811Vues 1commentaire
Critique : Eva
Film d’ouverture à Sitges en 2011 où il fut récompensé pour ses effets spéciaux, Goya du meilleur second rôle masculin et Prix du Public à Gerardmer, le film de Kike Maillo arrive demain sur les écrans français.
Pour Eva, sa première réalisation, le metteur en scène a fait appel à Daniel Brühl, acteur allemand né en Espagne et que vous avez pu voir dans Inglourious Basterds, La Comtesse ou encore dans Intruders.
Reste maintenant à savoir si cette histoire de robots mérite les différents prix qu’elle a remporté.
Eva – Sortie le 21 mars 2012
Réalisé par Kike Maillo
Avec Daniel Brühl, Marta Etura, Alberto Amman
2041. Alex, un ingénieur de renom, est rappelé par la Faculté de Robotique, après dix ans d’absence, pour créer le premier robot libre : un enfant androïde. Il retrouve alors Lana, son amour de jeunesse, et son frère David, qui ont refait leur vie ensemble. Et il va surtout faire la connaissance d’Eva, sa nièce, une petite fille étonnante et charismatique. Entre Eva et Alex se dessine une relation particulière, et ce dernier décide alors, contre l’avis de sa mère Lana, de prendre Eva pour modèle de son futur androïde…
Inutile de vous faire une introduction sur le cinéma fantastique hispanophone. On le sait, c’est un cinéma bourré de talentueuses personnes, Guillermo Del Toro en tête. Parlons plutôt de robotique et plus particulièrement d’enfants robots. Sujet maintes fois abordés, que ce soit dans Pinnochio (et oui!) ou d’autres, on pense surtout à l’immense A.I. Intelligence Artificielle de Monsieur Spielberg. Visiblement, le barcelonais Kike Maillo s’en est aussi souvenu.
En effet, ici nous suivons Alex, un jeune espagnol roboticien, qui décide de rentrer chez lui après 10 ans d’absence, après avoir laissé sa compagne, qui s’est remise avec son frère. A eux deux, ils ont eu une petite fille, Eva.
Si Alex est revenu, c’est pour finir un projet qu’il avait commencé : créer un robot libre, qui apprendrait de ses actes, de ses erreurs et ayant ses propres émotions. Alex décide de s’inspirer de Eva, malgré la réticence de ses parents.

A une époque où les robots de protocole sont monnaie courante, Kike Maillo décide de nous quelque chose à la fois d’assez apocalyptique (on a un peu l’impression d’être en 1950, après la guerre) et pourtant de suffisamment rigolo, où les machine font partie intégrante de notre vie.
Si sur le papier, l’histoire semble innovante, son traitement est pourtant très classique. Elle suit une trame ultra linéaire, mais néanmoins assez surprenante puisque le twist final n’est pas du tout amené et est un véritable choc pour le spectateur. Pour finir avec les défauts (comme ça c’est fait et on passe au positif, soit 90% du film), Kike Maillo a une réalisation extrêmement froide, où seules 3 scènes, apparaissant comme les moments clés du film, où la réalisation dégouline d’émotion, dont la scène de danse, aidé par la musique de David Bowie.
Vu l’ambiance du long métrage, il est fort probable que cette manière de faire soit voulue mais cela donne l’impression malheureuse que le réalisateur n’en a pas grand chose à faire de son film. Heureusement, ce choix est contrebalancé par l’impeccable direction d’acteurs et des effets spéciaux assez incroyables, même si le budget se fait parfois voir. Les SFX occupent d’ailleurs une part très importante du film puisque la plupart semblent sortis de Minority Report. L’incrustation des robots y est nickelle, si bien qu’à certains moments, on ne les remarque même pas.
Mais surtout, Eva est porté par ses quatre acteurs principaux bluffants. Si le talent de Daniel Bruhl n’est plus à prouver depuis Goodbye Lenin, il porte le film ici à bout de bras. Il est bien accompagné par Marta Etura et Alberto Amman, que vous avez notamment pu voir ensemble dans Cellule 211 mais surtout par Claudia Vega, simplement bluffante. Le rythme est très soutenu et surtout, le développement de l’histoire, même si linéaire, est d’une intelligence hallucinante. Hormis le fait qu’elle traduit un parallèle intéressant entre les machines et les hommes, accompagné par le danger omniprésent de la puissance de la machine sur l’être humain, c’est le développement des personnages et des robots qui est passionnant. Certaines idées de réalisation sont également très ingénieuse, surtout celle de modeler à la façon d’un artisan le caractère des robots.

En somme, Eva a les défauts d’un premier long métrage, mais l’ensemble est d’une ingéniosité rare, d’une ambiance merveilleuse et à la fois terrible, le tout pour un projet tout à fait louable, dégoulinant d’emprunt au plus grand maître de la science fiction : Steven Spielberg.
Kike Maillo montre encore une fois que le cinéma fantastique espagnol est un peu au dessus de tous les autres.
1 commentaire