner, le film offre une approche inédite de l’économie, bousculant au passage les évidences et les idées reçues.
Avec humour et originalité, les réalisateurs, dont Morgan Spurlock (Super Size Me) et Seth Gordon (Comment tuer son Boss ?) mettent en scène de manière ludique les lois de l’économie pour expliquer les comportements des individus en société.
Mêlant culture populaire, théories sérieuses et vérités statistiques, Freakonomics pose des questions en apparence saugrenues et met en évidence des liens de cause à effet totalement inattendus.
Transformant l’économie en un divertissement accessible à tous, Freakonomics révèle la face cachée de toutes choses.
La frontière en documentaire et fiction étant parfois ridiculement fine, la pleine liaison des deux s’est opérée et a été pratiquée par de nombreux cinéastes et artistes en tout genre pour promulguer leurs messages ou faire la démonstration de faits plus ou moins édifiants. Les américains ont même leurs champions dans la catégorie, avec Sacha Baron Cohen qui dans ses rôles de Borat & Brüno dynamitait un bon nombre de clichés modernes pour montrer une Américaine pas aussi reluisante qu’elle voudrait le montrer, tout comme Michael Moore s’est spécialisé dans la mise en scène de sa personne au sein de documentaires justement très disputés sur cette notion à cause de la forme de la chose. Nouveau né dans le domaine, voici Freakonomics, adapté d’un best seller et porté par le réalisateur Seth Gordon (Comment tuer son boss ?) et Morgan Spurlock (Super Size Me ?) entre autres.
Le but de Freakonomics ? « Nous montrer la face cachée de toute chose ». Carrément.
Concrètement, Freakonomics, ça parle de quoi ? Non pas que la promesse ne soit pas alléchante, loin de là, mais dans le genre programme flou, on fait difficilement mieux.
Ce qui était à l’origine un best-seller veut en réalité mettre en apparence des liens de cause à effets visiblement inattendus en mettant en scène 6 courts métrages réalisés par des réalisateurs différents traitant chacun d’une question apriori anodine.
De cette question découle une démonstration et un constat censés avoir un écho sur un phénomène économique planétaire et tangible. En gros, le but du film est de répondre à des problèmes financiers que tout le monde se pose en les ramenant au réel le plus commun et compréhensible qui soit.
Enfin ça, c’est sur le papier car une fois devant la chose, il en retourne complètement différemment…
Faisons simple : Freakonomics est un bazar pas possible.
Sans aucun doute bouffé par son ambition, à vouloir traiter un peu de tout et de rien en renvoyant à des problèmes plus concrets, le film se déroule devant nos yeux en déployant une énergie pas croyable pour finalement ne pas dire grand-chose, si ce n’est rien.

Un problème qui s’avère extrêmement simple dans le fond quand on analyse 30 secondes chaque segment de l’objet, se basant donc sur une question du type « Les enfants ont-ils de meilleurs résultats à l’école si il y a de l’argent à la clé ? ».
C’est parti donc qu’on assiste à une expérience très simple et judicieuse pour trouver une réponse, assistant à une année de cours dans un lycée américain dont les élèves d’une section précise se voient remettre 50$ chaque mois si leurs résultats égalent ou dépassent la note C.
On suit plusieurs élèves d’un côté, les professeurs et responsables de l’expérience de l’autre, et lorsque l’opération se termine après 20 minutes de film, on nous répond finalement « ca dépend des élèves ». Tiens donc, ça me fait une belle jambe…
Une autre enquête dans le même genre cherche à savoir si le prénom qu’on vous donne influe sur votre destin. Cas de départ : une erreur d’orthographe lors de la naissance et voilà une américaine s’appelant Temptress (Tentatrice), dont l’adolescence sera le début d’un train de vie carburant à la débauche. Quels avis de spécialistes plus tard, l’on découvre que la condition douteuse de la jeune femme est due à sa classe sociale, pour finalement dériver un quart d’heure durant et nous dire que les noms appelant à une culture plus africaine ou noire sont méprisés dans les entreprises et institutions dès qu’il s’agit d’engager quelqu’un. On est un peu passé du coq à l’âne, mais toujours est t’il que cette deuxième thématique trouvera encore comme réponse un « ça dépend des cas ».
Inutile de vous dire que le reste du film est calqué sur le même modèle, énonçant des faits étonnants à de rares occasions mais dont la conclusion s’avère toujours extrêmement vague et inintéressante, pour au final voir les deux auteurs du bouquin lier les expériences vues par des explications à la mords-moi le nœud afin de nous asséner avec assurance « Vivez votre vie comme vous l’entendez et soyez vous-même ». Vous admettrez que passer une heure et demie à parler de tout et de rien pour en arriver là, c’est à la portée du premier venu.

Que se passe-t-il quand on veut parler de tout et avoir une réponse simple à un sujet extrêmement complexe étant toujours différent au cas par cas ? On ne dit rien.
Voilà la vraie face cachée de Freakonomics, qui s’évertue à nous faire des schémas, des expériences et des pseudos sketches en tout genre pour brasser du vent, nous montrer quelques faits divers pas franchement passionnants et noyer son sujet principal sous un sempiternel « ça dépend ».
Sachant que vous pourrez en apprendre tout autant, voir bien plus, en restant installé devant votre poste de télévision, la seule chose certaine de ce documentaire est que le déplacement dans une salle de cinéma pour le voir est loin d’être indispensable…
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