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Critique : Espèces Menacées

C’est dans La Crème de la Crème de Kim Chapiron sorti en 2014 qu’Alice Isaaz s’est faite remarquée. Depuis, la comédienne a enchainé les rôles et a notamment tourné pour Jean-François Richet dans Un Moment d’Égarement et pour Paul Verhoeven dans Elle, excusez du peu.

Elle est à l’affiche ce mercredi du nouveau film de Gilles Bourdos, adapté du roman « Turks fruit » de Jan Wolkers : Espèces Menacées.

 

LA CRITIQUE

Des vies malheureuses qui se croisent.

Joséphine (Alice Isaaz) est mariée à Tomasz (Vincent Rottiers), un homme violent, qui la bat, mais qui s’excuse ensuite, alors Jo lui pardonne et ne peut, ni ne veut se sortir de cette relation abusive. Ses parents, Edith (Anne Dorval) et Joseph (Grégory Gadebois), tentent de l’aider, en vain. L’imperfection de leur éducation, de leur amour sûrement, en font deux êtres qui ne peuvent plus rien faire pour sauver leur enfant, désormais chéri à distance. Vincent, (Eric Elmosnino) subit un divorce et une annonce qui l’embête de la part de sa fille à lui. Il se retrouve également désarmé face à la situation.
Celle de sa fille, mais également celle de Joséphine dont il est le nouveau voisin et spectateur de sa violente chute. Anthony (Damien Chapelle) thésard gauche, charmant, enfermé dans ses bibliothèques, ses études, ne sachant les terminer et entamer sa vie d’homme, doit soudain stopper ses lectures et ses archives pour s’occuper de sa mère, Nicole (Brigitte Catillon) internée suite à sa rupture avec son mari depuis plus de trente ans.

Des vies difficiles, mais ne le sont-elles pas toutes ? « Du berceau à la tombe, c’est dur pour tout le monde », chante Etienne Daho. Particulièrement pour ces gens dont les malheurs s’enchaînent, sans arrêt.

Si once d’espoir il peut exister, très vite elle est anéantie par cette cruelle réalité. Si l’on ne peut empêcher notre empathie naturelle à être touchée, à s’agacer de voir cette si jeune et si jolie, si pleine de vie, jeune femme, jeune Joséphine se laisser tuer à petit feu, à être émue par le sort de cette femme probablement ou prochainement quinquagénaire dont la vie conjugale fout le camp en même temps que sa raison, à être révoltée par la dureté de la vie, le tout ne prend pas totalement aux tripes.

Pour plusieurs raisons.

D’abord, si, certes, nous sommes happés d’émotions intenses à la vue des vies, nous sommes rattrapés par les nôtres, on se compare, on pense à celles, à ces vies d’autrui que nous connaissons. Alors on se protège, n’allons pas pleurer le sort de personnages fictifs. Et la boule dans le ventre, la larme à l’œil nous quittons une salle obscure avec en tête de bien sombres pensées, une réflexion tourmentée, calmée par la réalité qui nous rattrape et finalement nous console un court instant : « ce n’était qu’un film. »

Pour ce visionnage, le cœur doit être accroché, l’empathie mesurée, l’envie de pleurer, voire de penser, activée, tout en se préservant. Bon de se rappeler que nous sommes tous des espèces menacées.

Espèces Menacées, de Gilles Bourdos – Sortie le 27 septembre 2017

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